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de Villepin et l’égalité des chances : d’abord à l’école

2 juillet 2006

Extrait de Libération du 30.06.06 : Pour le chef du gouvernement, il ne faut pas confondre égalité des chances et égalitarisme.
Une révolution des esprits

"Depuis un an, j’ai mis l’égalité des chances au coeur de l’action de mon gouvernement. Je crois dans ce principe. C’est lui qui me guide dans mes choix politiques.
L’égalité des chances est un héritage vivant de notre histoire républicaine. Rappelez-vous l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme : « Tous les citoyens [...] sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. » Je vois aussi dans l’égalité des chances un idéal moderne, qui répond aux aspirations les plus profondes des Françaises et des Français.
Car nos concitoyens réclament davantage de justice et de solidarité, mais ils veulent aussi davantage de liberté, davantage de réussite individuelle, davantage de choix pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Ils aspirent à un destin collectif, mais ils veulent aussi que chacun soit récompensé selon ses mérites. C’est pour cela que l’égalité poussée jusqu’à l’égalitarisme est selon moi une erreur : il ne valorise personne, il ne reconnaît pas les efforts de chacun, il propose des solutions uniques pour des hommes et des femmes qui ont souvent des aspirations et des besoins différents.

Je ne me fais pas une conception étroite de l’égalité des chances : si elle se joue en premier lieu à l’école, il faut la défendre à tous les âges, tout au long de la vie. Oui, il est indispensable de repérer très tôt les difficultés des élèves, de leur apporter des solutions personnalisées pour qu’ils maîtrisent la lecture et l’écriture et qu’ils ne se laissent pas distancer dès l’âge de 6 ou 7 ans. Oui, il est nécessaire d’inventer de nouvelles solutions pour traiter les problèmes psychologiques, familiaux ou de santé que peuvent rencontrer certains élèves : c’est tout le sens des équipes de réussite éducative que nous avons mises en place ou des examens de santé que nous avons prévus lors de la sixième et douzième année. Oui, nous devons nous assurer que tous nos enfants ont bien acquis les connaissances fondamentales pour qu’ils aient les atouts nécessaires dans un monde où ils devront souvent s’adapter et changer de travail.
Mais c’est à toutes les étapes de la vie que nous devons rappeler les exigences de l’égalité des chances : avoir accès à une formation nouvelle à 30, 40 ou 50 ans, pouvoir valoriser les acquis de l’expérience autant qu’un diplôme, pouvoir rebondir après un accident de la vie comme une maladie, un surendettement ou le chômage, voilà ce pour quoi le gouvernement se bat.

Car l’égalité des chances doit valoir pour tous : pour les hommes comme pour les femmes, qui doivent concilier vie familiale et vie professionnelle dans des conditions souvent difficiles.
Pour les personnes âgées comme pour les jeunes, dont l’entrée dans la vie professionnelle ressemble encore à un parcours du combattant : c’est pour cela que je veux améliorer l’orientation pour tous nos élèves et tous nos étudiants, grâce au service public de l’orientation demandé par le président de la République. C’est pour cela aussi que nous allons faciliter la vie étudiante en renforçant les bourses et en poursuivant notre effort en faveur du logement étudiant. L’université doit être toujours davantage un moteur de l’ascension sociale.
Egalité des chances aussi pour les handicapés, qui ont droit à des études, des loisirs, un travail dans les mêmes conditions que tous les autres citoyens. Cela veut dire une vraie compensation. Cela veut dire un soutien attentif et réel, qui crée de nouveaux possibles et change nos regards.

[...]

Mais, dans ce domaine, rien n’est jamais donné. L’égalité des chances est un combat de tous les jours, qui suppose de l’indignation et de l’imagination. Indignation devant les discriminations dont certains de nos compatriotes sont victimes dans leur vie quotidienne : je compte sur la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) pour les combattre avec la plus grande fermeté, je compte sur la prise de conscience de chacun. Imagination pour donner un souffle nouveau à notre aspiration collective à plus d’égalité, plus de fraternité, plus d’engagement, plus de liberté.
N’hésitons pas à ouvrir des chemins pour permettre à chacun de réaliser ses rêves : pourquoi, par exemple, ne pas développer des filières d’excellence professionnelle dans les domaines comme les logiciels informatiques de jeu et d’animation, le numérique, le génie mécanique, le tourisme, la gastronomie et l’hôtellerie ?
Pourquoi ne pas réfléchir à une forme plus généralisée du service civil volontaire que nous venons de mettre en place ? Arrêtons de croire que tout est joué à 18 ans, arrêtons de ne penser que diplômes et statuts, laissons éclater la diversité et le dynamisme français. L’égalité des chances est aussi une révolution des esprits."

Dominique de Villepin, premier ministre

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