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Détérioration du climat scolaire. En ZEP, il a été plus difficile de raccrocher après le « CPE » (La Croix)

9 juin 2006

Extrait de « La Croix » du 08.06.06 : L’absentéisme augmente au collège

Après deux nouvelles graves agressions, les chefs d’établissement s’alarment d’une forte montée de l’absentéisme et de la violence chez les collégiens
L’œil tuméfié, des marques de griffures, mais présente à son poste. Mercredi 7 juin, à huit heures, Laurence Parny accueillait ses élèves à la porte du collège Anatole-France de Marseille. Là même où, la veille, cette principale avait été rouée de coups par des collégiennes d’un établissement voisin. Une « expédition punitive » visant une élève d’Anatole-France que la principale n’avait pas hésité à protéger. Parmi les six cogneuses, une jeune fille de 16 ans a été interpellée et placée en garde à vue. De son côté, Laurence Parny a déposé plainte.

L’émoi suscité sur place par ce fait divers renvoie à l’agression d’un enseignant par une bande de collégiens la semaine dernière. « Le climat est très dur depuis la rentrée des vacances de Pâques, témoigne un responsable de collège classé en zone d’éducation prioritaire. Le taux d’absentéisme des élèves atteint 20 % contre 6 % en moyenne habituellement. Tous les collèges sont en difficulté face à une situation très tendue. »

Au rectorat de Marseille, le recensement des signalements de violence ne fait pas apparaître de hausse très sensible des actes graves en ce printemps mais l’on reconnaît une aggravation de l’absentéisme. « C’est devenu la priorité », analyse Guy Chaigneau, conseiller technique du recteur.

Certes, le fossé banlieue-centre-ville est bien moins marqué ici que dans d’autres régions urbaines. Marseille a même été relativement épargnée par le soulèvement des cités de novembre. Reste que la longue grève des bus qui a paralysé la ville, puis le conflit du CPE, ont grandement perturbé l’année scolaire. « Des élèves de lycées professionnels qui devaient traverser la ville ont décroché », précise Guy Chaigneau. En outre, au moment de la crise du CPE, des bandes de collégiens se formaient pour commettre des actes de vandalisme en marge des manifestations. Tout cela aurait laissé des traces.
"Beaucoup d’élèves ne sont pas parvenus à raccrocher"
Marseille est cependant loin d’être un cas isolé. Le secrétaire national du principal syndicat de chefs d’établissement, le SNPDEN, Philippe Guittet, dresse, en effet, un constat analogue de la situation au niveau national : « Le problème de l’absentéisme nous remonte de nombreuses académies, note-t-il. Le conflit du CPE a été trop long, et, dans les zones les plus difficiles, beaucoup d’élèves ne sont pas parvenus à raccrocher, à se remettre au travail. »

À la différence de récentes affaires survenues en région parisienne, comme l’agression au couteau d’une enseignante ou de celle filmée sur un téléphone portable, les deux incidents à Marseille s’inscrivent dans un autre registre que la violence scolaire déployée par des élèves à l’intérieur de leur établissement. Le 1er juin, à neuf heures, un professeur d’éducation physique du collège Jean-Giono faisait travailler ses élèves de cinquième sur le terrain de sport municipal lorsqu’il a été pris à partie par une bande de jeunes du quartier pour une petite histoire de ballon. Roué de coups, le professeur a eu l’arcade sourcilière ouverte, une dent cassée et de nombreuses contusions sur tout le corps.

La principale du collège Jean-Giono, Gisèle Alkaniz, observe, elle aussi, les tensions qui pèsent sur cette fin d’année scolaire. Le mouvement anti-CPE a joué un rôle, souligne-t-elle tout en insistant aussi sur la « paupérisation des familles ». Dans le quartier, beaucoup de nouveaux arrivants ont été chassés du centre-ville en cours de rénovation. « On parvient à faire en sorte que nos collèges restent une référence, dit-elle encore. Mais l’environnement se dégrade. Les familles sont de plus en plus en difficulté. On constate une perte des valeurs. »

La principale souligne aussi le jeune âge des agresseurs de son professeur d’éducation physique. La dizaine d’adolescents qui l’ont frappée n’avaient pas plus de quinze ans. À Marseille toujours, un autre principal avoue son impuissance à responsabiliser les familles. « Quand on signale l’absence de leur enfant, les parents prennent sa défense », regrette-t-il. Faut-il ajouter qu’alors que, dans ce collège, les conseils de classe viennent de se terminer, pour beaucoup de collégiens, l’année est déjà terminée ? Même si les cours sont encore programmés jusqu’au 22 juin...

Bernard Gorce

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