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En ZEP, problèmes de surpoids et bucco-dentaires plus fréquents mais vaccination mieux assurée (article de Thibaut de Saint Pol, sociologue)

11 février 2016

"Les enfants d’ouvriers sont quatre fois plus touchés par l’obésité que les enfants de cadres", souligne le sociologue Thibaut de Saint Pol, dans un article sur les inégalités sociales de santé chez l’enfant, publié sur le site The Conversation ce 9 février.
Dès l’âge de 6 ans, ceux ayant un père ouvrier sont 16% à présenter une surcharge pondérale, contre 7% pour ceux dont le père est cadre. Ces écarts se retrouvent "selon le secteur de l’école fréquenté, lui-même segmenté socialement". Ainsi, les enfants de 6 ans scolarisés dans une école publique située en zone d’éducation prioritaire (ZEP) sont 16% à être en surpoids, contre 12% dans une école publique hors ZEP et 8% dans le privé.

Comment expliquer ces disparités ? Elles sont liées aux niveaux de revenu, mais reflètent aussi des différences d’habitudes de vie (alimentation, sédentarité) déjà marquées à cet âge. "Ainsi, les jours avec école, plus de la moitié des enfants d’ouvriers en grande section de maternelle passent au moins une heure devant un écran contre un quart des enfants de cadres. Ils sont également presque quatre fois plus nombreux à consommer quotidiennement des boissons sucrées (31 contre 8%)", précise Thibaut de Saint Pol.

À six ans, près d’un quart des enfants d’ouvriers présentent des dents cariées non soignées
Autre domaine où apparaissent les inégalités : la santé bucco-dentaire. Ainsi, 30% des enfants d’ouvriers ont au moins une carie à l’âge de 6 ans, contre seulement 8% des enfants de cadres. Ils consultent moins les dentistes, ce qui se traduit par un repérage plus tardif des caries. Lors de l’examen du bilan de 6 ans, près d’un quart des enfants d’ouvriers (24%) présentent des dents cariées non soignées, contre 4% des enfants de cadres. "Ces différences peuvent s’expliquer par le coût de ces soins, mais aussi les habitudes (hygiène buccodentaire, alimentation…) et représentations (crainte du dentiste, intérêt de soigner des dents non définitives…) liées au milieu socioculturel", estime le sociologue.

En revanche, il est un domaine où les moins aisés ne sont pas toujours les plus défavorisés : les couvertures vaccinales ; elles sont systématiquement plus élevées en ZEP pour les vaccinations contre la rougeole et l’hépatite B. Thibaut de Saint Pol suggère : "Cette situation peut notamment s’expliquer par le recours plus fréquent en ZEP aux services de PMI très impliqués dans le suivi de la couverture vaccinale, mais aussi par la défiance moins forte des milieux populaires à l’égard de la vaccination."

Les inégalités chez les enfants témoignent donc de l’importance des facteurs économiques (coût des soins, budget alimentaire…) et sociologiques (modes de vie, représentations…). "Elles rappellent ainsi que les inégalités de santé sont inextricablement liées à l’ensemble des autres inégalités sociales, notamment celles relatives aux conditions de vie et à la précarité", conclut-il.

L’article est consultable ici (The Conversation)

Extrait de touteduc.fr du 09.02.16 : Surpoids, santé bucco-dentaire : des inégalités sociales de santé dès le plus jeune âge (Thibaut de Saint Pol)

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