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Le collège Travail à Bagnolet (93) veut entrer en ZEP

10 mars 2006

Extrait de « L’Humanité » du 09.03.06 : Travail turbine pour devenir ZEP

À Bagnolet, le collège Travail entame sa cinquième semaine de lutte.

Tableau blanc sur gazon vert. Quelques tables alignées sous des arbres affligés par l’hiver et des chaises fichées dans un sol mou. Assis dessus, des enfants. Face à eux, une banderole. Classe en plein air un jour de mars, devant le collège Travail de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, qui entamait, lundi, sa cinquième semaine de lutte.
Mi-janvier, l’établissement se hissait dans l’actualité suite à l’agression d’un enseignant par un élève. Au droit de retrait engagé par les profs succédaient de longues heures d’occupation. Pas un jour sans que les parents d’élèves ne squattent la loge du gardien. Partis d’un incident violent, les questionnements ont muté vers les difficultés budgétaires.

« Pendant des semaines, le hall et plusieurs classes n’ont pas été chauffés, raconte Françoise, mère d’un élève de sixième. Et il n’y a aucun budget pour faire vivre le foyer des élèves. » Endémique, la fragilisation des personnels l’inquiète. « Les enfants sentent bien qu’ils ont affaire à des surveillants dont le statut est précaire, ça n’arrange pas leur comportement. »

Olivier Vinay, prof de sciences et vie de la Terre, relève, pareillement, la dégradation des conditions de travail. « Un poste d’agent d’entretien a été supprimé, les dames de service n’en peuvent mais. » Et note, lui aussi, que ces insuffisances agissent sur la sécurité. Le collège Travail compte deux ailes, deux cours, deux entrées, et 450 élèves. « Mais uniquement six surveillants, dont quatre à mi-temps, et une seule CPE. » À l’étage, des rambardes n’ont toujours pas été sécurisées. Un extincteur est même tombé, une fois, ratant de peu une enseignante.

Enfin, il y a les impacts pédagogiques. « L’absentéisme des enseignants est beaucoup trop important », estime M. Capasa, père à qui l’Italie a légué un accent relevé. Et l’an prochain Travail perdra une sixième. « Pour la première fois depuis 1998, le nombre d’élèves par classe va augmenter dans ce niveau », souligne Olivier Vinay.
Travail a donc rejoint la cohorte des collèges qui, dans le département, luttent pour défendre le principe d’éducation prioritaire. Depuis janvier, une vingtaine sont occupés, chacun leur tour, la nuit le plus souvent. Certains pour être maintenus sous statut ZEP, d’autres pour que celui-ci ne soit pas dévoyé. Travail, lui, demande à y accéder. Devenir ZEP lui apporterait 9 000 euros, versés par le département. « Cela nous permettrait également de coordonner notre travail avec les écoles primaires et le lycée. »

Deux surveillants supplémentaires ainsi qu’une infirmière et une CPE à temps plein ne seraient pas non plus du luxe. Enfin, l’augmentation de la dotation horaire permettrait, par exemple, de multiplier les classes de remédiation.

« Des temps de soutien en petit groupe, qui rendent confiance aux élèves », explique Noëlle Guilbon, enseignante de français. Lundi, c’est un cours comme celui-ci que les profs faisaient descendre dans un jardin public. Il était consacré à la ponctuation. Manière de mettre les points sur les « i ».

Marie-Noëlle Bertrand

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