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Retour sur la journée du GFEN du 2 avril 2016 pour "lever les fatalités" (GFEN, Café pédagogique)

6 avril 2016

Les Rencontres de Saint Denis ont eu lieu sur le thème : Pratiques pour lever les fatalités

Quelques bribes des ateliers.

Extrait de gfen.asso.fr du 04.04.16 : Les Rencontres de Saint Denis ont eu lieu sur le thème : Pratiques pour lever les fatalités

 

Gfen : Quelles pratiques pour lever les fatalités ?

Quatre ans après la Refondation, la fatalité pèse encore sur l’école. L’Ecole semble incapable de réduire des inégalités sociales de réussite scolaire que l’on sait croissantes. Mouvement pédagogique, le Gfen organisait le 2 avril une journée pour "lever les fatalités" en mettant en avant des des pistes de réussite. J. Bernardin, MA Grard, R. Bonasio ont éclairé une journée close par JY Rochex et remis un peu d’espoir dans un système éducatif qui en a bien besoin.

Si Jacques Bernardin, président du Gfen, salue "l’esprit de la refondation", il montre aussi en ouverture ses limites. La refondation c’est la promesse d’une école plus juste mais les résultats des jeunes de milieu populaire continuent de chuter. "Repenser l’école pour ceux qui en sont le plus éloignés est judicieux car cela profite à tous", dit-il en présentant Marie-Aleth Grard.

Quand l’Ecole élimine les pauvres..

"Croyez-vous que l’on est plus bête quand on est pauvre ?", interroge MA Grard. Vice-présidente d’ATD Quart Monde, elle a rédigé pour le CESE un rapport remarqué sur l’école et la grande pauvreté. Elle rappelle que els parents qui vivent dans la grande pauvreté veulent que leurs enfants réussissent à l’école.

Or l’Ecole les élimine très tôt. "Les parcours scolaires des enfants pauvres sont édifiants : aucun n’a un parcours normal", dit-elle. Par exemple, on compte 84% d’enfants de pauvre en Segpa. L’Unapei, une association d’enfants handicapés, se plaint que les IME soient pleins d’enfants handicapés de la seule pauvreté. Ainsi va le sort des 1.2 million enfants qui vivent dans la grande pauvreté dans l’Ecole de la République.

Connaître le milieu de la grande pauvreté

Comment rendre l’école plus inclusive pour ces enfants ? MA Grard a repéré quelques pistes qui fonctionnent. Certaines rejoignent le rapport Delahaye comme prévenir les difficultés dès la maternelle, réduire les inégalités sociales dans l’orientation, essaimer le référentiel de l’éducation prioritaire. Elle revient sur l’accueil des parents pauvres à l’école : "rencontrer les parents pauvres n’est pas toujours facile car leur parcours scolaire a été difficile", explique-t-elle. "Ce ne sont pas les moments de fête qui permettent à tous les parents de venir", dit-elle. Ce qu’elle recommande c’est d’inviter les parents dans un moment d’apprentissage.

Elle insiste sur la formation des enseignants à la connaissance du milieu de la grande pauvreté. ATD Quart Monde et le CRDP de Rennes ont réalisé un outil pour former les enseignants à une meilleure relation avec les parents, y compris les parents les plus éloignés de l’école (pour y accéder , contacter MA Grard alethgrard@gmail.com).

Comme JP Delahaye, auteur d’un rapport sur l’Ecole et la grande pauvreté, elle estime que "toutes les pédagogies ne se valent pas" et recommande une pédagogie "explicite, différenciée et de coopération".

Qu’est ce qui fait réussir ?

Comment aller plus loin dans les pratiques ? Le GFEN proposait 9 ateliers sur l’hétérogénéité, les Ulis, le théâtre au collège, le développement durable, l’apprentissage des langues, les représentations sur la pauvreté, les relations avec les parents, les devoirs et les jeunes qui réussissent malgré tout.

Animé par Jean Bernardin, cet atelier sur les jeunes de milieu populaire qui "s’autorisent" à réussir, s’appuie sur un film réalisé par l’association ADSEA 28 et le Gfen 28 pour la ville de Lucé (28). Le film interroge des jeunes qui à un moment donné ont eu un déclic qui les a fait réussir scolairement. C’est partir à la chasse des facteurs de réussite scolaire.

Or ils sont surprenants. "C’est le foot qui m’a sauvé", dit un jeune. Le foot lui a permis de sortir du quartier. "C’est la rue qui m’a formé", dit un autre : c’est elle qui lui a forgé sa personnalité qu’il exploite dans un milieu artistique.

"Dans tous les cas il y a une rupture avec le milieu", constate un professeur du secondaire qui participe à l’atelier. Il y a le refus de l’assignation sociale", souvent d’ailleurs porté par les parents. "Jamais l’école n’est remise en cause ", souligne une professeure des écoles. "On pense avoir un rôle très important mais on n’est pas si essentiel que cela". Au final le "déclic salvateur" tient compte de nombreux facteurs où le lien entre école , famille et les intervenants sociaux s’inscrit.

Les devoirs à la maison une pratique sociale qui a son utilité

Entre les familles et l’école, se tisse tout le tissu des devoirs. Le Gfen a demandé à Rémi Bonasio (université Toulouse Jean Jaurès), auteur d’une thèse sur "la pratique des devoirs en classe et en-dehors de la classe" d’intervenir.

La thèse de R Bonasio va à contre courant du discours dominant sur les devoirs. Ainsi la suppression des devoirs lui semble impossible : "au vu des nombreuses circulaires qui les ont déjà interdits, on n’y arrivera pas", nous a -t-il dit. Mais il juge les devoirs "utiles socialement".

Certes les devoirs à la maison participent de la création des inégalités sociales. Certes il y retrouve les "malentendus" décrits par P Rayou. Mais R Bonasio voit aussi des aspects positifs des devoirs à la maison. Ils sont propices aux rencontres entre enseignants et parents. "Ils permettent aux parents d’avoir prise sur ce qui se fait en classe", dit-il. R Bonasio réhabilite les exercices d’entrainement , les activités qui développent les automatismes.

Mais il insiste sur le lien à faire entre ces exercices et les leçons. Les cahiers de leçons et de de devoir favorisent la circulation entre l’école et la maison, mais il faut que le lien soit fait entre l’exercice et la leçon. Or il n’est pas toujours fait. Même les enseignants donnent souvent les devoirs comme si c’était un moment en dehors du temps scolaire.

Il n’y a pas de fatalité

Il revenait à JY Rochex de clore cette journée particulièrement riche en partage en revenant sur "traquer les implicites pour combattre les inégalités".

Comment se maillent socialisation familiale et socialisation scolaire ? Quels leviers peuvent permettre d’échapper aux pesanteurs sociales ? L’histoire des transfuges montre qu’il n’y a pas de fatalité. Les Rencontres du Gfen font événement par le brassage des publics : chaque atelier réunit des enseignants, des éducateurs spécialisés, des associations d’éducation populaire. Elle apportent des pistes concrètes à ce qui constitue le principal défi de la refondation. Mais, à coup sur, la route sera encore longue...

François Jarraud

Le programme des 9èmes Rencontres

La thèse de Rémi Bonasio

L’outil ATD - CRDP de Rennes

Extrait de cafepedagogique.net du 04.04.16 : Gfen : Quelles pratiques pour lever les fatalités ?

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