> V- ACTEURS (la plupart en EP) > Enseignants : GRH et Statut > Enseignants : GRH et Statut (Positions syndicales) > A propos du "droit de choisir son établissement" : dans l’Education (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

A propos du "droit de choisir son établissement" : dans l’Education nationale, les mutations dans une autre académie sont quasiment au point mort dans le 1er degré (témoignages et réactions syndicales}

6 avril 2022

Additif du 08.04.22

Mutations : C’est presque la panne dans le premier degré
Un seul chiffre : le taux de satisfaction des demandes de mutation interdépartementales dans le premier degré a été divisé par deux en 10 ans. En 2022, seulement une demande sur cinq a été satisfaite. Derrière ce nombre, des drames humains. E Macron promet d’en finir avec les règles du mouvement. Les syndicats aimeraient que le ministère prenne vraiment les choses à coeur.

Une situation nouvelle

"Cette année on a des professeurs des écoles éligibles à la bonification pour handicap (RQTH) qui n’ont pas pu changer de département car cela n’a pas suffi par rapport au barême". Pour Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire nationale du SE Unsa, c’est une situation tout à fait nouvelle. "Jusqu’à l’année dernière cette bonification permettait de se rapprocher d’un centre de soins ou de sa famille. Ce n’est plus le cas depuis l’année dernière".

Concrètement voilà des professeurs dont la vie quotidienne devient impossible quand leur handicap, souvent acquis récemment, nécessite des soins ou une aide inaccessibles. Ne pas pouvoir muter peut les obliger à démissionner ou à demander une disponibilité.

Le mouvement soumis au barème

Dans l’éducation nationale, le mouvement est régi par des règles transparentes. Selon l’ancienneté on dispose d’un nombre de points auquel peuvent s’ajouter des points pour handicap ou selon la situation familiale. Et le ministère publie des barèmes pour entrer et sortir des départements. Une simulation disponible sur le site du ministère dit tout de suite ce qu’il est possible d’atteindre.

Ainsi un professeur des écoles séparé de son conjoint et de ses deux enfants depuis plus de 4 ans , ayant 10 ans d’ancienneté aura bien du mal à sortir du bassin parisien. Le littoral atlantique est inaccessible ainsi que le sud de la France. Certains départements ont carrément aucun entrant.

Une dégradation en 10 ans

C’est que depuis 10 ans la situation ne cesse de se dégrader. Selon le Snuipp Fsu, le taux de satisfaction des demandes de mutation interdépartementales était de 20% en 2021. En 2013, il était de 46%.

Comment expliquer cette dégradation ? Les syndicats ne sont plus associés au mouvement depuis le vote de la loi de transformation de la fonction publique. Mais ils connaissent bien le système et accompagnent les recours des enseignants. Ils ne sont pas d’accord sur les causes.

Pour Gusilaine David, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu, c’est lié à la faiblesse du recrutement. "Il y a de moins en moins de créations de postes et ça freine le mouvement" , nous dit-elle. Elisabeth Allain-Moreno estime que "ça peut être lié car plus il y a de contractuels moins il y a de mobilité. Mais le lien n’est pas direct". Toutes deux pointent d’autres facteurs liés à l’évolution de la société. "Il y a des masses de personnes qui veulent bouger vers les mêmes destinations", nous dit-elle. Et le confinement pendant la crise sanitaire a accentué cela. Du coup il y a des départements d’où on ne sort plus, comme le 93 ou le 94, et d’autres où on n’entre très difficilement comme le 29, le 35 ou le 64.

Guislaine David pointe aussi l’évolution du recrutement. "Il y a de plus en plus de reconversions dans l’enseignement. Des collègues entrent dans le métier après 40 ans . elles sont déjà installées et quand elles passent le concours sur plusieurs académies c’est dans l’espoir de pouvoir revenir chez elles grâce au rapprochement de conjoint. Et ça ne marche pas". Cette situation peut les amener à se mettre en disponibilité. "On se retrouve avec des personnes nommées dans un département, qui n’y enseignent pas et démissionnent ou repassent le concours dans une autre académie.

La proposition d’E. Macron ne règlera rien

Le problème est tel qu’Emmanuel Macron en a fait un thème de campagne. Il a promis de casser le barème et de libérer le mouvement. "On n’en pense pas du bien ", nous dit G David. "Il faut des critères équitables pour gérer les demandes. Ce que permet le barème. Le critère d’ancienneté est objectif. Ce que propose Macron c’est une privatisation avec des embauches locales. Cela générera du clientélisme sans régler la question. On se demande d’ailleurs comment cela pourrait marcher. Quand les directeurs trouveront-ils le temps de gérer les demandes ?".

Elisabeth Allain-Moreno est tout autant opposée. "Au final, faute de barème objectif, personne n’ira où il veut. Ce sera perçu comme très injuste". Son syndicat est pourtant favorable à une meilleure adéquation entre les postes et les personnels. "Un collègue souhaitant une mission particulière doit pouvoir demander des postes. Il y a des certifications qui ne sont pas contestées par les collègues comme les postes de formateur ou de conseiller pédagogique".

Rendre des régions plus attractives

Que faudrait-il faire pour remettre le système en route ? "Que le ministère accepte de prendre le temps d’étudier les territoires délaissés et sollicités et de revoir la composition du barème, nous dit-elle. "Il n’est plus en adéquation avec l’évolution de la société. Par exemple on a perdu la bonification pour parent isolé alors qu’il y en a de plus en plus. Le barème ne reconnait pas le statut de proche aidant alors qu’il est de plus en plus important dans la société.

Guislaine David attend aussi une vraie négociation avec le ministère. "Il faut trouver des moyens pour que certaines régions soient plus attractives, comme l’Ile de France. Dans le passé il y avait des primes. On peut aussi faire de l’aide au logement".

En attendant les syndicats aident les enseignants à monter leur dossier de recours. Et le ministère se prive de leur aide.

François Jarraud

S Princet : Des mobilités presque au point mort

Extrait de cafepedagogique.net du 08.04.22

 

Des mutations de plus en plus difficiles pour les enseignants

La mobilité dans l’Education nationale est en chute libre. Une situation difficile pour de nombreux enseignants.

Getty
Des mutations de plus en plus rares
Le taux de mobilité des enseignants titulaires est au plus bas : environ 1% selon France Inter. Ce ne sont pourtant pas les demandes qui manquent : dans le premier degré cette année, seulement 3 500 sur 17 462 ont été satisfaites.

En cause, des postes supprimés dans le secondaire, et des académies moins attractives que d’autres : celles de région parisienne en particulier (Versailles, Créteil) sont peu plébiscitées par les enseignants.

Ils sont nombreux à attendre des années d’avoir les points nécessaires pour être mutés dans l’académie de leur choix.

La désillusion des enseignants
Eloignement de la famille, longs trajets, découragement : les conséquences sur la vie personnelle et sur la santé physique et mentale des enseignants peuvent être lourdes.

Pour favoriser leur mutation, certains enseignants vont jusqu’à faire des « Pacs blancs » (mariages et Pacs étant des facteurs qui rapportent des points) : une dérive connue du ministère, mais qui est « impossible à contrôler. »

Le problème de la mobilité dans l’Education nationale pourrait être l’un des sujets « éducation » du prochain quinquennat : Emmanuel Macron a déjà abordé le sujet lors de son meeting, affirmant vouloir rendre les enseignants « libres de leur carrières. »

Extrait de vousnousils.fr du 06.04.22

 

Dans l’Éducation nationale, les mutations quasiment au point mort
Aujourd’hui, le taux de mobilité des professeurs titulaires dans l’Éducation nationale est d’environ 1% et n’a jamais été aussi bas. Les enseignants qui ont essuyé un refus sont en train de former des recours, mais ils n’ont guère d’illusions, car il devient très difficile de changer d’affectation.

[...] L’enseignante reconnaît que le système de points semble très objectif : "Tout le monde est sur un pied d’égalité", juge-t-elle, "mais ce n’est pas équitable. Quand je vois certaines demandes de mes collègues célibataires par exemple qui n’ont pas forcément de rapprochement de conjoint, qui ne sont pas mariées, ni pacsées mais qui vivent en concubinage depuis plusieurs années... Elles ne gagnent pas autant de points qu’une personne mariée ou pacsée et dans un sens, c’est injuste pour elles, parce qu’elles voient des personnes mariées passer devant alors que leurs demandes sont tout aussi légitimes."

Samedi, Emmanuel Macron a promis en meeting que les enseignants seraient, s’il est réélu, "libres de leur carrière". Ils seront "libres de choisir un établissement pour son projet pédagogique singulier, et de s’extraire des mouvements géographiques qui, parfois, les assignent à résidence".

Extrait de franceinter.fr du 04.03.22

Répondre à cet article