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L’utilisation des "flashcard" pour lutter contre l’hétérogénéité en classe au collège REP+Jacques Prévert de Marseille 13e : Interview d’une professeure d’appui après une séance avec une enseignante de Segpa

12 janvier 2017

ADDITIF du 22.06.17

Anglais : Des flashcards pour le collège
" Je me suis aperçue que certains élèves n’apprenaient pas régulièrement ou rencontraient des problèmes d’orthographe dus à un manque de rigueur dans l’apprentissage du vocabulaire", raconte Sophie Barthée, professeure d’anglais au collège Jacques Prévert de Marseille. Elle avait gardé un mauvais souvenir des interrogations orales en début de cours. Alors elle s’est tournée vers les flashcards, raconte cet intéressant article du site d’Aix Marseille.

"Une flashcard c’est une image imprimée que je plastifie et que j’aimante au tableau. Chaque début d’heure, je reprends ce qui a été fait au cours précédent avec un récapitulatif à l’oral. Cependant, je trouvais difficile de faire passer tous les élèves en si peu de temps. Les flashcards m’ont ainsi permis de mobiliser quasiment tous les élèves dès les dix premières minutes. J’installe avant leur arrivée en classe plusieurs flashcards en colonne (je mets en général 8 ou 9 colonnes pour autant d’élèves.) Ils viennent au tableau, munis d’une craie et notent le mot à côté de l’image. Une fois que l’élève a fini de compléter sa colonne, je propose à un autre élève de venir le corriger".

Extrait de cafepedagogique.net du 22.06.17 : Anglais : Des flashcards pour le collège

 

L’utilisation des "flashcard" pour lutter contre l’hétérogénéité en classe

Interview réalisée en décembre 2016 à la suite d’une séance avec l’enseignante en classe de SEGPA :

1°) Présentation
Je m’appelle Sophie Barthée, je suis professeur d’anglais au collège [REP+] Jacques Prévert dans le 13ème arrondissement de Marseille depuis septembre 2015. J’enseigne à deux classes de sixième (dont une SEGPA), deux classes de cinquième et une troisième prépa pro.

2°) La "flashcard"
Une flashcard c’est une image imprimée que je plastifie et que j’aimante au tableau, notamment pour travailler le vocabulaire en début d’heure.
Chaque début d’heure, je reprends ce qui a été fait au cours précédent avec un récapitulatif à l’oral. Cependant, je trouvais difficile de faire passer tous les élèves en si peu de temps. Les flashcards m’ont ainsi permis de mobiliser quasiment tous les élèves dès les dix premières minutes. J’installe avant leur arrivée en classe plusieurs flashcards en colonne (je mets en général 8 ou 9 colonnes pour autant d’élèves.) Ils viennent au tableau, munis d’une craie et notent le mot à côté de l’image. Une fois que l’élève a fini de compléter sa colonne, je propose à un autre élève de venir le corriger. En général, les élèves sont très volontaires et cela me permet de dynamiser le début d’heure dans la bonne humeur. Une fois le tableau complété et corrigé, je fais répéter les mots aux élèves et j’insiste sur certaines particularités orthographiques et phonologiques.
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3°) Origine

J’ai commencé à créer des flashcards lors de ma deuxième année d’enseignement, pour expliciter les consignes. Cela me permettait d’expliquer la consigne en anglais par une image, sans avoir à passer par le français. J’ai ensuite créé deux autres flashcards avec ces images que j’aimantais au tableau, pour que les élèves sachent s’ils devaient noter ou non ce que j’écrivais.
- J’ai eu l’idée de créer les flaschards de vocabulaire pour deux raisons.
• Tout d’abord, je garde un assez mauvais souvenir des interrogations de début d’heure lorsque j’étais au collège : le professeur était à son bureau, l’élève devait venir au tableau devant toute la classe et réciter sa leçon par cœur. Étant particulièrement timide, je trouvais ce moment extrêmement stressant et je venais en classe la boule au ventre, de peur d’oublier ce que je devais réciter ou de n’être pas assez rapide, devant cette assemblée de 24 « juges ».
J’ai donc réfléchi à une autre façon de procéder afin qu’aucun élève, timide ou décrocheur, ne se sente mal à l’aise et moi non plus car, rappelons-le, le rôle d’un professeur est de mettre ses élèves en confiance et non dans une position de faiblesse.
Ainsi, les élèves sont plusieurs au tableau tandis que je suis assise à la place de l’un d’entre eux, parmi leurs camarades. L’ambiance me paraît ainsi plus sereine et l’inter-correction permet selon moi de « désacraliser » cette interrogation de début d’heure.
• Enfin, ayant commencé ma carrière dans un lycée général et technologique, je me suis rendu compte que de nombreux élèves manquaient de vocabulaire ou faisaient un mélange anglais / français, rendant leurs productions difficile à suivre. J’ai donc pensé qu’il fallait mettre l’accent sur l’apprentissage du vocabulaire dès les petites classes. J’ai choisi l’utilisation de flashcards car selon moi, le lexique se mémorise plus facilement lorsqu’il est associé à une image.
- Cette pratique de début d’heure est selon moi efficace à deux niveaux :
• En effet, même l’élève en difficulté ou celui qui n’a pas appris rigoureusement va pouvoir être valorisé à travers cette activité : même si l’élève ne connaît qu’un mot, il pourra très bien aller corriger un camarade qui serait bloqué.
• D’autre part, il va observer ses camarades au tableau (et mémoriser inconsciemment quelques mots à force de les voir écrits).
J’ai également mis en place d’autres flashcards (des sortes de « cartes mémoires »), un peu plus grandes (la moitié d’un format A4) que je distribue parfois à mes élèves lors de travaux de groupe ou lors d’évaluations formatives. Je note les informations essentielles qui permettront à tous les élèves de réussir. Même ceux qui ne connaissent pas la leçon peuvent réussir.

4°) Difficultés en amont chez les élèves

Je me suis aperçue que certains élèves n’apprenaient pas régulièrement ou rencontraient des problèmes d’orthographe dus à un manque de rigueur dans l’apprentissage du vocabulaire. (« rabbit » écrit avec un seul « b », ride écrit sans le « e », changeant la prononciation et le sens du mot etc…)
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5°) Avantages de l’utilisation de cet outil (conception et mise en œuvre)

L’utilisation de flashcards permet d’éviter de passer par le français et surtout de devoir noter les mots en colonne à l’interclasse, alors que les élèves attendent dans le couloir. Aimanter ces images se fait rapidement donc je ne perds pas de temps et les yeux des élèves se fixent sur le tableau dès l’entrée en classe.

6°) Inconvénients (conception et mise en œuvre) ?

• La conception de ces flashcards est assez longue car il faut trouver l’image qui correspond au mot de façon précise afin que l’élève n’ait pas à demander à quel mot l’image fait référence. Ensuite, il faut les imprimer, les plastifier et les découper.
• En ce qui concerne la mise en œuvre, il n’y a pas vraiment d’inconvénients. Nous avons intégré une question liée à ces flashcards dans notre Classroom English (Miss, can I remove the flashcards, please ? Madame, est ce que je peux retirer les flashcards ? ) Ainsi, si l’élève a fini de noter sa leçon, il peut venir retirer les aimants du tableau, ce qui me rend service pour le cours suivant.

7°) Fréquence d’utilisation

Lorsque ce qui a été étudié ne s’y prête pas, je n’utilise pas de flashcards mais c’est assez rare dans les petites classes car l’apport lexical est important donc en 6e / 5e, je les utilise quasiment à tous les cours ou une fois sur deux. Cela fait partie du rituel de début d’heure. Nous rebrassons ainsi tout le vocabulaire de la séquence et pas forcément uniquement celui rencontré la veille.

8°) Effets (positifs et négatifs) chez les élèves

• J’utilise les flashcards quasiment quotidiennement depuis deux ans et je note surtout des effets positifs. Les élèves sont enjoués dès qu’ils voient le tableau et de nombreuses mains sont levées dès que je m’installe parmi eux. Pour les élèves qui n’auraient pas été interrogés, le deuxième tour (celui de la correction) leur permet d’être eux aussi sous les feux de la rampe !
• Un seul bémol, peut-être, serait la notation pour les élèves dyslexiques ou dysorthographiques surtout non diagnostiqués. Mais connaissant les difficultés de chacun, la bienveillance est de mise : si le mot est écrit comme il doit se prononcer, l’élève n’est pas pénalisé. Ainsi, tout le monde a sa chance de réussir et j’essaie de trouver des astuces pour qu’ils essaient de mémoriser l’orthographe des mots.

9°) Y a-t-il un public privilégié pour l’utilisation de cette pratique ?

Les petites classes (6e / 5e et les SEGPA) sont particulièrement conquises par cette pratique. Ils sont plus motivés et la participation se fait plus volontiers. Les élèves de 3e trouvent cela plus infantile donc je ne les utilise que rarement avec eux.
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10°) L’utilisation de cet outil est-elle transférable à d’autres disciplines ?

Oui, je pense que cette pratique est transférable à d’autres disciplines (surtout aux matières littéraires), mais sûrement moins fréquemment utilisable qu’en langues. En histoire géographie par exemple, utiliser des flashcards permettrait de faire placer le drapeau / le nom du pays ou de la capitale sur une carte du monde vidéoprojetée, ou encore des personnages ou des faits historiques sur une frise chronologique elle aussi vidéoprojetée. En français, proposer plusieurs terminaisons dans une dictée vidéoprojetée au tableau : « il est entr -é / -ait / -er. »

11°) Utilisation inter disciplinaire autour de cet outil ?

Pas encore, mais j’y réfléchis pour un projet que je vais mener avec le professeur de SVT, en classe de 5e sur les addictions.

12°) Sites de référence pour aller plus loin dans la découverte de cet outil

Ces sites visent surtout le premier degré car l’utilisation des flashcards est plus facile à mettre en œuvre au primaire, mais sont adaptables à un niveau plus élevé :
Site de l’académie de Poitiers
Les langues étrangères.com

Extrait du CAREP de l’académie d’Aix-Marseille du 21.12. 2016 : L’utilisation des "flashcard" pour lutter contre l’hétérogénéité en classe

 

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