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Les expulsions d’élèves hors de France concernent d’abord les ZEP de banlieue

9 mai 2006

Extrait de « 20 minutes » du 08.05.06 : Dix mille élèves sont menacés d’expulsion

Des milliers de jeunes sont en sursis. Dans le cadre de son projet de loi sur « l’immigration choisie », débattu depuis mardi à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a affiché sa volonté de doubler le nombre d’expulsions effectives d’étrangers en situation irrégulière en 2006. L’objectif qu’il qualifie lui-même d’« ambitieux » est de reconduire à la frontière cette année vingt-six mille étrangers sans papiers.
Mais face à la grogne qui a envahi les écoles, où sont scolarisés plus de dix mille enfants sans papiers, le 31 octobre 2005, il a envoyé une circulaire qui demande aux préfets d’éviter d’expulser les parents d’élèves, pour ne pas interrompre la scolarité de leurs enfants. En d’autres termes, le jour des grandes vacances le sursis tombera. Et parents et enfants pourront alors être expulsés. « La pression augmente pour ces jeunes qui n’ont pas eu la chance d’avoir les bons papiers. La police va profiter de l’été pour remplir la mission crapuleuse qui lui a été confiée », s’insurge Richard Moyon, porte-parole du Réseau éducation sans frontières*.

Pour éviter que les parents ne soient reconduits à la frontière, avec leurs enfants ou que certaines familles décident de confier leur progéniture à la Ddass, ce qui est déjà arrivé, le collectif a lancé le 27 avril une pétition intitulée « Nous les prenons sous notre protection ». « Parce que ces gosses, c’est une richesse. Si on les renvoie dans leur pays, ils seront deux fois immigrés. Et de toute façon, ils tenteront de revenir », poursuit le porte-parole du réseau. Près de quatorze mille personnes, dont Jack Lang et d’autres personnalités politiques ou syndicales, se sont engagées à « parrainer, protéger et même héberger » les jeunes et leurs familles sans papiers menacés d’expulsion. Quitte à enfreindre la loi. En effet, quiconque cache un sans-papiers risque cinq ans de prison et 30 000 e d’amende.

Laure de Charette

*Ecoliers, vos papiers de Anne Gintzburger avec Réseau éducation sans frontières, éd. Flammarion.

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Le commentaire de L’Expresso : Des milliers d’élèves menacés d’expulsion

La nouvelle réforme du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) conduit à une négation radicale des droits fondamentaux de la personne. Elle restreint encore plus radicalement le droit au séjour pour les familles, les conjoints, les enfants, de toutes celles et ceux qui construisent leur vie en France. Elle entérine la quasi-disparition de cet outil d’« intégration » qu’était la carte de résident. Elle s’attaque au séjour des malades étrangers. Si ce projet est adopté, il ne fera pas bon s’aimer entre Français-e-s et étranger-e-s, vouloir vivre avec sa famille ou avoir des enfants".
A l’appel d’une centaine d’organisations, dont les Verts, le PS, le PCF, la Ligue des droits de l’homme, la Cimade, Emmaüs, Dal, l’Unl, l’Unef etc., une pétition est lancée pour s’opposer au projet de loi sur "l’immigration choisie". Une manifestation contre "l’immigration jetable" est organisée à Paris le 13 mai.

Elle est lancée au moment où la menace de l’expulsion plane sur les élèves sans papiers scolarisés. Ils seraient près de 10 000 selon Education sans frontières.

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La pétition
Le site du Réseau éducation sans frontières

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Extrait de « Libération » du 08.05.06 : Une école derrière Kambo, sans-papiers

Des ballons qui s’envolent. Des parents, des enfants, des instituteurs, rassemblés jeudi devant l’école maternelle du 111, avenue Parmentier, à Paris (XIe), qui réclament la régularisation des parents de Kambo, 5 ans et demi... Une image désormais presque habituelle. Quelle école, quel lycée n’a pas son sans-papiers à défendre ? Avec des parents, des enfants, des enseignants mobilisés après avoir découvert, effrayés, les exigences brutales du ministère de l’Intérieur. « Cela semble invraisemblable ! Des gens qui sont là depuis vingt ans ! » s’exaspère un père. Ici, un petit autocollant dit tout, ou presque : « Maman, il faut que Kambo reste à la France ». Là, le slogan clamé le long de l’avenue : « Des papiers pour les Diabaté ! »

« Super gosse ». Victor Ruiz-Huidobro est le maître de Kambo depuis septembre, en grande section : « C’est un gosse super, son père aussi. C’est vraiment... vraiment dégueulasse de vouloir les mettre dehors ! »
Tenant son fils Kambo par la main, Abdulaye Diabaté raconte des bribes de son histoire. Il est, avec Mariam, sa femme, en France depuis 1987. Kambo est né en 2000, Fatou en 2003. Pour travailler, il a dû utiliser de faux papiers. Voilà pourquoi la régularisation lui est refusée depuis 1999. « Cet acte, nous aurions pu, nous aussi, le commettre, si nous avions été dans une situation comparable », ont écrit au préfet de police Pierre Mutz, les parents, au nom de la Fédération des conseils de parents d’élèves(FCPE), et les enseignants de Réseau éducation sans frontières (RESF). Ils disent aussi : « Abdulaye Diabaté est un homme digne de confiance, attentif aux autres, très soucieux de la vie de l’école et du suivi scolaire de ses enfants. »

Le 9 mai, Abdulaye Diabaté doit se rendre à la préfecture « pour examen de situation ». Formule sibylline, souvent prélude à l’avion de rapatriement. « Nous serons beaucoup à les y accompagner et à les attendre dehors », assure Emmanuelle Passerieux-Gibert, membre de la FCPE.
Parrainages. Dans le comité de soutien, on trouve les acteurs Mathieu Amalric et Jeanne Balibar, dont les enfants vont à l’école avec Kambo. « C’est terrible de découvrir que, dans l’école de mes enfants, il y a ce monsieur, ce petit, qu’on connaît, et qu’ils risquent d’être expulsés », dit l’acteur. « Ce n’est pas la première fois que nous sommes obligés de manifester contre une politique qui nous scandalise et s’aggrave chaque jour », reprend Jeanne Balibar. La directrice de l’école, Françoise Grellier, se tourmente : « Je ne comprends pas qu’une famille aussi intégrée soit mise dans de telles difficultés. »

Une dizaine d’élus parisiens sont venus les soutenir. Dont Mylène Stambouli (Verts), maire adjointe, et Jacques Daguenet, conseiller municipal PCF, qui annonce : « En juin, nous envisageons une cérémonie de parrainages républicains pour treize enfants et leurs parents à la mairie du XIe. » Comme dans le XIXe, le 6 mai. Comme dans le XXe, il y a deux mois et dans quelques jours à nouveau. Comme un peu partout en France

Dominique Simonnot

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