> V- ACTEURS (la plupart en EP) > Enseignants : Identité > Enseignants : Identité (Témoignages d’) > Surdiplômé(e) et prof des écoles en ZEP

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Surdiplômé(e) et prof des écoles en ZEP

23 juin 2006

Extrait du « Figaro », le 22.06.06 : De plus en plus de surdiplômés au concours d’instituteurs

Il n’est pas rare de trouver des bacs + 4, voire + 5, parmi les candidats. Avant 1991, le bac suffisait pour postuler.

Parmi les candidats qui passent actuellement les épreuves orales du concours de professeurs des écoles, et qui se disputent les 11 000 places disponibles, certains sont désormais titulaires de diplômes à rallonge. En quinze ans, le recrutement est passé du niveau du bac à celui de bac + 3, voire bac + 5 et plus.

Les instituteurs titulaires d’un doctorat de pharmacie, d’un DESS de géographie ou d’un DEA d’histoire, cela peut paraître surréaliste, mais ils existent et sont même de plus en plus nombreux.

« Ce phénomène est apparu il y a trois ou quatre ans de façon perceptible. Ce type de profils de jeunes surdiplômés augmente régulièrement », selon Jacques Durand, directeur de la conférence des directeurs des instituts universitaires de formation des maîtres (CDIUFM). Au total, environ 23 % des candidats sont recrutés au-delà du niveau de la licence, exigée pour le concours de professeurs des écoles. La possession de ce diplôme n’est pourtant devenue obligatoire pour passer le concours externe qu’avec la création des IUFM en 1991. Auparavant, seul le bac suffisait...

Filière d’origine bouchée et raisons géographiques

En 2004, selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale, les professeurs des écoles étaient 69,9% à être recrutés au niveau de la licence, 17,1% à être recrutés au niveau de la maîtrise et 5,1% au niveau d’un troisième cycle contre 4% en 2003. Ils étaient même 0,6% à posséder un doctorat en 2004 !

Cette tendance s’explique de plusieurs façons : les jeunes diplômés peuvent avoir du mal à trouver un emploi dans leur filière d’origine, bouchée ou trop sélective. D’autres « se cherchent » et accumulent les diplômes avant de se décider pour les concours d’enseignement. Le directeur de l’IUFM de Grenoble avance quant à lui une autre explication. De nombreux candidats décideraient de devenir enseignant dans le premier degré plutôt que dans le second degré, même s’ils en ont les capacités, pour de simples raisons géographiques : en passant le Capes ou l’agrégation, le candidat landais ou varois risque fort de se retrouver plusieurs années en banlieue parisienne dans une zone d’éducation prioritaire. S’il réussit le concours d’« instit », il est en revanche certain de rester dans sa région d’origine.

Cet afflux de candidats surdiplômés ne déplaît pas aux directeurs d’IUFM : « Ils ont plus d’analyse critique, plus de distance, ils s’approprient les connaissances plus facilement, estime Jacques Durand. La diversification des enseignants est toujours très positive pour nous et pour les élèves ». En contrepartie, ces nouveaux « instituteurs » vivent parfois mal ce qu’ils peuvent vivre comme un déclassement. Selon une étude du ministère datant de 2004 sur le profil des enseignants du premier degré, ils sont ainsi nombreux à estimer que leur situation professionnelle est moins gratifiante et plus difficile que celle de leurs parents.

Marie-Estelle Pech

Répondre à cet article