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L’Île d’Yeu est classée en ZEP avec un contrat spécifique d’insularité (Ouest-France)

5 septembre 2004

Extrait de « Ouest-France » du 05.09.04 : évolution de la ZEP de l’Ile d’Yeu

Un contrat d’insularité pour aider les élèves à « apprivoiser » le continent : les collégiens d’Yeu attachés à leur île.

Plus de 760 enfants et adolescents ont repris le chemin de l’école et du collège à l’île d’Yeu (Vendée). L’insularité peut freiner certains élèves. Parfois, la vie sur le continent effraye ou elle coûte trop cher. Résultats : des redoublements, des études qui s’arrêtent en 3ème. L’inspecteur d’académie contre-attaque en proposant un « contrat d’insularité ».

Les Sables-d’Olonne. « Faire ses devoirs sur la plage, au soleil, c’est pas mal, non ? » Entouré de ses deux bambins qui ont repris l’école fin août, Sébastien, 37 ans, est tout sourire. Un regard malicieux pétille derrière ses lunettes à grands carreaux. Ce papa revoit la grise mine de ses amis du continent devant quitter une île radieuse pour préparer la rentrée scolaire de leurs enfants.

L’attachement à Yeu est fort. C’est un élément qui pèse dans la scolarité des gamins. A 14 - 15 ans, il n’est pas facile de quitter ses parents, ses amis, son petit paradis, pour l’internat dans un lycée du continent, le plus souvent à Challans ou à La Roche-sur-Yon. « Les horaires des bateaux raccourcissent les week-ends, témoigne une maman. Les enfants rentrent tard le vendredi. Ils doivent rembarquer le dimanche, s’ils ne veulent pas repartir très tôt le lundi. » Et le mauvais temps, l’hiver, rend l’heure de traversée encore plus pénible. C’est aussi un budget que les familles doivent supporter.

Un nombre important de redoublements

Résultat, selon l’inspecteur d’académie : un nombre de redoublements plus important que sur le continent et l’arrêt des études après la 3ème (28 % dans le public, 20 % dans le privé). Gérard Prod’homme a donc lancé l’idée d’un « contrat d’insularité ». Celui-ci concerne uniquement le public. André Gallot, directeur du collège privé, grince des dents : « Les parents ne comprendraient pas que leurs enfants soient traités différemment. J’ai écrit à l’inspecteur, mais je n’ai toujours pas reçu de réponse. » Le contrat devrait être finalisé à Noël. L’inspecteur souhaite franchir cette étape avant de communiquer davantage sur son contenu. « Il s’agit de qualifier les élèves, de donner des techniciens à l’île », résume-t-il.

Jean-Pierre Dardaine, le principal du collège des Sicardières, lève davantage le voile. « L’île est classée en zone d’éducation prioritaire, rappelle-t-il. Le nombre d’élèves par classe est limité et les enseignants bénéficient d’indemnités spécifiques. Mais l’île, dans sa composition, ne correspond pas aux critères d’une ZEP : les familles ne sont pas majoritairement défavorisées, la violence n’existe pas à chaque coin de rue. » Le contrat conservera les avantages de la ZEP, mais prendra mieux en compte l’insularité : il s’agit notamment d’accompagner l’élève au plus près (études dirigées par les profs eux-mêmes), d’associer les familles à la vie de l’établissement pour « une orientation plus performante qui donne plus de choix à l’élève ».

Le maire de l’île, Maurice Coustillères, n’est pas du tout opposé aux volontés académiques. D’ailleurs, il travaille, lui aussi, à la mise en place d’un autre contrat d’insularité avec la Région des Pays de la Loire sur le logement social, les équipements culturels, l’environnement... « Mais attention aux stéréotypes, prévient-il de sa voix rocailleuse. Nous ne sommes pas scotchés à notre caillou comme des berniques. L’île ne cherche pas à retenir ses enfants. Elle ne leur offre pas un large éventail de métiers. Le continent a ses contraintes, mais ce n’est pas invivable. » L’ancien instituteur s’inquiète plutôt des enfants en difficulté ou handicapés : « Ils ont besoin d’un soutien particulier. Il me semblerait plus logique que l’on déplace les spécialistes vers l’île et non le contraire. »

Dans sa crique ensoleillée, Sébastien sourit encore. Il ne se sent pas Indien dans sa réserve. « J’ai la chance de travailler ici. Et j’incite mes enfants à faire des études. Il ne faut pas se couper du continent. Il suffit de les préparer à ce passage. »

Charles Josse.

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