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Dialogue sur l’égalité : école publique et école privée. Débat (Europe à gauche)

14 septembre 2004

Extrait du site « Europe à gauche » du 10.09.04 : dialogue sur l’égalité

Bonjour,

Actuellement, j’ai pu observer depuis mon enfance qu’il n’y avait pas une seule et unique école pour tous. L’école qui devait fournir un socle commun de connaissances à chacun réussit plus ou moins son objectif premier. Mais ce qui est oublié bien trop souvent c’est que l’école n’est pas une fin mais un tremplin pour l’avenir. Et que de plus c’est un endroit où se nouent des relations et des amitiés cruciales pour l’avenir.

Et là je crois qu’il y a un problème majeur ! Si les fils de cadre sont les plus nombreux à remplir les classes préparatoires ou les grandes écoles, ce n’est pas un hasard. Le problème de financement est bien évidemment l’un des points clés.

Mais ce que je trouve le plus préjudiciable, c’est ce système éducatif à deux têtes, c’est-à-dire d’un coté le système public et de l’autre le système privé ; je parle ici des établissements privés à fort taux de réussite, où se retrouvent très souvent des élèves dont les parents sont assez aisés.

Je ne remets pas en cause le travail des enseignants du public, tout le monde sait que le public peut aussi avoir de très bons résultats. Mais ce qui me dérange c’est cette scission des enfants, élèves, étudiants selon leurs appartenances sociales. Cela pousse à un renfermement des « élites » sur elles-mêmes et du coup le mépris bien souvent peut naître entre les classes sociales, ce qui est préjudiciable pour plus tard, notamment en entreprise.
Le problème est d’autant plus grave que ce qui compte ce n’est pas le niveau des élèves mais les relations entre établissements. Ainsi les classes préparatoires ont leur chouchou dans les établissements, et il y a des sortes d’accords entre eux.

Alors que faire ? On ne peut pas casser l’un des deux systèmes, mais à mon avis, il faudrait au moins chercher à les rapprocher, si possible les faire fusionner, en admettant leurs différences évidemment. Ce qu’il faut surtout, c’est démocratisé l’accès aux établissements, la réussite de l’élève doit dépendre d’avantage de sa volonté et de ses capacités.

Il faudrait donc des gardes-fous qui permettraient par exemple de contrôler les entrées des élèves dans les établissements. On pourrait aussi demander aux établissements privés d’annuler les frais de scolarité excessifs, tout en leur laissant la possibilité de recevoir des dons des parents, anciens élèves...

Voilà pour les solutions je ne suis pas trop au point, j’attends vos idées et commentaires. Ce que j’ai voulu dire c’est que le système privé/public produit des inégalités car l’accès des établissements privés est discriminatoire et c’est très dommageable pour notre société.

L’environnement social est déjà un avantage pour les élèves issus de famille aisée car leurs parents ont souvent plus de connaissances car ils ont fait plus d’études et dans le cas où leurs enfants seraient en difficulté ils peuvent aussi les aider financièrement. Par conséquent ne laissons pas les différences du présent se transformaient en inégalités de demain !

« Scalp » septembre 6, 2004 07:46 PM


Je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi Scalp, je pense qu’il faut aller plus loin : ce sont déjà des inégalités patentes à l’heure actuelle et non un danger pour demain. Notre système éducatif, et cela un certain nombre d’études le montre, ne réduit absolument pas les inégalités. Il les reproduit et voire même les creuse. Les enfants de familles aisées ont beaucoup plus de chances au départ que ceux des familles défavorisées, et avoir "la même école pour tous" conserve cette situation de départ. Et c’est cela qu’il faut repenser. C’est pour cela que je viendrai à ton colloque Dominique, pour savoir si la gauche peut proposer des idées réellement modernes et si oui lesquelles.

Rédigé par : « Michel » septembre 7, 2004 11:02 AM


Bonjour,

je ne suis pas tout a fait d’accord avec scalp.
Tout d’abord, il n’est absolument pas dit que les établissements prives aient des "résultats" meilleurs que les établissements. Il y a même des études qui prouvent plutôt le contraire. A "caractéristiques" (notamment sociales) égales, les élèves réussissent mieux dans le public. Ces établissements prives à taux de réussite élevés ne sont pas une réalité, a l’exception des classes prépa a HEC. Dans ce cas là, il existe cependant une alternative publique très correcte.

Le véritable problème est, comme l’explique Michel, que le système éducatif français prend des élèves inégaux et ne les rend absolument pas égaux. Ces inégalités ne sont pas seulement financières ou culturelles. La plus pernicieuse a mon avis est celle de l’ambition. S’il y a beaucoup plus de fils de cadres en prépa, c’est parce que les parents de cadres transmettent cette ambition à leurs enfants. A l’oppose, non seulement les parents plus modestes n’ont pas cette ambition pour leurs enfants, mais ils n’ont même pas l’idée de cette ambition, parce qu’ils ne savent pas que Louis le Grand et Polytechnique existent. C’est ce qui ressort très nettement de l’expérience heureuse de Sc Po. Il faut généraliser ce type de dispositif, en incitant les profs de zep a faire de la détection, et pour donner plus a ceux qui peuvent plus au lycée. Il faut donc niveler par le haut, et c’est général à l’enseignement supérieur. C’est d’une révolution dont je parle...

Rédigé par : « | » septembre 7, 2004 01:48 PM


Le problème de l’ambition que vous avez pointée est énorme en effet.

Pour ma part, ce que j’avais voulu dire c’est que le système privé/public contribuait aux inégalités, d’une part parce qu’il éloignait les élèves entre eux mais d’autre part en raison des copinages entre lycées et écoles, entre lycées et classes préparatoires HEC comme MP, PC...
Vous pointez le fait qu’avec une seule école pour tous ça ne serait pas forcément mieux en raison de la situation de départ.

Je suis en partie d’accord mais il ne faut pas oublier l’émulation qui peut se développer, je veux dire par là que les élèves issus de famille aisée pourrait entrainer l’ambition de leurs copains vers le haut.

Pour revenir à votre problème d’ambition, je pense qu’on peut difficilement changer l’environnement parental. En ce sens ma proposition visait à changer un petit peu l’environnement scolaire de l’élève.

Maintenant que pouvons nous faire pour ne pas reproduire les classes sociales ?

Il faudrait informer réellement les élèves, ne pas leur dire le BEP c’est bien en 4ième, puis la STT c’est bien en 2nde (discours souvent proférés par les conseillers d’orientation).

Il faudrait peut-être dire clairement voilà les métiers qui existent, voilà ce qu’on y fait et voilà ce qu’on y gagne.
Si on explique que plus on a d’argent et plus on peut faire de choses et dans 80% des cas on a plus quand on a beaucoup de diplômes, ça serait un grand pas.

Je n’ai pas dit que l’argent était la source du bonheur mais elle y contribue, il faut le dire et combattre le c’est déjà pas mal de faire ça mon fils.

Il faut expliquer toutes les conséquences qu’impliquent le choix d’une filière. Ainsi on éviterait peut-être les choix biaisés par les origines sociales.

C’est une première solution non suffisante évidemment.

Rédigé par : « Scalp » septembre 7, 2004 03:55 PM


Je lis "en Europe et aux Etats-Unis". A l’ouest, savez-vous qu’il y a aussi le Canada ? Et surtout le Québec, terre d’immigration et d’intégration plutôt bien réussie. Programmes scolaires où on ne commence pas par faire allégeance à un drapeau guerrier.

Rédigé par : « Pfff » septembre 8, 2004 07:38 PM


Scalp,

je suis d’accord avec vous : avoir des bons élèves et des moins bon, des élèves de classes sociales privilégiées et moins dans la même classe est la meilleure chose qui puisse arriver.

Cependant, malheureusement, cela n’arrivera que marginalement tant qu’il n’y aura pas de mixité géographique sociale plus forte. C’est pour cela que je pense qu’il faut tout faire pour aider les élèves de ZEP qui ont les moyens de réussir. C’est ce qui se passait dans les campagnes : les professeurs donnaient de l’ambition aux élèves. Cela ne se passe plus aujourd’hui. J’ai fait tout mon secondaire dans le bon lycée du XVème. J’étais bon élève, et je voulais aller a Louis Le Grand ou Sainte Geneviève en prépa. Mes professeurs ont essaye de m’en dissuader ! Heureusement que je ne les ai pas écoutés car j’ai plutôt bien réussi ! J’ose a peine imaginer si j’avais été en ZEP...

Sur la collusion et le copinage entre les lycées et les prepas, pour avoir vu le système d’assez près, je n’y crois pas trop. Je suis même toujours impressionné par leur professionnalisme et leur « nez » pour savoir qui va réussir entre tous ces gens qui ont des bons dossiers.
Enfin, que peut faire l’éducation pour estomper les inégalités ? Tout d’abord promouvoir ceux qui ont les moyens de réussir (en mots simples, ça veut dire leur donner plus, et non pas moins). Et puis donner des compétences à ceux qui n’ont pas les moyens de faire des études longues. Je reste en effet persuadé que la meilleure protection contre le chômage reste d’avoir un "métier", c’est a dire des compétences non substituables. C’est ça qui donne du pouvoir de négociation sur le marche du travail. Enfin, l’école doit aussi éduquer, toujours éduquer.

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