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A propos de l’ex-classe ZEP (devenue classe spécial boursiers) du lycée parisien Henri IV

17 mai 2006

Additif de septembre 2006

Extrait du « Figaro » du 13.09.06 : Les prépas d’Henri-IV font une place aux bacheliers méritants

Gilles de Robien rencontre aujourd’hui les élèves de la classe préparatoire qui n’accueille que des boursiers. Une première en France.

Signes particuliers : trente élèves méritants d’origine modeste. Ils sont 22 filles et 8 garçons, à avoir décroché une place dans une classe préparatoire expérimentale du prestigieux lycée Henri-IV. Autant dire la lune pour ces jeunes qui arrivent de province, de banlieue, voire de la Réunion... et débarquent dans l’un des plus élitistes lycées parisiens. Tous ont obtenu une mention bien ou très bien au bac et ont été sélectionnés grâce à leurs dossiers parmi 180 autres de leurs camarades.

Les heureux élus vont être hébergés gratuitement à la Cité universitaire internationale de Paris. Ils vont disposer d’un tuteur chacun, généralement un ancien élève, et être entraînés de façon assez intensive (27 à 30 heures de cours hebdomadaires) par leurs professeurs pour pouvoir à la prochaine rentrée intégrer « une vraie » prépa d’Henri-IV. Un programme culturel est même prévu pour leur faire découvrir les musées de la capitale, l’opéra ou le théâtre. Les meilleurs pourront rallier une prépa en cours d’année.

Chouchoutés par des professeurs attentifs, bichonnés par des mécènes (la Fnac leur a déjà offert un portable Wi-Fi), ils seront aussi encouragés par Gilles de Robien qui les rencontre aujourd’hui. Le ministre de l’Éducation nationale veut que ce type d’initiatives se multiplie. Il faut dire que le nombre d’élèves boursiers entrés ces dernières années en prépa à Henri-IV a fondu comme neige au soleil : ils n’étaient plus que 10% lors de la rentrée 2005 contre 29% dans les années 1950.

Certains élèves, comme cette étudiante de prépa classique à Henri-IV, se flattent « de cette ouverture généreuse en direction des plus défavorisés ».

Les enseignants sont plus critiques. Certains craignent une « baisse du niveau » si ce type de classe pilote devait se généraliser. D’autres, à l’inverse, estiment qu’Henri-IV « se fait de la publicité à peu de frais puisque les élèves recrutés sont de toute façon excellents et seraient allés dans de bonnes prépas ». Faux, expliquait Patrice Corre, le proviseur d’Henri-IV au printemps dernier. « Ces élèves ont le potentiel pour faire de brillantes études mais ils n’auraient pas osé se lancer dans une prépa. »

Réparer l’ascenseur social en panne

Professeur de sciences économiques à Janson-de-Sailly, un autre prestigieux établissement parisien, Édouard Perez, lui-même ancien boursier, reste hostile au principe : « Mettre tous les élèves boursiers dans une classe, c’est absurde. Ce sera la classe des pauvres. Ils seront stigmatisés. » Reste qu’en France, seuls 18,8% des étudiants inscrits en classes préparatoires sont boursiers.

Cet été, poussés par le ministre qui voudrait faire évoluer les statistiques, rectorats et proviseurs sont même allés « pêcher » parmi les boursiers des bacheliers émérites (traduisez avec mention) pour les inciter à s’inscrire en prépa. Et, selon le ministère, 25% de ceux qui pouvaient profiter de ce nouveau coup de pouce, soit une centaine d’élèves, se sont laissé convaincre.

C.D. et M.E.P

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Extrait de « Libération » du 13.09.06 : Au lycée Henri-IV, deux profs en croisade pour la mixité sociale

Grâce à eux, trente boursiers intègrent une préparation à la prépa

Pascal Combemale était un « boursier de la République », « un miraculé » du système éducatif, issu d’un milieu paysan, interne à l’âge de 10 ans. De sa classe de CM2, il est le seul à être allé au collège. « L’instituteur m’avait accompagné en voiture », se souvient-il. Il enseigne les sciences économiques et sociales en prépa à Henri-IV depuis 1994. Olivier Coquard, lui, est fils de prof. Il fut lui-même élève en hypokhâgne à Henri-IV. Tout comme son père. Agrégé d’histoire, il est l’auteur d’une thèse sur le révolutionnaire Jean-Paul Marat. Exemple de reproduction sociale (« On est à fond dans Bourdieu », reconnaît-il), il est professeur d’histoire en classe préparatoire à Henri-IV depuis 1993. Tous les deux auraient pu se contenter du bonheur d’enseigner à la crème de l’élite. Mais ni l’un ni l’autre ne se sont arrêtés là.

« Emancipation »

Cette année, ils accueillent trente bacheliers boursiers venus de la France entière, qui n’auraient sans doute jamais osé pousser les portes de cet établissement. Ils sont à l’initiative de la classe préparatoire destinée aux meilleurs élèves issus de milieux défavorisés. « Un projet politique », dit Olivier Coquard, fier de cet « engagement ». « Une expérience locale », nuance son collègue. Une prépa à la prépa (littéraire, scientifique ou économique), que le ministre Gilles de Robien va saluer cet après-midi, et dont Dominique de Villepin a fait une mesure phare dans le cadre de la lutte pour l’égalité des chances.

En 1988, à 25 ans, pour son premier poste, Olivier Coquard est nommé près de Béthune. Puis quatre ans à Bondy, où il se découvre une préférence pour les classes de sixième et troisième, et « apprend à [se] faire respecter : en les faisant bosser ». Avant d’arriver à Henri-IV, Pascal Combemale, 51 ans, fut enseignant quinze ans à Argenteuil, au lycée Romain-Rolland. Il a assisté à « une dégradation progressive ». A son arrivée, il y avait encore un « brassage social » : « On donnait toutes leurs chances aux élèves des HLM alentour. » Au bout de quelques années, il n’a plus eu l’impression d’arriver à rendre ce que, plus jeune, il avait lui-même reçu. « Mon boulot de prof perdait de son efficacité. La glorification du savoir, de l’émancipation intellectuelle : ces messages ne passaient plus. »

Tous deux revendiquent cet enseignement dans des établissements de banlieue devenus des ZEP. Même s’ils ont l’impression à présent de travailler sur « une autre planète ». « Vu d’Henri-IV, l’idéal du même bac pour tous, du même enseignement secondaire pour tous est devenu un mensonge insupportable [...] dénoncé par les quelques très rares rescapés issus des zones de relégation qui parviennent jusqu’à nous », écrivent-ils en 2001 dans une tribune du Monde, contre « la montée de l’apartheid scolaire ». Richard Descoing vient alors de mettre en place sa convention ZEP, qui favorise l’entrée à Sciences-Po des élèves issus de banlieues défavorisées. Pour les deux enseignants, cette initiative est « une gifle qui fait du bien ». « Que pouvons-nous faire, à notre tour ? » se demandent-ils. Ils s’accordent sur le constat : « On recrute de moins en moins dans les classes populaires. Il faut une politique volontariste, car il manque du temps à ces classes socioprofessionnelles défavorisées pour rattraper les connivences culturelles qui leur manquent. » Dès le départ, ils imaginent un projet de rattrapage. Avec une mise à niveau des savoirs, mais aussi des sorties extrascolaires : musée, opéra, « tout ce que les élèves issus de familles plus favorisées ont chez eux ».

« Travail et sueur »

Olivier Coquard est convaincu que, pour avoir toutes les chances de réussir, il faut « une familiarité avec la culture des élites ». Pascal Combemale, qui a pourtant « beaucoup souffert » lui-même de « lacunes culturelles », croit plus « au travail et à la sueur ». Conscient que « la méritocratie ne fonctionne plus naturellement », le proviseur d’Henri-IV, où étudient 10 % d’élèves boursiers (contre une moyenne nationale de 18 %), répond : « Chiche ! » Cet été, Olivier Coquard et Pascal Combemale ont appelé les 16 filles et 14 garçons retenus parmi 130 : 16 viennent de banlieue, 14 d’ailleurs (des DOM, de Bourgogne, ou d’Auvergne). A la rentrée, dans sa classe, Olivier Coquard a senti chez eux « un sentiment de reconnaissance d’être là ». Il attend ce qui sera « sa plus grande victoire » : quand il verra leurs noms sur la liste des reçus.

Charlotte Rotman

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Extrait du site « VousNousIls », le 14.09.06 : La pré-prépa pour jeunes boursiers d’Henri IV reconduite l’an prochain

Le ministre de l’Education Gilles de Robien a rendu visite, mercredi au lycée Henri IV à Paris, aux élèves et enseignants de la pré-prépa réservée aux élèves boursiers et annoncé que l’expérience allait être reconduite l’an prochain.

Pour la première fois cette année, le prestigieux établissement parisien accueille, dans une classe préparatoire à la prépa, 30 jeunes issus de milieux défavorisés, sélectionnés sur dossiers et qui ont eu une mention bien ou très bien au bac (22 filles et 8 garçons).
"Je suis tellement persuadé que cette expérimentation va porter ses fruits que je passe commande pour commencer les dossiers de recrutement pour la rentrée 2007", a déclaré le ministre à l’issue d’un échange avec les élèves, les professeurs, les tuteurs, les parents d’élèves et les partenaires tels la FNAC qui fournit des ordinateurs wifi, l’Opéra de Paris ou le Musée du Louvre.

"Ce n’est pas un cadeau qui vous est offert, c’est un devoir de la République de vous donner toutes vos chances", a aussi déclaré M. de Robien aux étudiants. Et il a fixé un objectif "à terme" : qu’un tiers des élèves des prépas soient des boursiers.

Les jeunes ont exposé leurs motivations pour venir à Henri IV. "Mon rêve est d’intégrer polytechnique avec l’espoir de devenir ingénieur en thermodynamique", raconte Odile Lefrère, venue de Douai (Nord).

Joffrey Collignon, venu de Seine-et-Marne, a lui été attiré par le "programme culturel" car ses "moyens financiers ne lui permettent pas d’aller à l’opéra ou au théâtre". Au niveau études, il espère intégrer "l’hypokhâgne d’Henri IV". "J’y ai postulé mais j’ai été refoulé".

Isabelle Florestan, venue de La Réunion, a "peur de décevoir ses parents et ceux qui misent" sur elle car "la prépa est un peu dure" et elle "craint de ne pas pouvoir suivre".

Mais elle confie que "même en hypokhâgne normale, (elle) aurait eu cette crainte". Il y a un autre élève de l’île dans sa classe et ils ont fait le voyage ensemble mais elle se sent un peu isolée.

Pauline Kanyes, une black de Montpellier aux cheveux nattés noirs et blonds, s’étonne que "du côté des élèves, on voie les couleurs de la France mais qu’il n’y ait ni chinois, ni arabe, ni noir du côté des partenaires ou des enseignants. J’aimerais faire bouger les choses, que toutes les origines de la France soient un peu représentées partout", dit-elle.

Si un enseignant, Olivier Coquard, exprime son "total respect" pour l’"excellence" de ces élèves, l’expérience ne fait pas l’unanimité dans le milieu éducatif.
Ainsi, Jean-Hervé Cohen, du SNES-FSU, interrogé par l’AFP, estime que ce n’est "pas une bonne démarche". "Le gouvernement prend les choses à l’envers, au lieu d’emmener les gens de banlieue vers le Quartier latin, il faudrait porter l’excellence dans les quartiers défavorisés", dit-il.

 

 

Extrait de «  Libération » du 16.05.06 : Les élèves défavorisés pourront goûter à la crème d’Henri-IV

Une classe prépa spécial boursiers dans le prestigieux lycée parisien

Qui regardera l’autre avec le plus de curiosité ? A la rentrée prochaine, le lycée Henri-IV, l’un des plus prestigieux de France, accueillera une classe préparatoire spécialement destinée à des élèves issus de milieux défavorisés. « Un pari enthousiasmant et nécessaire », selon le proviseur Patrice Corre. Une classe de boursiers, à côté de la crème des beaux quartiers : certains n’y verront qu’une reproduction de l’apartheid social.
Favoriser l’accès des élèves des milieux populaires aux meilleures écoles : après les émeutes de novembre dans les cités, la démocratisation des élites est devenue une priorité politique. C’est ainsi qu’en décembre dernier, Dominique de Villepin a fait de cette classe pour boursiers méritants l’une des mesures phares de son plan pour l’égalité des chances. Le projet végétait depuis plusieurs années dans les tiroirs du lycée Henri-IV.
10 % de boursiers.

En moyenne, les classes prépas accueillent 18 % d’élèves boursiers ; Henri-IV, 10 %. Jacques Chirac a souhaité que, dans trois ans, ils atteignent un tiers des effectifs. Lors de ses voeux, en janvier, il a fait un plaidoyer pour « un droit d’accès garanti » aux classes prépas des grandes écoles pour les meilleurs bacheliers de chaque lycée.
Quelques semaines avant, le groupe socialiste avait présenté, à l’Assemblée nationale, une proposition de loi visant à garantir l’accès des classes prépas à 6 % des meilleurs élèves de tous les lycées. Malgré les efforts de culpabilisation du socialiste Manuel Valls (« Ici même, dans ce palais, une armée d’agents d’entretien ¬ presque tous de couleur ¬ vient chaque matin nettoyer les bureaux des députés ¬ presque tous blancs. Qu’offrons-nous à leurs enfants ? »), le texte fut rejeté par la droite le 2 décembre. L’idée d’un quota réservé dans toutes les classes prépas a été popularisée par le chercheur Patrick Weil. Elle a été reprise par Nicolas Sarkozy, farouche partisan de la discrimination positive.

Symbole

Le projet lancé à Henri-IV a d’abord une portée symbolique. Le lycée accueillera 30 élèves dans une classe spéciale. Ils seront tous suivis par un tuteur, recruté parmi les anciens élèves. « Il s’agit d’un coup de pouce, explique le proviseur. On les prépare aux mêmes concours que les autres. A l’heure actuelle, leur mérite personnel est trop parasité par les contingences sociales. Il faut un accompagnement spécifique, et personnalisé [lire ci-dessous]. »
Au sein de l’établissement, l’initiative est plutôt bien reçue. « Un quart des profs est impliqué », indique Olivier Coquard, l’un des enseignants à l’origine du projet. En 2001, il avait pris « comme une gifle » l’initiative de Sciences-Po d’ouvrir les portes de la rue Saint-Guillaume à des élèves venus de ZEP. Henri-IV devait aussi faire preuve d’imagination. « C’est vrai que Sciences-Po a ouvert la voie », admet Patrice Corre.
A l’époque, les critiques avaient plu. Elles se sont taries avec la réussite de ces élèves issus de ZEP. Au Snes (Syndicat national des enseignements de second degré), Jean-Hervé Cohen, responsable des classes prépas, enseignant pendant quinze ans en Seine-Saint-Denis, ne voit dans cette future prépa qu’« une opération de prestige pour se donner bonne conscience ». « Cela va saper le travail des profs pour installer des filières d’excellence dans les quartiers défavorisés en les vidant des meilleurs élèves », craint-il. Yves Durand, député du Nord, secrétaire national du PS, juge l’initiative « intéressante ».

Mais il s’inquiète « qu’on sorte les élèves des ZEP car on ne veut pas les renforcer » : « Au lieu de faire venir des bons élèves des quartiers défavorisés vers Henri-IV, je préférerais qu’on fasse aller l’excellence vers ces quartiers. » Les deux projets, il en convient, ne sont pas nécessairement incompatibles.

Charlotte Rotman

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Extrait de « Libération » du 16.05.06 : Ouverture à la rentrée 2006

La classe préparatoire aux études supérieures (CPES) ouvrira au lycée Henri-IV à la rentrée prochaine. Trente élèves (boursiers ou futurs boursiers) y seront aux petits oignons.

Ils bénéficieront d’un encadrement renforcé pour les vingt-sept à trente heures de cours par semaine, d’un tuteur pour deux élèves. Ils iront au musée, à l’opéra, au théâtre. Ils auront droit à des compléments de bourses, de dons et prêts de matériel. Enfin, ils seront logés tout le temps de leurs études à la Cité universitaire internationale.

Information et inscription

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Extrait du «  Figaro » du 16.05.06 : Henri-IV ouvre une classe prépa réservée aux bacheliers défavorisés

Le prestigieux lycée parisien accueillera à la rentrée une trentaine d’élèves boursiers méritants au sein d’une classe préparatoire expérimentale.

Bons élèves, boursiers et bacheliers généraux (L, ES et S) : en septembre, ils seront une trentaine à intégrer la nouvelle classe préparatoire aux études supérieures (CPES) du prestigieux lycée parisien Henri-IV, voulue par Dominique de Villepin. Au programme : consolider, en trente heures hebdomadaires, les connaissances en culture générale, les fondamentaux et renforcer les méthodes de travail. L’objectif de l’expérience est d’inciter et de préparer ces étudiants à s’inscrire ensuite en hypokhâgne, en math’ sup ou en prépa HEC.

De condition modeste obligatoirement, sélectionnés sur dossier et lettre de motivation, les élèves bénéficieront d’un tutorat d’étudiants de grandes écoles, ainsi que d’un accompagnement culturel « soutenu » et seront logés à la Cité internationale universitaire. « Nous accueillons déjà des étudiants issus de zeps de façon intégrée et ordinaire, a indiqué Michel Bonnot, proviseur adjoint à Henri-IV, choisi comme lycée pilote de l’expérimentation. Mais cela va permettre d’augmenter leur nombre. »

De fait, de nombreux bons élèves issus de milieux défavorisés passent au travers des classes prépas soit par ignorance de leur existence (lire ci-dessous), soit par autocensure. « Il n’y a pas de fatalité à la reproduction des élites sociales dans le recrutement des filières d’excellence, explique Claude Boichot, inspecteur général chargé des prépas à la Direction de l’enseignement scolaire. Il faut accompagner certains élèves brillants mais fragilisés par leur contexte social. Mais il faut se méfier de ne pas créer un effet de phare auquel viendraient se brûler des centaines de papillon. »

Deux autres classes en projet

Ce nouveau dispositif vient renforcer les programmes existants, tel que celui de l’Essec « Une grande école, pourquoi pas moi ». Deux « CPES » seront également ouvertes au lycée Jacques-Feyder à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) et au lycée Jean-Moulin à Torcy (Seine-et-Marne) pour y scolariser prioritairement des élèves de l’académie de Créteil, dont « au moins un tiers de boursiers », comme l’a souhaité Jacques Chirac pour répondre à la crise des banlieues.

Justine Ducharne

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Extrait du site « Yahoo », le 17.05.06 : Henry-IV ouvre une classe prépa spéciale pour jeunes de milieux défavorisés

PARIS (AFP) - Un bon élève "méritant", voire brillant, mais issu d’un quartier difficile ou d’un milieu défavorisé va désormais pouvoir intégrer une classe préparatoire du prestigieux lycée parisien Henri-IV afin de briguer une place en grande école.

L’établissement ouvre en effet, à la rentrée prochaine, une classe préparatoire aux études supérieures (CPES), classe expérimentale devant accueillir trente bacheliers de milieux défavorisés et les préparer en un an à intégrer une prépa traditionnelle.

En annonçant lundi à la presse cette initiative, une première en France, imaginée par Henri IV et validée officiellement en décembre dernier par le gouvernement, le proviseur du lycée Patrice Corre a parlé de "pari enthousiasmant et nécessaire".

"Nous allons les choisir parmi les jeunes qui ont toutes les capacités pour réussir mais qui n’imaginaient pas pour des raisons socio-culturelles qu’ils pourraient intégrer une grande école", a-t-il ajouté. "Le recrutement pour les filières d’excellence de certains jeunes de milieux modestes a baissé, il était beaucoup plus ouvert il y a trente ou quarante ans. Alors, nous allons combattre l’autocensure et aller les chercher nous-mêmes", a souligné de son côté le recteur de l’académie, Maurice Quenet.

Diplômés du bac général, tous boursiers, critère incontournable, et de bon niveau scolaire, ils seront choisis par Henri IV (en deux fournées, avant et après le bac) après avoir été sélectionnés par leurs lycées. 240 lycées à travers la France sont concernés.

Les trente jeunes suivront des cours intensifs avec 11 heures de tronc commun et 16 à 18 heures de disciplines qui différeront selon qu’ils s’orienteront vers une prépa littéraire, scientifique ou économique. Ils bénéficieront d’un encadrement renforcé et même d’un tutorat assuré par des étudiants issus de grande école et volontaires.
L’accent sera mis également sur l’acquisition d’une culture générale, celle souvent acquise hors scolarité dans des milieux familiaux plus favorisés. Grâce à des partenariats et des mécenats, ils auront droit, en outre, à des sorties culturelles : conférences, spectacles, visites dans les musées et les expositions.

Par ailleurs, ils bénéficieront de compléments de bourses, de dons et prêts de matériel et, enfin, ils seront logés tout le temps de leurs études à Henri IV (la CPES puis les deux ans de prépa) à la Cité universitaire internationale, qui déroge pour eux à sa règle d’accueil d’étudiants de deuxième cycle et plus uniquement. "C’est un moyen essentiel de remédier aux obstacles financiers et à la difficulté sinon l’impossibilité pour certains de se loger à Paris", a souligné M. Corre.

"Notre objectif est 100% de réussite", a-t-il ajouté signalant que certains élèves, particulièrement brillants, pourraient intégrer une prépa traditionnelle au bout de quelques semaines seulement de CPES mais qu’ils continueraient à bénéficier de l’accompagnement spécial prévu car "le mérite ne doit pas être parasité par des contingences socio-financières", a-t-il lancé.

Marie-Pierre Larrivé

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