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Directeurs d’école : après le vote, les avis divergents du SNUipp et du SE-Unsa (Le Café)

1er octobre 2021

Guislaine David : Le travail collégial va être mis à mal par la loi Rilhac
Si la question des directeurs d’école divise les syndicats enseignants, le premier syndicat des professeurs des écoles, le Snuipp Fsu, a bataillé contre la loi Rilhac. Après son adoption par l’Assemblée, quels consignes le syndicat va t-il donner ? Comment explique t-il la mobilisation insuffisante des enseignants qui avaient pourtant obtenu le retrait du projet Rilhac en 2019 et 2020 ? Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu fait le point.

La loi Rilhac est passée. Que va t-elle changer pour les directeurs d’école ?

Ce qui est certain c’est qu’elle ne va pas améliorer leurs conditions de travail. Elle va plutôt alourdir leur charge de travail. Avec l’autorité fonctionnelle de nouvelles compétences vont leur être attribuées. Or ils n’ont aucune assurance d’avoir une aide administrative car la loi n’oblige ni l’Etat ni les communes à en fournir. Certaines communes le feront et on aura encore plus d’inégalité entre les écoles. L aloi ne dit pas non plus qu’il y aura moins d’enquêtes et de taches administratives. Il n’y a plus d’assurance d’avoir des décharges en fonction du nombre de classes. La loi prévoit de les attribuer en fonction des "spécificités" des écoles. Elles pourront donc varier selon les écoles même dans une même commune sans critère objectif. C’est inquiétant. Et cela ne répond pas aux besoins du terrain.

Les directeurs d’école auront-ils les moyens de remplir leur rôle ?

Le rôle actuel satisfait tout le monde comme le dit une très récente enquête de la Depp : 8 enseignants du 1er degré sur 10 sont satisfaits de la collaboration dans leur école. Ce travail collégial va être mis à mal avec le rôle de chef que l’on donne aux directeurs. Il va les isoler de leur équipe et les pousser du coté des IEN. Ils vont devenir une courroie de transmission aux ordres des IEN vers les professeurs. Comme ils n’auront pas les moyens nécessaires à leur fonctionnement leur situation va devenir très difficile. Ils seront pris dans un conflit de loyauté avec les collègues et l’IEN.

Et les enseignants ?

Au lieu d’un directeur qui met en musique les projets de l’équipe ils auront un directeur isolé d’un coté et les enseignants de l’autre. On aura davantage de conflits. Et la collégialité va être mise à mal. Des enseignants vont se retirer du travail collectif ce qui sera dommageable pour l’école. Or actuellement le collectif fonctionne très bien comme on l’a vu durant la crise sanitaire. Ce sont les enseignants qui ont tenu l’école. Là on va vivre le retrait d’une partie des enseignants. L’engagement collectif est mis à mal par la loi et la volonté d’individualiser. Car quand on met un chef au plus près des enseignants c’est bien pour individualiser et mettre de la dissension entre pairs. Depuis le discours d’E Macron à Marseille on voit vers quoi on va.

En 2019 et en 2020 la mobilisation des enseignants avait fait reculer le gouvernement. Pas cette fois-ci. Comment l’expliquez vous ?

Le contexte n’est pas le même. Au moment de la loi ecole de la confiance les collègues ont été conscients de la dérive avec les nouveaux établissements publics et la fusion des écoles et des collèges, les écoles passant sous la coupe des principaux. Actuellement avec la crise sanitaire et l’empilement des réformes les collègues ont du mal à réaliser. Ils doivent faire face au covid, aux inégalités scolaires et sont mobilisés au plus près des élèves. D’autre part le fonctionnement actuel est très installé. Il est difficile de penser que ça peut changer. Tout est fait aussi pour que les enseignants ne voient pas l’impact de cette loi.

Quels conseils le Snuipp va t-il leur donner ?

Le texte va repasser au Sénat dans quelques semaines. On va continuer à mobiliser contre la proposition de loi en intersyndical avec plusieurs syndicats (Cgt, FO, Sud et nous). Il faut parfois du temps pour mobiliser. En 1987, lors d’une précédente réforme le texte était paru et finalement le gouvernement suivant l’a annulé.

Tout n’est pas perdu. On a discuté avec les parlementaires de gauche. Ils comprennent le fonctionnement de nos écoles.Chez LREM et à droite ils n’ont aucune conscience de ce qui se passe. Ils ignorent les textes qui les régissent comme la circulaire de 2014. Ils croient que le directeur n’a pas de pouvoir ce qui est faux. Les directeurs manquent surtout de temps. On va donc relancer les discussions et nos revendications.

Propos recueillis par François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 01.10.21

 

Pour le Se-Unsa la loi Rilhac est "globalement positive"
" La proposition de Loi Rilhac donne une impulsion positive pour obtenir les moyens d’assurer la fonction de directrice ou directeur au bénéfice de toute l‘école. Néanmoins, c’est dans les textes réglementaires à suivre et le budget que cette volonté peut se traduire concrètement. Le SE-Unsa continuera d’agir pour que l’impulsion politique de cette loi soit bien suivie d’effets sans être déformée", écrit le Se Unsa. Le syndicat estime positif la reconnaissance d’une autorité fonctionnelle et el fait que " le directeur est reconnu comme pilote pédagogique de l’équipe". " La proposition de loi Rilhac créant la fonction de directrice ou de directeur d’école a le mérite de mieux reconnaître cette mission et de vouloir donner les moyens de l’exercer. Elle permet certaines avancées qui pourront faciliter le quotidien des directrices et directeurs : PPMS, élections des représentants des parents d’élèves, référents direction, formation, avancement accéléré… Elle reconnaît le directeur comme pilote pédagogique d’une équipe et ne fait pas de lui un supérieur hiérarchique.... Les directrices et directeurs attendent que leurs attributions soient mieux affirmées et d’avoir les moyens de les exercer. Ils ont besoin de temps et d’un secrétariat pour le faire".

Extrait de cafepedagogique.net du 01.
10.21

 

Le communiqué de l’Unsa
Loi Rilhac adoptée en seconde lecture : une impulsion à traduire concrètement

L’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture la proposition de loi Rilhac* créant la fonction de directeur·rice d’école le 29 septembre 2021. Elle doit encore repasser par le Sénat. Pour le SE-Unsa, ce texte est globalement positif même s’il en reste à la reconnaissance d’une autorité fonctionnelle et de moyens pour assurer les responsabilités liées à la direction d’école. En effet, les améliorations concrètes relèveront de décrets qui resteront à discuter dans le cadre du dialogue social avec le ministère.

Les points positifs

 La notion de chargés d’école tend à reconnaître la place de ces collègues qui sont de fait des directeurs. Cela fait suite à l’action du SE-Unsa sur les chargés d’école, explicitée dans cet article : enseignants.se-unsa.org/Charge-es-d-ecole-des-directeur-rices-a-part-entiere

 Le directeur dispose d’une autorité fonctionnelle ; le directeur n’est pas un supérieur hiérarchique.

 L’avancement est prononcé de façon accélérée pour les directrices et directeurs au sein du corps des instituteurs ou du corps des professeurs des écoles.

 Les instituteur·rices peuvent continuer à prétendre à la fonction de directeur·rice d’école.

 Les actions de formation proposées par les directrices et directeurs pourront réellement répondre aux besoins des équipes puisqu’elles n’ont pas à prendre en compte les orientations de la politique nationale.

 Le directeur est reconnu comme pilote pédagogique de l’équipe.

 Tous les directeurs sont désormais déchargés des heures d’activités pédagogiques complémentaires (ce qui n’était pas le cas pour les directeurs des écoles de 1 à 4 classes), mais ils peuvent participer aux APC sur la base du volontariat.

 L’importance d’une offre de formation initiale et continue adaptée et régulière est soulignée.

 Le fait que le directeur doive disposer des outils numériques nécessaires à sa fonction est inscrit dans la loi.

 L’aide administrative et matérielle est mentionnée dans la loi (mais elle n’est pas obligatoire).

 Un ou plusieurs référents direction d’école sont créés dans chaque DSDEN. Il s’agit bien d’un pair parmi les pairs qui est là pour épauler et aider la professionnalité de ses collègues.

 L’élection des représentants des parents d’élèves au conseil d’école peut se faire par voie électronique, sur décision du directeur après consultation du conseil d’école.

 Les directeurs n’ont plus à assumer seuls la responsabilité du PPMS qui est établi et validé conjointement par l’autorité académique, la commune et les personnels compétents en matière de sûreté. Le directeur donne son avis et peut faire des suggestions.

Les points négatifs

 La formulation rappelant que les emplois de direction pouvaient être attribués à des faisant fonction a été supprimée. Il faudra s’assurer que ces collègues ne sont pas bloqués pour l’accès à ces emplois. Leur formation n’est de fait plus prévue.

 L’administration n’a plus à rendre des comptes de l’utilisation des décharges lors d’une réunion du CDEN avant le 30 juin de chaque année, ce qui aurait pourtant été de nature à faciliter la mise en place effective de celles-ci.

 Il n’est plus fait mention des missions d’enseignement sans responsabilité de classe quand la décharge n’est pas complète (un mandat du SE-Unsa pour compléter, le cas échéant, la décharge d’enseignement réglementaire par un fonctionnement type plus de maîtres que de classes).

 La formation continue des directeurs doit avoir lieu régulièrement tout au long de leur carrière, et non plus obligatoirement tous les cinq ans, ce qui laisse craindre qu’elle ne se fasse pas aussi souvent que ce qui était prévu dans la précédente version du texte.

 Enfin, le questionnement sur le statut de l’école est toujours absent du texte.

L’avis du SE-Unsa

La proposition de loi Rilhac créant la fonction de directrice ou de directeur d’école a le mérite de mieux reconnaître cette mission et de vouloir donner les moyens de l’exercer. Elle permet certaines avancées qui pourront faciliter le quotidien des directrices et directeurs : PPMS, élections des représentants des parents d’élèves, référents direction, formation, avancement accéléré… Elle reconnaît le directeur comme pilote pédagogique d’une équipe et ne fait pas de lui un supérieur hiérarchique.

La proposition de Loi Rilhac donne une impulsion positive pour obtenir les moyens d’assurer la fonction de directrice ou directeur au bénéfice de toute l‘école. Néanmoins, c’est dans les textes réglementaires à suivre et le budget que cette volonté peut se traduire concrètement. Le SE-Unsa continuera d’agir pour que l’impulsion politique de cette loi soit bien suivie d’effets sans être déformée.

Pour le SE-Unsa, les directrices et directeurs ne peuvent pas rester coincés entre les marteaux que peuvent être l’IEN, la mairie, les familles ou encore l’équipe pédagogique, et l’enclume des responsabilités. Les directrices et directeurs attendent que leurs attributions soient mieux affirmées et d’avoir les moyens de les exercer. Ils ont besoin de temps et d’un secrétariat pour le faire.

Etape après étape, le SE-Unsa continue d’agir. Il est inenvisageable de rester sur un statu quo. Les attentes d’évolution des directrices et directeurs d’école sont légitimes et ne doivent pas être déçues.

> > Retrouvez nos propositions pour la direction d’école : enseignants.se-unsa.org/Direction-d-ecole-les-revendications-du-SE-Unsa-pour-2022

 

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