> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. Prior. Positions de l’OZP > A propos du mouvement dans le 93 et des mesures sur les ZEP

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

A propos du mouvement dans le 93 et des mesures sur les ZEP

31 janvier 2006

VOIR LES REPONSES EN BAS DE L’ARTICLE

Le 31.01.06 :

Sortir le débat sur les ZEP de la confusion

L’éducation prioritaire concerne les territoires où se conjuguent échec scolaire et exclusion sociale. Des évènements violents ou un climat de violence chronique n’appellent pas forcément un classement en éducation prioritaire. Une réflexion sur la violence, à partir des propositions des mouvements pédagogiques et de l’observatoire international de la violence, est nécessaire pour éviter les amalgames.

Le débat sur l’éducation prioritaire se poursuit dans la confusion. Parmi les annonces du ministre dans ce domaine, il y en a de positives et elles sont essentielles : un dispositif de pilotage fort, la révision de la carte des ZEP et un effort important pour les 250 collèges les plus en difficulté.

Déjà difficiles à mettre en œuvre, elles sont éclipsées dans le débat public par d’autres annonces plus contestables ou même franchement négatives comme l’apprentissage à 14 ans ou l’écrémage des meilleurs élèves de ZEP sans oublier, en toile de fond, l’objectif d’une réduction forte des moyens de l’éducation.
Mais surtout les contrecoups des révoltes de l’automne et de faits divers dramatiques amènent à tout percevoir à travers le prisme de la violence. Il est nécessaire de conserver son sang-froid. L’invocation d’un « droit de retrait » se propage dans des collèges d’Ile de France. Compréhensible en tant qu’appel au secours ou protestation contre l’indifférence de la hiérarchie et de la société, cette revendication peut être aussi comprise comme une demande d’exclusion de certains jeunes qui ne seraient pas éducables : il faudrait les sortir des collèges.

Des réactions plus militantes évitent ce terrain dangereux, mais, en essayant de rassembler toutes les inquiétudes et les colères, dans une attitude de rejet global, elles ne s’embarrassent pas d’analyses rigoureuses, proclament la « mort programmée des ZEP » et réclament des moyens supplémentaires importants, et cela sans jamais les lier à d’autres pratiques pédagogiques ni à un autre fonctionnement des établissements.
En outre, on veut faire croire, contre tous les démentis, que les moyens supplémentaires des collèges « ambition-réussite » seront pris sur les établissements qui sortiront du dispositif d ‘éducation prioritaire dans les trois ans.

La conscience de la détresse de certains territoires devrait conduire à saisir l’occasion présentée par une partie des annonces de décembre : un ensemble cohérent de mesures que nous attendions depuis de nombreuses années, permettant de sortir l’éducation prioritaire d’un immobilisme destructeur.

Les priorités de ceux qui militent pour l’éducation prioritaire devraient être que :

 le dispositif de pilotage se mette en place ;

 la liste des collèges « ambition réussite » comprenne d’abord les écoles et les établissements en détresse ;

 le renforcement des équipes de direction et des équipes pédagogiques permette d’y élaborer des projets pour la réussite, dès la petite enfance, et d’assurer l’accompagnement dense des enseignants ;

 L’ensemble de l’éducation prioritaire actuelle soit réactivé, comme prévu dans le second train de mesures annoncé, les moyens étant maintenus partout comme s’y est engagé le recteur de Créteil pour ce qui concerne la Seine-Saint-Denis.

Une attitude de rejet global risque de faire échouer une évolution de l’éducation prioritaire que, malgré ses défauts et ses lacunes, tous les acteurs de ZEP souhaitaient après des années d’abandon par les ministres successifs.

OZP, le 31.01.06

Répondre à cet article

2 Messages de forum

  • Je ne comprends pas...

    25 avril 2006 15:39, par Laurent Carceles

    Bonjour,

    Néo-titulaire à Aubevilliers dans deux étbalissements ZEP, dont l’un "passe" en EP1 et l’autre en EP2, je ne comprends pas, au sens premier du terme, vos positions. Donc je vous questionne :
    Je cite :

    "Les priorités de ceux qui militent pour l’éducation prioritaire devraient être que :
    - le dispositif de pilotage se mette en place ;"

    N’y a-t-il pas un risque d’accepter un dispositif de pilotage qui nous semble sans volonté -et qui sera donc sans effet ?
    Les collègues qui travaillent dans l’établissement EP1 se demandent que signifie le dispositif dont il est question. Ceux qu’on a appelé, par ironie, les super-profs, devenu, par baptême législatif, "professeur référent", ne sont pas des personnes valorisées, et sont recrutées pas un chef d’établissement qui n’a pas le minimum d’appui des professeurs ! De plus, il a été question que ces professeurs soient, tour à tour, une jeune collègue qui désire rester sur l’établissement, car, dernière arrivée et poste supprimé, elle doit partir, puis deux collègues plus expérimentés mais qui manifestent un ras-le-bol des élèves et une démotivation visible. Dans ce cadre, que signifie le terme de référent ? N’est-ce pas une poudre aux yeux supplémentaire avec personne qui se porte garant, un organisme comme le vôtre par exemple, des choix et d’orientations décidées. Les IA venus nous "vendre" l’Ambition réussite n’on fait renforcé ces méfiances.

    "- la liste des collèges « ambition réussite » comprenne d’abord les écoles et les établissements en détresse ;"

    Pourquoi plutôt réduire la liste que de marquer d’un nouveau label les endroits où il reste tant de choses à faire ?
    Très discutable, une liste. Toujours me direz-vous. Le problème, c’est que le discours du gouvernement n’est pas : mettre des moyens supplémentaires sur des établissements pour qui ZEP ne veut ou n’a jamais rien voulu dire, mais bien de réétiqueter tout le monde. Certes, à force de cumuler les étiquetages, que signifie-t-il ? Plus rien de discriminant. Cependant, l’établissement EP2 où je travaille, s’il peut avoir trois CPE et un nombre d’élève intéressant par classe, c’est parce qu’i est ZEP. Et les moyens supplémentaires qu’il détient sont fondamentaux. Aider ceux qui sont "le plus en détresse", pourquoi pas. Mais le discours du gouvernement ressemble plus à : la répartition a été mal faite, certains établissements vont mieux, concentrons nos efforts sur les plus en difficulté... EN REDISTRIBUANT LES CARTES... J’ai bien entendu M. De Robien dire que le refrain "plus de moyens" n’était pas entendable pour lui, car il était celui que tous ses prédécesseurs avaient entendu... Pourquoi pas... Mais quelle solution propose-t-il, si ce n’est de l’économie de moyen plus que de la gestion économique.

    "- le renforcement des équipes de direction et des équipes pédagogiques permette d’y élaborer des projets pour la réussite, dès la petite enfance, et d’assurer l’accompagnement dense des enseignants ;"

    Renforcer par qui, par quoi et surtout de quelles manières ? Les professeurs référents ? Les Aides éducateurs (qui ne seront pas des enseignants et qui pourtant feront de l’aide aux devoirs) ?
    Je suis en collège. Je n’ai fait qu’un bref passage lors d’un stage, l’année dernière, dans une école primaire. Une institutrice avait récupéré un petit William, déjà bien grand, en CM2, très vif mais incapable de se tenir en cours. Faut-il l’éjecter ? Faut-il le garder ? Il arrive en cours d’année... Qu’est-ce que cela signifie ? Pas d’information.
    Cette année, il y a eu deux fois des nouveaux en cours d’année dans la classe de 6ème où j’enseigne le français. Je ne l’ai su que par les élèves. Leur départ -sans raison communiquée, et donc sans possibilité de rendre humain leur départ, en leur disant bonne chance- a été, de la même manière, non prévu et décidé du jour au lendemain.
    Bien sûr, il faut renforcer les équipes. Mais le renforcement prioritaire, c’est celui de mettre de l’humain partout, à tous les niveaux. Les CPE sont débordés par leur fonction de garde-chiourme alors que, dans les textes, j’ai découvert qu’ils sont désormais considérés comme éducateurs aussi !! Qu’enseignent-ils à des enfants qui disparaissent sans aucun cérémonial ? Où est la société ? Ce n’est pas les copains d’abord, où "cent ans après, coquin de sort, il manquait encore". C’est le trou qui se referme aussi vite qu’il s’est formé. Comme à la télé se succèdent les massacres et les publicités.
    L’absence tragique d’interlocuteur psychologique constant au collège est un exemple de ce manque d’humain. Jusqu’à entendre des professeurs, qui ont adressés des enfants en difficulté à l’extérieur, en CMP, et entendre les psychologues dirent « On ne peut rien faire, ce sont des handicapés sociaux »... Dans ce cas, A QUOI SERT-ON ?
    Pour moi, le référent et le renforcement doivent se faire dans des structures où les professeurs sont plus nombreux, en concertation et mieux soutenu. Mais pas simplement dire, il faut que les professeurs soient plus au collège (c’est ridicule : quand ivre ? Nous sommes, d’autant plus dans des milieux culturellement défavorisés, des charnières culturelles, nous devons avoir le temps de nous informer, de nous ressourcer pour amener le monde VIVANT dans les collèges, pas du savoir MORT), mais bien créer des référents autour de personnes comme M. De Merieu qui viendrait non pas enseigner quelque chose au professeur mais bien les mettre en activité, leur proposer des activités à faire avec les élèves : créer de l’expertise comme nous le disait le très judicieux Patrick Rayou à l’IUFM de Créteil.

    "- L’ensemble de l’éducation prioritaire actuelle soit réactivé, comme prévu dans le second train de mesures annoncé, les moyens étant maintenus partout comme s’y est engagé le recteur de Créteil pour ce qui concerne la Seine-Saint-Denis."

    Pourquoi ce mot de réactiver ?
    Je ne crois pas, au su de tout cela, qu’il n’y ait plus à ré-activer. Ce qui est mort, ce sont les zones où les gens ne se frottent plus au conflit permanent du réel. Si c’est réactiver pour qu’on en parle à la télé, inutile. Si c’est réactiver comme un mot programmatique, où ce sont les professeurs, qui se bougent chaque jour pour tenter de mettre en présence un savoir vivant avec des élèves en vie, alors oui. Si c’est réactiver pour que des établissements qui sont des catastrophes architecturales soient repensés par des architectes pour REvivre, et non les raser et recommencer d’autres bêtises, alors oui. Si réactiver c’est enfin comprenne où le gouvernement trouve l’argent qu’il semble ne pas vouloir mettre -c’ets vrai qu’il y a d’autres dossiers tout aussi prioritaires que l’éducation...- et que ce n’est pas l’argent des EP3 qui à terme financera les projets mis en place dans trois ans dans les EP1, alors oui...
    Mais tout cela me semble si loin des préoccupations de l’Ambition réussite...

    Si vous pouvez m’éclairer sur ses points, je serais fort intéressé, d’autant que je demande à rempiler l’année prochaine dans l’un de ces établissements.

    Merci

    Répondre à ce message

    • Réponse (un peu tardive) 8 mai 2006 17:34

      Vous ne comprenez pas, dites-vous ? Oui, manifestement nous nous faisons mal comprendre, parce que, sans vouloir vous récupérer, je pense que nous sommes d’accord sur l’essentiel.

      D’accord pour dire que dans les collèges de ZEP, plus qu’ailleurs, il y a un grand besoin de temps - temps d’enseignant de CPE et de personnel de direction - pour s’attaquer aux problèmes que vous décrivez dans le § « renforcer », pour gérer les difficultés, pour organiser des projets en concertation, de la formation dans l’établissement et créer cette expertise collective que vous demandez.

      D’accord aussi sur le sens que vous donner à « réactiver ».

      Nous partageons aussi (avec sans doute un peu moins de pessimisme) les mêmes craintes sur la « volonté » de ceux qui piloteront sur le terrain et sur le risque que le recrutement des 1000 postes de professeurs expérimentés ne permette pas toujours de constituer les équipes dont les ZEP ont besoin pour réussir.

      Alors pourquoi une liste ? Parce que nous voyons mal comment un dispositif dérogatoire peut fonctionner s’il est trop dilué.

      J’ajouterai une autre difficulté : on peut craindre qu’il soit difficile de se mobiliser autour de la mise en œuvre de pratiques pédagogiques et de dispositifs tels que les IDD ou les cycles à l’école si par ailleurs ces dispositifs sont marginalisés et ces pratiques mises en accusation par le ministre.

      F.- R. Guillaume

      Répondre à ce message