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L’influence coûteuse du cabinet de conseil Mac Kinsey sur l’Education nationale dénoncée par un rapport "au vitriol" du Sénat (Public Sénat)

18 mars 2022

« Un phénomène tentaculaire et opaque » : le rapport au vitriol du Sénat sur le recours aux cabinets de conseil

La commission d’enquête sénatoriale sur l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques a rendu ses conclusions, après quatre mois de travaux. Elle met en évidence un recours « croissant » aux consultants privés et épingle une « influence avérée », à travers des interventions sur des « réformes majeures ». Elle appelle à mettre fin à l’opacité et à durcir le cadre déontologique.

« Ce rapport n’est pas une fin en soi, mais plutôt un commencement. » Très attendues, les conclusions des travaux de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques ont été rendues publiques ce 17 mars. À l’issue de quatre mois d’investigations et d’auditions, les sénateurs espèrent « alimenter le débat public » à partir de leurs constats. Leurs auditions et la révélation de documents, obtenus en vertu des pouvoirs d’une commission d’enquête, ont permis au grand public de mieux faire connaître cette réalité. Pour des raisons de calibrage, l’enquête s’est concentrée sur les commandes de l’État et de ses grands opérateurs, laissant de côté le cas spécifique des collectivités territoriales.

L’intervention de consultants dans la gestion de la crise sanitaire à partir de 2020 a constitué l’un des points de départs de cette commission, formée sur proposition du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE). Celle-ci n’était que la « face émergée de l’iceberg ». En réalité, le rapport de la sénatrice Éliane Assassi met au jour un « phénomène tentaculaire », selon ses mots, et révèle l’appui de cabinets de conseils sur « des pans entiers des politiques publiques ».

Selon le rapport, « les cabinets de conseil sont intervenus sur la plupart des grandes réformes du quinquennat, renforçant ainsi leur place dans la décision publique ». La commission d’enquête cite par exemple la réforme des aides personnalisées au logement (APL), sur laquelle est intervenu le cabinet McKinsey, pour le volet informatique (une prestation à quatre millions d’euros), la réforme de l’aide juridictionnelle pour laquelle il a été fait appel au concours du cabinet EY, ou encore la simplification de l’accès aux droits des personnes handicapées, sur laquelle a travaillé Capgemini. Roland Berger a constitué un appui dans la réforme de la formation professionnelle.

Plus d’un milliard d’euros minimum de dépenses de conseil pour les ministères et les opérateurs publics l’an dernier
Le recours à des prestations de conseil dans le privé n’a pas démarré sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Cependant, les sénateurs relèvent une nette accélération de cette pratique. Le recours est qualifié de « massif » et « croissant ». Selon leurs calculs, les dépenses de conseil de l’État ont dépassé le milliard d’euros, la rapporteure n’hésite pas à employer l’expression de « pognon de dingue », qui avait été employée par Emmanuel Macron sur les prestations sociales. Il ne s’agit que d’une estimation minimale car la commission d’enquête n’a interrogé l’ensemble des opérateurs publics, mais seulement les plus importants (comme Pôle Emploi et la Caisse des Dépôts et consignations). La commission note d’ailleurs que la circulaire de Matignon – publiée pendant leurs travaux en janvier – est tardive et incomplète. Elle juge l’objectif de réduction des dépenses de 15 % pour les prestations de conseil « peu ambitieux ».

De 2018 à 2021, la progression est constante. Les dépenses des ministères en la matière ont été multipliées par 2,36. Avant la commission d’enquête sénatoriale, la Cour des comptes reconnaissait elle-même qu’il était difficile de fournir un chiffre exhaustif. Dans leurs recommandations, les sénateurs demandent que soit publiée chaque année, en « données ouvertes », la liste des prestations de conseil commandées par l’Etat et ses opérateurs. D’ailleurs, la commission entame le mouvement dès à présent, en publiant en open data la liste des prestations de conseil réalisées à la demande des ministères entre 2018 et 2021.

[...] Au total, 68 commandes ont été passées par l’État à des consultants, pour un montant total de 41,05 millions d’euros. Selon les sénateurs, qui se basent sur un échantillon de cinq cabinets, l’intervention d’un consultant est facturée en moyenne 2 168 euros par jour.

Qualité des livrables « inégale »
[...] Il arrive aussi que certaines prestations ne connaissent « aucune suite tangible ». L’exemple le plus médiatisé, révélé durant les auditions, reste cette préparation d’un colloque sur l’avenir du métier d’enseignant, réalisé par McKinsey à la demande du ministère de l’Education nationale, pour un montant de 496 800 euros. « Il n’est pas possible de déterminer les conséquences directes » de cette contribution, selon le ministère cité par le rapport sénatorial.

[...] Le rapport, adopté à l’unanimité des membres de la commission le 16 mars, sera traduit en proposition législative. Une proposition de loi « transpartisane » est d’ores et déjà annoncée.

Extrait de publicsenat.fr du 17.

 

Éducation nationale, réforme des retraites : McKinsey sur le gril
Mardi 18 janvier, lors de leur audition par la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques, deux partners de McKinsey à Paris ont dû répondre des tenants et aboutissants de deux missions dans le secteur public.

À l’instar d’une mission conduite au ministère de l’Éducation nationale : « Vous avez obtenu un contrat de 498 600 euros pour évaluer les évolutions du métier d’enseignant. Pouvez-vous nous dire à quoi a abouti cette mission ? », a interrogé la sénatrice.

Une mission dont la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, entendue par cette même commission le lendemain, le mercredi 19 janvier, a précisé le périmètre. Il s’agissait initialement d’une sollicitation du ministère de l’Éducation nationale en vue de la tenue d’un colloque sur l’avenir du métier d’enseignant, qui devait se tenir en avril 2020. Le cabinet devait dans un premier temps préparer les supports utilisés lors de ce colloque et également effectuer un comparatif international sur les évolutions du métier constatées dans d’autres pays. Devant les reports successifs du colloque, celui-ci a finalement eu lieu en distanciel le 1er décembre 2020 dans le cadre du Grenelle de l’éducation. La mission a contribué à la publication d’un rapport de synthèse (dont on retrouve trace ici).

Extrait de consultor.fr du 20.01.22

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