> Vie scolaire : Climat, Décroch., Internats, Santé > Climat scolaire, Harcèlement > Climat Scolaire (Mouvements d’enseignants et parents en EP) > Le mouvement syndical dans les REP/REP+ de Seine-Saint-Denis

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Le mouvement syndical dans les REP/REP+ de Seine-Saint-Denis

28 janvier 2006

Extrait de «  20 minutes » du 27.01.06 : Violences et ZEP au programme des profs grévistes

Journée « école déserte » en Seine-Saint-Denis. La grève des enseignants contre les récentes violences et les mesures gouvernementales a été assez suivie dans le département. Les écoles, collèges et lycées affichaient, hier, 50 à 60 % de grévistes, d’après les syndicats Snes et FSU, 33,9 %, selon le rectorat. Rejoints par des parents d’élèves de la FCPE, des enseignants occupent depuis le début de la semaine des collèges. « Ces actes symboliques sont destinés à montrer que le mouvement s’inscrit dans la durée », assènent-ils.

Argenteuil (Val-d’Oise) s’est ajoutée hier à la liste des villes où les enseignants ont fait valoir leur droit de retrait après des actes de violence (vols d’ordinateur et incendie). Agression d’une enseignante s’interposant dans une bagarre à Montreuil, tir de pistolet à gaz lacrymogène au Blanc-Mesnil... les violences perturbent certains établissements franciliens depuis plusieurs jours. Venu manifester à Bobigny, François Cocq, prof de maths au collège Gustave-Courbet à Romainville, donne le ton : « Chez nous, ce n’est pas une poudrière et pourtant il y avait 95 % de grévistes ce matin. On a le sentiment qu’on a évité le gros pépin mais que si on ne réagit pas, il va arriver. Parfois, on tourne avec un surveillant pour 750 élèves. » Ce mouvement est aussi une réaction aux annonces récentes du Premier ministre. A Dominique de Villepin qui veut un recentrage des moyens sur les établissements et les élèves les plus en difficulté, la Seine-Saint-Denis répond par la peur d’une école « à deux vitesses ».

« Sur les 64 collèges en zone d’éducation prioritaire (ZEP) du département, quinze devraient être dotés de moyens humains supplémentaires grâce au futur label “ambition réussite”. Les autres seraient amenés à sortir du dispositif ZEP d’ici à trois ans », souligne Goulven Kérien, secrétaire général du Snes 93.

Avec la mise en place de l’apprentissage dès 14 ans, « ce seront encore les plus démunis qui sortiront du système scolaire les premiers », soupire Pierre Sigalas, enseignant à Bondy. « Ces jeunes qui sont le plus victimes de discrimination le seront toujours, mais deux ans plus tôt », constate Jean-Yves Rochex, professeur de sciences de l’éducation à l’université Paris-VIII, qui s’est associé au mouvement.

Sophie Caillat

--------------

Extrait du site « VousNousIls », le 28.01.06 : Collège Travail à Bagnolet : parents et personnels maintiennent l’occupation

Les parents et personnels du collège Travail à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) ont annoncé vendredi qu’ils continuaient à occuper l’établissement jour et nuit ce week-end et les jours suivants, pour obtenir plus de moyens.

Des parents, professeurs et surveillants avaient entamé lundi l’occupation 24h/24h de l’établissement après l’agression d’une enseignante le 17 janvier.
"L’occupation du collège par les parents et les personnels se poursuit de jour et de nuit et elle se durcit, puisqu’elle est étendue aux jours de fermeture du collège, samedi, dimanche, mercredi", disent-ils dans un communiqué transmis à l’AFP à l’issue d’une assemblée générale.
Ils annoncent avoir obtenu du rectorat un demi-poste de Conseiller principal d’éducation (CPE) et le remplacement de l’infirmière. "Nous maintenons nos revendications, à savoir : un poste entier de CPE, deux postes de surveillants, un poste d’agent de service, un demi-poste administratif, le classement Zep (Zone d’éducation prioritaire, NDLR) et des heures de concertation", a expliqué vendredi à l’AFP Olivier Vinay, professeur de SVT au collège.

Les professeurs mobilisés demandent désormais également "une augmentation de la dotation horaire" de l’établissement, qui sera, selon eux, en baisse à la prochaine rentrée, ce qui entraînerait la suppression d’une classe de sixième.

---------------

Extrait de « Libération » du 27.01.06 : Grève contre « l’école à deux vitesses »

Forte mobilisation en Seine-Saint-Denis contre la réforme. Le gouvernement réplique sur l’insécurité.

La bataille des mots et des images bat son plein autour du devenir des établissements confrontés à des publics en difficulté. A gauche : une grève, hier, des enseignants de Seine-Saint-Denis. Les syndicats qui appelaient au mouvement (Snes, Snep, SNUipp, Sden-CGT, SUD Education, CNT, etc.) affichent une participation élevée (50 % à 60 %). L’inspection académique pondère sans plus (35 % en primaire, 42 % en collège, 18 % en lycée et 4 % en lycée professionnel).

Angles d’attaque : le gouvernement « sacrifie l’éducation des jeunes de milieu populaire », « va dans le sens d’une école à deux vitesses »... Cibles : l’instauration de l’apprentissage à 14 ans, mais surtout la réforme de l’éducation prioritaire, qui prévoit, à horizon de trois ans, une redéfinition de la carte des zones d’éducation prioritaire (comprendre : des sorties du dispositif).

Au centre des débats : une actualité dominée par la question de la violence scolaire depuis l’agression de Karen Montet-Toutain à Etampes (Essonne). Le nombre d’incidents qui remontent jusqu’aux médias explose. En quelques jours : tentative d’incendie au collège Carnot d’Argenteuil (Val-d’Oise) ; agressions à l’établissement régional d’enseignement adapté Jean-Jaurès à Paris (XIXe) ; tentative d’étranglement d’une enseignante enceinte par un élève de 6e au collège Lenain-de-Tillemont à Montreuil (Seine-Saint-Denis) contestée par le rectorat qui parle d’un « geste intolérable [mais qui] ne peut être présenté comme un acte délibéré d’étranglement ») ; agression d’un élève à la serpette par un autre élève aux abords du collège Jean-Monet de Castres (Tarn) ; intrusion d’un homme de 20 ans armé d’une hache dans un lycée d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)...

A droite, le gouvernement capitalise sur le thème de l’insécurité. Un sondage payé par l’Education nationale et rendu public la semaine passée préparait le terrain : 74 % des parents d’élèves souhaiteraient l’installation de permanences policières dans les établissements. Sitôt sondé, sitôt annoncé : Gilles de Robien a indiqué hier au Sénat que « d’ici à la fin de l’année, chaque établissement devra être muni d’un plan de prévention contre les violences scolaires », incluant un « partenariat plus resserré » avec police et gendarmerie.

Le ministre se rend d’ailleurs aujourd’hui à Londres (Angleterre) où il doit notamment aller à l’école Pimlico, que Xavier Darcos, alors ministre, avait visitée voici trois ans (Libération du 27 janvier 2003) ; un succès qui s’explique entre autres par la présence d’un bobby à demeure dans les murs.

Dans le même temps, le ministère fait savoir qu’il en a assez de la « désinformation » sur sa réforme de l’éducation prioritaire et que, contrairement à ce qu’affirment les syndicats du 93, elle ne se traduira par aucune suppression de moyens « dans les établissements en difficulté ». Mais il omet de rappeler les dizaines de milliers d’emplois supprimés depuis trois ans (aides-éducateurs, enseignants titulaires et non titulaires...) qui nourrissent, selon un proviseur du 93, « un sentiment d’abandon » délétère. Ce terreau de révolte, pour être moins spectaculaire, décrit sans doute mieux la situation morale des enseignants que les rodomontades gouvernementales ou syndicales.

Emmanuel Davidenkoff

Répondre à cet article