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Réintroduire l’entr’aide et la fraternité dans l’école (Evelyne Charmeux)

12 avril 2022

Sauver l’école, pour sauver la démocratie.

Les projets pour l’école des deux candidats, arrivés en tête de l’élection présidentielle, sont catastrophiques pour elle, de façon différente, mais largement égale. Tous deux prônent une école de l’autorité, inhumaine, qui gave et dresse les enfants comme bétail, une école qui sera sans doute plus dangereuse encore, pour les enfants, que celle de J.M. Blanquer. Profondément antidémocratique, l’école, avec eux, sera donc impuissante à faire connaître la démocratie aux enfants, et contribuera, comme c’est le cas depuis de nombreuses années, à produire une population à la fois résignée devant l’autorité, et indifférente à la politique, qui pourtant les concerne au premier chef.

Maintes fois, sur ce blog, nous avons dénoncé les manquements à la démocratie d’un gouvernement, que les électeurs du second tour ne peuvent que confirmer, ou rendre pire.
Aujourd’hui, ça ne peut plus suffire : j’en appelle tous les collègues, du primaire (le plus en danger !), mais également du secondaire et du supérieur, à s’unir pour protéger l’école, tenter, par tous les moyens, de la sauver des dictatures, apparues ces dernières années, et que l’avenir risque de renforcer.

Le premier moyen, peut-être le seul, c’est de reprendre la devise républicaine : liberté, égalité, fraternité. Parce qu’elle est toujours inscrite au fronton de chaque école française, elle est, actuellement, le seul rempart fragile, rendant encore possible, naturellement, un fonctionnement presque démocratique de l’école. Nous pouvons, en effet, nous appuyer sur elle, pour justifier certaines exigences, et un droit élémentaire de désobéissance indispensable.

[...] * Ce qui n’est pas le cas de la troisième, la fraternité, chose fort différente, qui ne dépend, ni du Ministre, ni des aléas sociaux. Il s’agit d’un sentiment personnel d’empathie, qui pousse à partager, sans que, théoriquement, rien d’extérieur ne l’en empêche.
Rien...
Si ce n’est une règle, inscrite nulle part, mais solidement ancrée dans les habitudes de pensée scolaire, qui interdit formellement toute entraide.

Comment peut-on interdire à l’école, un acte, conseillé partout ailleurs, par la religion, et par la morale laïque ?
Pour parvenir à un tel paradoxe, la trouvaille, fort efficace, a consisté à éviter le mot "entraide", beaucoup trop beau, impossible à refuser, pour en choisir un autre, qui, inversant l’ordre des facteurs, a permis de l’assimiler à un vol, : ce n’est plus celui qui a la chance de savoir, qui vient au secours de celui qui n’a pas cette chance, c’est ce dernier, qui, en "copiant sur son voisin", ose voler son savoir au premier, le vilain enfant !
Les mots sont puissants, qui retournent les faits comme un gant. Et la grammaire est essentielle ! C’est aussi pour ça, qu’on enseigne bien mal ceux-là et plus mal encore cette dernière.

Extrait de charmeux.fr du 11.04.22

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