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Dédoublement et/ou PDM : nouvelles déclarations du ministre. "Mission impossible" pour manque de postes ?, selon le Café

4 juillet 2017

 

Blanquer : Pas d’engagement sur le budget

Confiance, liberté, pragmatisme, études scientifiques : Jean-Michel Blanquer a égrené ses éléments de langage habituels sur Europe 1 le 2 juillet. Le ministre de l’éducation a été interrogé avec pugnacité sur ses principales réformes. Mais il est resté très prudent dans ses affirmations. Le budget de l’Education nationale sera-t-il sanctuarisé ? Interrogé sur Europe 1 le 2 juillet, JM Blanquer s’est refusé à l’affirmer. Il a également précisé "qu’il travaille" sur la promesse de la prime de 3000 € en Rep+. Et chiffré le coût du dispositif "Devoirs faits" à 150 millions.

[...] Dédoublements : "une nouvelle étape pédagogique"
Sur les dédoublements, le ministre a promis "100% de réussite en CP en Rep+" et cela dès juin 2018. Pour y arriver il mise sur les dédoublements car "les études internationales montrent que ce sui fonctionne c’est la division des classes et pas le plus de maitres que de classes". JM Blanquer n’entend pas supprimer le dispositif mais il ne mentionne plus que sous la forme de deux maitres, dont un PDM, dans une classe à 24. Il a promis de la formation continue pour les enseignants qui devraient bénéficier des meilleurs spécialistes des neurosciences. "Vous assistez à une nouvelle étape pédagogique", s’est félicité JM Blanquer, "On va faire en sorte qu’à l’école primaire on sache lire, écrire compter et respecter autrui". Sans doute n’y pensait-on pas avant...

Devoirs faits : 150 millions
Interrogé sur le dispositif Devoirs faits, le ministre a chiffré son coût à 150 millions, une somme supportable pour le budget de l’éducation nationale. Le ministre a indiqué que le dispositif serait étendu aux lycées. Il sera proposé dans tous les collèges dès l’automne 2017.

[...] Rythmes : Enormément de satisfaction
Sur les rythmes, le ministre a rappelé que dans beaucoup de pays on en décide localement. Il estime avoir ouvert une liberté nouvelle. "En réalité il y a énormément de satisfaction autour de qu’on vient de faire", estime le ministre qui recommande quand même aux commune d’attendre 2018 pour revenir aux 4 jours.

Budget : Incertitudes
Interrogé sur le budget, JM Blanquer a d’abord répondu sur la prime de 3000 € promise par E Macron aux professeurs de Rep+. "On est en train de travailler à ses modalités" a précisé JM Blanquer.

Extrait de cafepedagogique.net du 03.07.17 : Blanquer : Pas d’engagement sur le budget

 

Blanquer et le dédoublement : Déjà mission impossible ?

Jean-Michel Blanquer arrivera-t-il à réaliser la promesse d’Emmanuel Macron ? Dès maintenant on peut émettre de sérieux doutes. Pas seulement à cause du manque de locaux. Ce sont les postes qui vont poser problème. La réalisation sur 2017 est déjà largement inférieure à ce qui était prévu. Du coup, l’objectif du dédoublement des CP et CE1 de l’éducation prioritaire, promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale, semble hors de portée pour 2018. Un mois et demi seulement après sa nomination, Jean-Michel Blanquer semble déjà dans l’incapacité de satisfaire l’objectif présidentiel. Ni la musique à la rentrée, ni le discours sur le redoublement, ni la promesse de la réussite et du bonheur pour tous, ni toute la "soap education" agitée par le ministre ne doivent faire oublier le calcul des postes...

Les promesses de campagne d’E. Macron
Rappelons nous les engagements d’Emmanuel Macron. Dans son programme de campagne, le futur président a annoncé le dédoublement des CP et CE1 de l’éducation prioritaire. Son équipe avait fixé à 12 000 le nombre de postes nécessaires, soit 5000 pour le CP et 7000 en CE1. Ce calcul, nous l’avons dit à l’époque, est réaliste.

Où les trouver ? L’équipe d’Emmanuel Macron avait fait un calcul déjà serré. Selon elle, en 2017 tous les CP de Rep+ et presque tous les CP de Rep devaient être dédoublés en utilisant les maitres surnuméraires , les fameux "plus de maitres que de classes" (PDM). Il y avait 5 161 PDM et cela devait effectivement suffire pour la rentrée 2017. Pour la rentrée 2018, l’équipe de campagne annonçait 5000 recrutements et 2000 redéploiements. Ce qui déjà supposait de racler les fonds de tiroir des remplacements...

Où en est JM Blanquer ?
Voyons maintenant où en est JM Blanquer. Pour la rentrée 2017 il a abaissé l’ambition ministérielle au dédoublement des seuls rep+, soit environ 2500 postes. Actuellement , selon certains hauts fonctionnaires de l’Education nationale, 1 700 PDM seront réaffectés en CP . Les 800 postes restants seront pris sur les remplaçants. Nos recoupements personnels, dans plusieurs départements, confirment ces données.

Pour atteindre l’objectif présidentiel le ministre doit donc trouver 9 500 postes pour la rentrée 2018. Et c’est là qu’est le problème.

L’impasse
Le ministre s’est engagé à ne pas mettre fin au dispositif "plus de maitres que de classes". Difficile pour lui d’aller au-delà des 2 500 postes déjà réaffectés. Dans cette optique ce sont 9 500 postes à trouver. S’il ne respectait pas sa parole et supprimait tous les PDM , ou plutôt s’il les "réaffectait en CP et CE1", comme il dit, ça ne règlerait pas son problème. Il lui resterait quand même 7 500 postes à trouver.

Les jeunes enseignants stagiaires recrutés sur concours sont à mi-temps. En 2017 ils compensent juste les départs en retraite. Pour pouvoir atteindre l’objectif de 9 500 postes en 2018 et remplacer les 6000 à 6500 départs en retraite annuels, il faudrait presque tripler le recrutement annuel. Ce qui semble carrément impossible. Et une énorme provocation après la publication du rapport de la Cour des Comptes.

"Soap Education"
Comment Jean-Michel Blanquer peut-il sortir de l’impasse ? On ne peut qu’émettre des hypothèses. Il pourrait le faire en revenant sur les autres politiques menées sous le quinquennat Hollande : supprimer tous les PDM, fermer des classes, saigner à blanc les Rased et vider le vivier de remplaçants qui commence tout juste à se reconstituer. Des mesures qui auraient un coût politique que le président de la République n’a probablement pas envisagé.

Emmanuel Macron est-il prêt à voir sa réforme enterrée ? Probablement pas. Pour le moment son ministre semble surtout réussir à détruire les réformes précédentes. Le retour accéléré à la semaine de 4 jours pourrait bien d’ailleurs annuler les bienfaits attendus par E. Macron du dédoublement en CP CE1.

En attendant , le ministre amuse l’opinion avec ses propos sur la musique, l’épanouissement, "la réussite pour 100% des CP" et autres propos publicitaires. Selon certaines sources, cette agitation médiatique aurait été baptisée "soap education" à l’Elysée...
François Jarraud

PS Contacté, le cabinet de JM Blanquer n’a pas répondu à nos questions.

Extrait de cafepedagogique.net du 03.07.17 : Blanquer et le dédoublement : Déjà mission impossible ?

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