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A propos des aides diverses pour l’entrée d’élèves de ZEP dans le supérieur

6 décembre 2005

Extrait de « L’Observatoire Boivigny » du 05.12.05 : Les grandes écoles et les ZEP : à quand un transfert de fonds ?

(L’Observatoire Boivigny donne des chiffres, des statistiques et des actualités sur l’enseignement supérieur)

Presque cinq ans après Sciences Po et ses conventions avec des lycées choisis en Zones d’Education Prioritaire (ZEP), quatre ans après l’Essec et son coaching de lycéens, les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) n’ont quasiment pas investi le créneau de la réactivation de l’ascenseur social. Elles souffrent d’une image de formation coûteuse (en terme de budget par étudiant) et sont souvent réservées de fait à une élite. Or ces classes, lorsqu’elles sont publiques, et donc financées sur les deniers publics, sont censées donner une chance de réussite à tous. Difficile pourtant à réaliser lorsque leur modèle pédagogique même repose sur la sélection (à l’entrée et à la sortie). De plus, les classements de ces formations (en fonction des taux de placement dans les grandes écoles) interdisent toute prise de risque dans le recrutement de profils atypiques, sous peine de perdre leur rang.

Le lycée parisien Henri IV, parmi les plus réputés de France, notamment grâce à ses classes préparatoires, devrait cependant accueillir à la rentrée prochaine trente bacheliers issus de ZEP, mais dans le cadre d’une classe d’accueil distincte. Ces élèves pourraient ensuite rejoindre l’une des CPGE de l’établissement. La disposition a été présentée par le Premier ministre, Dominique de Villepin, le 1er décembre dernier. Par contre, la majorité UMP de l’Assemblée nationale a rejeté ce même jour une proposition de loi du PS qui visait à ce que 6% des meilleurs bacheliers de chaque lycée soient automatiquement admis à l’entrée des CPGE et de certaines filières sélectives (1). Cette mesure, qui aurait pu s’appliquer dès la prochaine rentrée, était pourtant moins symbolique que la précédente. Elle aurait en outre redonné de la valeur au baccalauréat.

Autre initiative, cette fois bien accueillie par le gouvernement, l’idée présentée par Sciences Po Paris et l’Université Pierre-et-Marie-Curie d’ouvrir un lycée expérimental en Seine-Saint-Denis, avec une pédagogie adaptée à un environnement difficile. Une sorte de super-lycée de ZEP, animé par une équipe dédiée et composée de volontaires. Un laboratoire in vivo qui pourrait faire naître de nouvelles façons d’enseigner mais qui, comme toute expérience, a un coût. Dans le cadre de ce projet, des entreprises soucieuses de leur image sociale et responsable pourraient naturellement être sollicitées car, à budget constant, l’Education nationale risque d’avoir du mal à financer ce type de projet. A moins que l’Etat ne décide de réallouer les moyens aujourd’hui affectés aux grandes écoles publiques (2) pour financer ce genre d’expérience en zone d’éducation prioritaire ? Les autorités pourraient aussi décider de rééquilibrer le budget en faveur des universités qui, elles, « accueillent sans limite et sans sélection l’ensemble des bacheliers qui veulent poursuivre des études supérieures », comme le rappelait la proposition de loi socialiste déjà évoquée. Mais les universités restent pour l’instant quasiment absentes de ce débat sur la promotion sociale, comme si les politiques avaient acté que cela fait bien longtemps qu’elles ne forment plus les élites de notre pays.

(1)Etaient notamment visés l’université Dauphine et les Instituts d’Etudes Politiques.

(2)telles Polytechnique et les autres grandes écoles d’ingénieurs, l’ENA et Sciences Po, les ENS...qui accueillent à grand frais, et sur les ressources publiques, des étudiants favorisés.

05/12/2005. P-A.P

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