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Le mouvement en Seine-Saint-Denis et le sort des EP3

1er février 2006

Extrait du site « VousNousIls », le 01.02.06 : Cortège funèbre à Drancy où parents et enseignants enterrent les ZEP

Une centaine de parents et enseignants ont pris part, mardi soir à Drancy, à un cortège funèbre destiné à célébrer symboliquement la mort des Zones d’éducation prioritaire (ZEP), conséquence, selon eux, des mesures du ministre de l’Education nationale.

Lentement, trois professeurs du collège ont porté le vrai cercueil de ce faux enterrement jusqu’à la cité Gagarine, où habitent la plupart des élèves du collège Paul Langevin, à l’origine de cette manifestation. Au milieu de la couronne de papier, était écrit "A notre ZEP bien aimée". Derrière eux, les parents du collège et des écoles voisines avaient allumé des cierges.

Quelques heures auparavant, le ministre de l’Education nationale, Gilles de Robien, avait déclaré, lors d’une visite surprise à Bobigny, que "L’avis de décès des ZEP est caduc". "Aucun collège ne sortira de l’éducation prioritaire en Seine-Saint-Denis", a assuré le ministre pour qui "la désinformation (sur ses mesures pour les ZEP) a atteint des sommets en Seine-Saint-Denis".

Pour Clément Dirson, délégué SNES rencontré dans le cortège, "si désinformation il y a, elle vient des services du ministre de Robien".

"Le ministre vient de reculer sur les ZEP en Seine-Saint-Denis, bravo, mais si des collèges du Val-de-Marne sortent du dispositif ZEP, nous nous sentons concernés", a-t-il déclaré à l’AFP.

Les professeurs du collège Paul Langevin ont également fait part de leur inquiétude après avoir appris que leur établissement perdra 33 heures de dotation horaire à la prochaine rentrée.

Mardi soir, une quinzaine d’établissement de Seine-Saint-Denis devaient être occupés toute la nuit par des enseignants ou des parents pour manifester leur opposition à la politique éducative du gouvernement.

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Extrait du site « Nouvel Obs.com », le 01.02.06 : Suppressions de ZEP : Robien recule

Le ministre de l’Education est revenu sur sa promesse de faire sortir du système de Zone d’éducation prioritaire "100 à 150 collèges".

établissements classés en ZEP peuvent se rassurer. Le ministre de l’Education nationale, Gilles de Robien, a promis mardi 31 janvier qu’"aucun établissement scolaire ne sortira du dispositif d’éducation prioritaire". Le ministre avait pourtant annoncé le mois dernier que "100 à 150 collèges" ne seraient plus classés en ZEP d’ici 3 ans.
"Tous les interlocuteurs syndicaux reçus depuis la semaine dernière reconnaissent la nécessité d’une politique très concentrée, destinée à apporter des moyens supplémentaires à des établissements qui en ont le plus besoin, sans en retirer aux autres", a dit le ministre pour expliquer sa reculade.

Un mouvement de grogne prenait de l’ampleur depuis une dizaine jours en Seine-Saint-Denis, dans des établissements de ZEP notamment, pour condamner ces futures sorties qui se traduisent par moins de moyens alloués.

"Ambition réussite"

Le seul ministre UDF du gouvernement avait annoncé le 13 décembre une réforme du système des ZEP qui devait conduire à retirer des moyens à certains établissements pour les concentrer sur les collèges où les besoins se font le plus sentir.

"Nous allons choisir les 200 ou 250 collèges qui sont le plus en difficulté, pour concentrer sur eux notre effort", avait dit Gilles de Robien. Ces collèges en difficulté devaient bénéficier de moyens supplémentaires à la rentrée 2006. Le ministre avait promis 1.000 enseignants supplémentaires et 3.000 assistants pédagogiques pour ces établissements classés en zone d’éducation prioritaire.
Sur les 900 collèges actuellement classés en ZEP, expliquait le ministre, ceux qui ne seront pas labellisés "ambition réussite" seront classés en EP2 et EP3. Les établissements de niveau deux, qui comprendra les zones urbaines moins sensibles, "continueront de recevoir les moyens actuels", avait affirmé Gilles de Robien. En revanche, "le niveau trois regroupera les établissements appelés à sortir en trois ans du dispositif de l’éducation prioritaire".

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Extrait de « Libération » du 31.01.06 : « Egalité, dignité et justice pour le 93 ! »

Neuf mois après leur appel, ces acteurs économico-politiques de Seine-Saint-Denis font un premier bilan.
Que faire pour changer une certaine image de la Seine-Saint-Denis, sa stigmatisation, sa mauvaise réputation ? En avril 2005, ils étaient quatre-vingt-treize à s’atteler à cette question sous la houlette du président du conseil général (PCF), Hervé Bramy. Un chiffre emblématique qui agrégeait médecins, écrivains, chefs d’entreprise, magistrats, représentants d’associations qui vivent ou travaillent dans le 9-3. Tous s’engageaient pour « mieux faire connaître la richesse et la diversité » de leur département.

Neuf mois ont passé. Samedi, l’Appel des 93 a tenu sa première assemblée générale au Théâtre de la Commune, à Aubervilliers. Le mouvement revendique 2 000 signataires. Beaucoup sont issus des secteurs publics et artistiques. Dans l’assemblée présente au Théâtre de la Commune, on remarque la sous-représentation de ceux-là mêmes qui font le plus les frais de la stigmatisation de la Seine-Saint-Denis : les jeunes. « Nous sommes 2 000, et il nous faut aller à la rencontre des jeunes, affirme Hervé Bramy. Nous devons nous tourner vers ceux dont l’étiquette, à l’aube de leur vie, leur ferme l’espoir de construire leur existence. » L’heure est aux slogans que l’on applaudit dans le confort moelleux des fauteuils de velours rouge. « Je revendique pour le 93 l’égalité, la dignité, la justice », clame Hervé Bramy. Mais, dehors, il fait très froid dans certains quartiers de la République. Le président du conseil général de la Seine-Saint-Denis n’en fait pas mystère : « Nous recherchons 100 millions pour boucler le budget du département. Il est le révélateur des conditions de vie des gens, de la précarité, de la mal-vie. »

Initiatives. Comment, dans ces conditions, concilier manque de moyens et bonnes intentions pour promouvoir l’image de la Seine-Saint-Denis ? L’Appel des 93 compte sur le mécénat d’entreprise pour faire vivre l’aventure lancée par le Comité d’expansion économique de Seine-Saint-Denis (Comex 93) : un bateau baptisé Esprit 93 participera à la Transat AG2R qui partira le 9 avril de Concarneau (Finistère) pour Saint-Barthélemy (Guadeloupe). Le bateau voguera avec le slogan « Nous sommes la Seine-Saint-Denis ». Autre initiative : le 17 mars, des jeunes de Seine-Saint-Denis seront à l’antenne de France Inter de 5 heures du matin jusqu’au soir.

Dans la salle, les propositions fusent. Un habitant de Pantin qui travaille avec des « artistes urbains » s’emballe : « Il y en a marre de filer l’événementiel à des agences de com ! » Il veut « créer une fête où tout le monde ferait quelque chose ». Une juriste de Rosny-sous-Bois, spécialisée dans le droit appliqué aux nouvelles technologies, propose les services de jeunes ingénieurs pour mettre en place une initiation à l’informatique. Une habitante d’Aubervilliers, « écrivain à [ses] heures perdues », prépare un court métrage et projette d’écrire des spectacles pour la fête de l’Appel des 93.

La réunion, qui jusque-là ressemblait à un fourre-tout de bonnes intentions ponctuées d’applaudissements, bascule dans un autre registre de sincérité quand une habitante de la cité des Francs-Moisins prend la parole : « J’ai quatorze jeunes en bas de chez moi. Ils ne croient plus en rien. Ils disent "c’est beau les débats, mais on veut des actes". » Une femme aux longs cheveux roux serre le micro entre ses mains jointes. Elle parle calmement : « J’habite Aulnay-sous-Bois. J’étais sur le terrain en novembre. Moi aussi, j’ai vu des jeunes qui ne croient en rien, qui se disent que les dés sont jetés pour eux. Faire la fête, c’est bien, mais c’est insuffisant. Il faut toucher les pouvoirs publics, les institutions. Arrêtons de faire l’autruche, de mettre des pansements sur la misère. Le loisir, c’est bien, mais c’est en décalage complet avec la réalité. »

Film sur les émeutes. Au fond de la salle, Saïd, de Montreuil, se lève. Avec d’autres jeunes, il réalise un film sur les émeutes de novembre qu’ils veulent aller montrer « en Corrèze, en Ardèche... ». Il trouve que cet Appel des 93 « est une action empreinte d’espoir ». Mais il a un message à faire passer : « Je voudrais dire aussi que je m’en fous d’être une minorité visible. Nous sommes des citoyens français et nous nous battons contre la discrimination positive. Moi, je mange français, je dors français, je demande juste à faire ma vie. Moi, je ne vous connais pas. Je veux d’abord apprendre à vous connaître pour vous respecter. »

Bernard Defrance, professeur de philosophie à Stains, prend la parole au premier rang : « Il se passe des choses très graves dans l’éducation. On veut évacuer les "cancres" dès 14 ans et racler l’élite de la banlieue vers les classes prépa. Il faut que l’Appel des 93 puisse soutenir le mouvement des profs. » Une autre voix suggère également que les 93 soient présents « au bord » de la manifestation du 7 février contre le contrat première embauche (CPE).

« Urgence sociale ». Pour Hervé Bramy, le mouvement lancé il y a neuf mois ne pourra pas tout couvrir « entre l’urgence sociale et l’image du département ». « Nous devons participer à la labellisation de la Seine-Saint-Denis. Nous devons travailler cette image populaire du département dans lequel vivent des gens aux conditions de vie modestes, mais qui sont chaleureux. » Pour « l’urgence sociale », le président du conseil général a son idée : un appel des élus et des représentants associatifs du 93 au président de la République « pour lui dire qu’il faut traiter la rupture de l’égalité républicaine à l’égard de ce département ».

Jacky Durand

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Extrait de « Libération » du 31.01.06 : Débat sur l’école ce soir à Pantin

L’appel des 93 organise une série de débats publics intitulés « les Mardis du 93 » sur des thèmes comme la formation, l’accès au travail, les jeunes, la police et la justice. Le prochain débat, intitulé « On n’est pas des cancres ! », sur l’école et l’insertion professionnelle, se déroule aujourd’hui à partir de 18 heures au restaurant associatif Le Relais, 61, rue Victor-Hugo, à Pantin (métro Eglise-de-Pantin).

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Extrait de « L’Humanité » du 31.01.06 : « On apprend à banaliser les tensions quotidiennes »

Éducation . Après l’agression, mardi, d’une enseignante par un élève de sixième, retour au collège Lenain-de-Tillemont, à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Côté rue, sur le trottoir, un enfant, douze ou treize ans, la bouille noire, l’air timide. Ou transi - la température est glacée. Il se balance sur ses pieds, le nez dans sa doudoune. Côté cour, derrière la grille, des parents qui sortent au compte-gouttes du bâtiment central. Lui cherche à savoir quand reprendront les cours. Eux quittent, en fin d’après-midi, une réunion convoquée par l’équipe du collège Lenain-de-Tillemont, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). « On nous dit qu’il y a eu 261 actes de violence depuis le début de l’année », souffle un couple. « Un gamin a même fini à l’hosto. Jamais nous n’avons été informés de cela », enchaîne l’homme, un couffin à son bras. « Il faut qu’un prof soit agressé pour que l’on sache ce que vivent nos enfants... »

une Pétition est lancée

Dubitative, une femme s’étonne. « Lenain n’est pas comme ces collèges qu’on montre à la télé... Je vais lire le papier, je verrai après si je signe », dit-elle, montrant une pétition pliée entre ses gants. Une autre s’affirme plus décidée. « Les profs ont complètement raison. Je viendrai lundi (aujourd’hui - NDLR), et après s’il le faut, pour faire signer la péti- tion. » À l’origine de cette mobilisation, une agression la semaine dernière. Un élève, qui a serré le cou d’une prof jusqu’à ce qu’un autre enseignant intervienne. La presse a parlé de tentative d’étranglement. « Soyons clairs, cet enfant n’a jamais eu l’intention de tuer sa prof », souligne Jean, un enseignant. Les journaux ont aussi raconté que les autres gamins avaient ri, applaudi. « On ne sait pas d’où sort cette version... » Les mots hésitent, entre le souhait d’être objectif et la peur de ne plus être entendu sur la gravité de l’incident. Parce qu’on lui demandait de présenter son carnet de liaison, le gamin s’est senti agressé, peut-être humilié, au point de se retourner contre une professeure. La petite histoire qui dit la grande.

Autour d’un café, des profs parlent, en vrac, de cette quotidienneté. Les portes qui s’ouvrent avec fracas, les bousculades dans des couloirs étroits. « "On joue", c’est ce qu’ils nous répondent », note Isabelle. Sans maîtriser toujours la limite du jeu. « Une fois, en plein cours, un élève s’est levé pour en frapper un autre... » Depuis le début de l’année scolaire, 182 jours d’expulsion ont été prononcés, lors de 14 conseils de discipline. Parfois pour « attitude dangereuse ». Une salle dégradée, des chaises jetées dans l’escalier... Les insultes, elles, sont encore plus fréquentes. « Bouffons, fils de pute », entre eux. À l’égard des enseignants, les automatismes de langage - « vas-y, lâchez-moi... » - priment sur les injures. Même involontairement, la gestuelle est parfois agressive. « Certains ne nous "calculent" pas, nous marchent presque dessus en entrant dans la classe », raconte Isa, les mains lovées autour d’une tasse fumante.
Les seuils de tolérance varient d’un prof à l’autre. Ils encaissent, s’habituent. Se braquent ou banalisent. « De la même façon que l’on finit par prendre de la distance avec la pauvreté, dans le métro », illustre Lydia. Mais la tension existe, insidieuse, presque inconsciente. L’agres- sion de leur collègue a secoué tout cela. Faisant valoir un droit de retrait qui les autorise à cesser le travail en cas d’insécurité, tous insistent néanmoins : la violence quotidienne met d’abord en danger les élèves.

« On accroît la ghettoïsation »

Une violence en partie importée de l’extérieur. « Il faut voir ce que certains gamins ont vécu avant même d’avoir douze ans... » L’exemple d’une fillette qui sèche régulièrement, parce qu’elle et sa soeur n’ont qu’un jeu de vêtements, illustre une précarité générale et croissante. Dans le quartier, 85 % des familles sont classées dans les catégories socioprofessionnelles défavorisées. Elles étaient 60 % en 1998.

Une violence en partie suscitée, également, par une institution qui refuse de mettre en place les dispositifs d’aides ad hoc. Reprenant l’exemple de 1998, Jean décortique : « À l’époque, nous avions 12 aides-éducateurs et 100 élèves de moins. » Aujourd’hui, les surveillants sont 10, à temps partiel. Des projets de classes, efficaces, visant à refidéliser des élèves absents, n’ont pas été reconduits cette année. Sans explication. La classe pour les élèves non francophones n’a, elle, jamais été obtenue. Pas plus qu’une réponse à la demande, formulée depuis 2001, que soit redessinée la carte scolaire pour favoriser la mixité sociale. De façon étrange, un quartier également sinistré, mais situé à vingt minutes de bus, est rattaché au secteur de l’établissement. « Est-ce être parano que de se dire que l’on organise la ghettoïsation ? »

Scolairement humiliés, les mômes prennent peu à peu conscience des écarts qui se creusent entre leurs exigences et ce qu’on leur fait vivre. Et se fâchent. « Car ils ont profondément cons- cience de l’importance de l’école », estime Jean. Un paradoxe, quand ils n’adoptent pas le comportement attendu d’un élève ? « Le paradoxe, estime Isabelle, c’est que l’institution scolaire n’admet pas qu’il est de sa responsabilité d’apprendre aux enfants à devenir des élèves, avec tous les codes que cela implique. » Sur l’avenir des enfants, c’est sûr, l’école ne peut pas tout, mais elle n’est pas non plus impuissante. « Encore faut-il qu’elle le décide », note Lydia. Les cours ne devaient pas reprendre ce lundi, déclaré journée portes ouvertes.

Marie-Noëlle Bertrand

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Extrait de «  L’Express » du 27.01.06 : Les profs ne veulent pas être "ghettoïsés"

Les enseignants étaient nombreux à faire grève jeudi en Seine-Saint-Denis pour dénoncer le climat d’insécurité dans lequel ils exercent et les réponses inadaptées du gouvernement.

La grève, hier, des enseignants de Seine-Saint-Denis, pour dénoncer le climat d’insécurité dans lequel ils exercent, a été fortement suivie. 35 % en primaire, 42 % en collège, 18 % en lycée et 4 % en lycée professionnel, selon les chiffres du rectorat, entre 50 % à 60 % en moyenne aux dires des syndicats.

Précisément à l’origine de cette manifestation : un nouvel incident violent survenu mercredi au collège Lenain de Tillemont à Montreuil, un mois après l’agression au couteau de Karen Montet-Toutain à Etampes. Cette fois, c’est une jeune enseignante, enceinte, qui a été victime d’une tentative d’étranglement de la part d’un élève de 6e, sous les applaudissements de sa classe.

Le tout sécuritaire

Cette recrudescence de la violence a également provoqué, au sommet, plusieurs déclarations d’intention. Il faut dire que le thème de l’insécurité est porteur : 74 % de parents d’élèves souhaitent l’installation de permanences policières dans les établissements, à croire un sondage publié la semaine dernière par l’Education nationale. Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a ainsi prôné l’adoption "de façon solennelle", par les enseignants, les parents et les élèves, d’une "loi de l’Ecole" pouvant aller "jusqu’au rappel à la loi par le maire ou par le commissaire de police si cela le justifie". Le chef de l’UMP a également souhaité "un partenariat plus resserré avec la police et la gendarmerie", tout comme le ministre de l’Education nationale Gilles de Robien, dont le "plan de relance pour l’Education prioritaire", présenté le 13 décembre dernier, n’a pas été très chaudement accueilli par les enseignants.

Incompréhension

"Les annonces Villepin, Borloo, Robien dans la lignée de la loi Fillon sacrifient l’éducation des jeunes de milieux populaires", critique ainsi le principal syndicat des collèges et lycées, le Snes-FSU, pour qui la disparition programmée des zones d’éducation prioritaire (Zep) au profit d’un nombre restreint de collèges "ambition réussite" (EP1 ou Education prioritaire 1), revient à "un dynamitage de la politique d’éducation prioritaire". Les professeurs de Seine-Saint-Denis, département qui compte 64 collèges classés Zep, sur 119 au total, dont une quinzaine de futurs EP1, redoutent de leur côté un contre-effet de ghettoïsation. Ils soulignent notamment la double peine sociale infligée, selon eux, aux trois collèges de la ville de Clichy d’où sont parties les violences urbaines de novembre dernier, bientôt classés EP1 alors que déjà stigmatisés à la suite des émeutes dans les banlieues.

Selon la nouvelle disposition ministérielle, les collèges EP1 bénéficieront, outre des moyens accrus, d’une dérogation à la carte scolaire qui permettra aux élèves "méritants" - ayant eu mention bien ou très bien au brevet - de choisir un autre lycée que celui du secteur. Une décision jugée "catastrophique " par Antoine Germa, professeur au lycée Nobel de Clichy-sous-Bois : "On va condamner à mourir des lycées ayant par ailleurs de bons résultats en les vidant des meilleurs éléments." La notion même d’élèves "méritants" suscite d’ailleurs des interrogations parmi les professeurs grévistes, qui dénoncent une "politique éducative qui ne propose que des mesures individuelles et dérogatoires au lieu d’avoir l’objectif d’une éducation pour tous".

Les mesures finales pour l’éducation prioritaire, qui concernent 1,7 millions d’élèves en France, soit un jeune sur cinq, seront quoi qu’il en soit arrêtées "dans le courant du mois de février", a précisé le ministre.

Pauline Lecuit

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