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16 ZEP-RAR en Seine-Saint-Denis, mais beaucoup reste à faire

7 mai 2006

Extrait du « Monde » du 07.05.06 : La Seine-Saint-Denis, chouchoutée, reste sous tension...

Voitures-béliers contre des écoles, feux de poubelles, actes de violence de plus en plus brutaux... Le climat s’est détérioré dans certains quartiers sensibles de la Seine-Saint-Denis depuis les émeutes de novembre 2005. Certains maires sont tentés par la surenchère sécuritaire.
Pourtant, les mesures de l’Etat et de la région se sont multipliées depuis six mois. Le "9-3" était déjà "prioritaire" pour le gouvernement : 35 % des ménages les plus démunis d’Ile-de-France, 40 % de logements sociaux, un taux de chômage de 14 % - quatre points au-dessus de la moyenne régionale et 36 % de demandeurs d’emplois d’origine étrangère.

La Seine-Saint-Denis avait été la seule à avoir été épargnée, en 2005, par la baisse sensible des crédits d’Etat aux associations. Elle bénéficiait déjà d’un très fort financement de l’Agence nationale de la rénovation urbaine pour rattraper le retard pris depuis des années dans la réhabilitation des logements. Sans compter la dotation de solidarité urbaine aux communes, en forte hausse depuis 2005.

A la suite des émeutes, les crédits au titre du fonds d’intervention pour la ville (FIV) qui devaient rester stables dans le budget 2006 ont crû de 70 % contre 40 % en moyenne ailleurs. L’enveloppe est passée de 6 à 10 millions. Cette hausse résulte directement des violences urbaines. La moitié de ces crédits doivent bénéficier aux associations pour lesquelles, comme partout, la préfecture a délivré les subventions avec beaucoup plus de célérité que les années passées. Plus de 1 million d’euros a été versé en avril aux associations contre 111 000 euros en 2005, à la même période.

La ville la plus "chouchoutée" selon Eric Raoult, maire (UMP) du Raincy et député de la circonscription, est sans aucun doute Clichy-sous-Bois où les émeutes ont démarré après la mort de deux jeunes électrocutés, poursuivis par la police, le 27 octobre 2005. Les crédits d’Etat aux associations y ont crû de près d’un quart. La ville a reçu la promesse d’un futur commissariat de police, elle qui réclamait depuis des années d’avoir des policiers sur place pour éviter les "opérations coup-de-poing" des CRS.
"Événement considérable", selon le maire (PS) Claude Dilain : l’annonce, jeudi 4 mai, par Jean-Paul Huchon, président (PS) de la région, du raccordement du futur tram-train T4 à Clichy et Montfermeil. De 40 minutes en bus, il ne faudra plus, dans quelques années, que 10 minutes aux Clichois grâce au tram pour rallier le RER E à Bondy. La région s’est, par ailleurs, engagée à verser 2 millions d’euros pour la reconstruction du gymnase Armand-Desmet de Clichy, presque entièrement brûlé pendant les émeutes.
"Nettement insuffisant"

Les trois collèges de la ville sont inclus dans le programme "ambition réussite" qui a succédé, début 2006, au régime des zones d’éducation prioritaires. Dans le département, seize établissements au total entrent dans le dispositif. A la prochaine rentrée scolaire, ils bénéficieront de moyens supplémentaires et d’enseignants expérimentés.

En matière d’emploi, deux nouvelles zones franches urbaines (ZFU) vont être créées à cheval sur cinq villes. Celle de Clichy-Montfermeil doit être étendue. Tout n’est pas rose pour autant.

En 2004, les 4 000 entreprises en ZFU ont déclaré 3 000 embauches. Les effets sont limités sur les quartiers. Même s’il a baissé de 3 points depuis novembre, le chômage à Clichy-Montfermeil est encore à 21 %. "Qu’on mette Peugeot ou Pechiney à Montfermeil !, assure Xavier Lemoine, maire (UMP) de la ville. Tant que les jeunes se présenteront avec un chewing-gum, la casquette en arrière et le jean troué, ils ne seront pas embauchés." Avec l’argent nouveau versé aux associations, M. Lemoine vient de créer des "stages de comportement" pour les jeunes.

La Seine-Saint-Denis "est mieux traitée que d’autres départements, mais c’est nettement insuffisant par rapport à la réalité", conteste Hervé Bramy, président (PC) du conseil général. Son budget ploie sous le poids croissant des RMistes - 52 000, au total. L’élu réclame 80 millions d’euros à l’Etat pour compenser le transfert de cette charge au département depuis 2005. Il a tiré toutes les sonnettes des ministères et celle de l’Elysée pour obtenir "une dotation spéciale pour l’égalité républicaine". "Officiellement, je n’ai encore rien reçu", affirme-t-il.

Laboratoire de la politique de la ville, depuis longtemps, Aulnay-sous-Bois a beau avoir un plan de lutte contre l’échec scolaire rodé, une Maison de l’emploi depuis 2001 et une zone franche qui fonctionne bien, la commune a vécu trois jours d’émeutes en novembre.

" Si on pouvait tout régler avec des dispositifs nouveaux, il y a belle lurette qu’on n’aurait plus d’ennuis chez nous", soupire Gérard Gaudron, maire (UMP) de la ville.

Béatrice Jérôme

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