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L’expérimentation de CP à effectifs réduits en ZEP (Depp, 2002) (Le Monde, 2004)

5 septembre 2004

Extrait du « Monde » du 05.09.04 : à propos des CP dédoublés en ZEP

Le succès des CP dédoublés dépend d’un changement de pédagogie

Diminuer fortement la taille des classes ne suffit pas à améliorer les résultats. Encore faut-il que les enseignants adaptent leurs pratiques pédagogiques. C’est ce qui ressort de l’expérience des classes de cours préparatoire (CP) à effectifs réduits d’une dizaine d’élèves lancée à la rentrée 2002 par Luc Ferry, alors ministre de l’éducation nationale. Selon les évaluations faites par la Rue de Grenelle, le maigre bénéfice qu’avaient engrangé les élèves dans la centaine de CP concernés en juin 2003 - 2,6 points de mieux que les élèves de classes témoins à effectifs habituels, toutes choses égales par ailleurs - avait disparu en octobre 2003, en début de CE1.

"La première année d’expérimentation, nous avions demandé aux inspecteurs de l’éducation nationale et aux conseillers pédagogiques de ne pas intervenir pour que l’expérimentation reste pure", explique Claudine Peretti, directrice de l’évaluation et de la prospective. En revanche, l’année suivante, l’expérience a été étendue à plus de 4 000 CP situés massivement en zone d’éducation prioritaire et des consignes ont été données à l’encadrement pour aider les maîtres à adapter leurs pratiques. Sur l’ensemble des CP concernés en 2003-2004, près de 500 ont bénéficié d’effectifs réduits à une dizaine d’élèves, environ 2 000 d’un maître supplémentaire à en moyenne un tiers de temps et autant d’un assistant d’éducation à temps partiel.

Travail individualisé

"D’après les évaluations, les élèves qui ont des difficultés légères ou moyennes profitent bien du dispositif. En revanche, celui-ci ne suffit pas à améliorer les résultats des élèves en grande difficulté", explique-t-on au ministère. Localement, des enseignants épaulés par leur encadrement font état de progrès sensibles. C’est le cas dans une circonscription scolaire de Meurthe-et-Moselle. Trois écoles primaires à Piennes, Joudreville et Landres étaient concernées par l’expérience, qui a été assortie d’une grande concertation. Un protocole a été établi avec le conseiller pédagogique, les enseignants et l’assistant d’éducation affecté pour l’opération. "Nous avons élaboré des stratégies d’apprentissage et des outils de suivi régulier des progrès des enfants", explique Denis Ongena, le conseiller pédagogique. Une réunion permettait chaque mois une adaptation des pratiques en fonction des progrès des élèves. Les trois CP concernés ont adopté globalement les mêmes méthodes d’apprentissage. Sur la quarantaine d’enfants inclus dans le dispositif, seulement deux posaient encore à la fin de l’année de gros problèmes tandis que les autres avaient acquis les compétences pour passer en CE1. L’année précédente, sept élèves avaient redoublé leur CP. "C’est une expérience très positive, estime Frédéric Adrie, enseignant à Joudreville. Le travail d’équipe a fait germer des idées qui ne viennent pas forcément quand on est seul. On a fait office de petit laboratoire et mis au point des activités efficaces qui sont reprises cette année."

A Montfermeil (Seine-Saint-Denis), l’école Jean-Baptiste Clément a su aussi créer une dynamique positive. Trois CP à effectifs réduits tournent depuis la rentrée 2003. "Pratiquement tous nos enfants sont d’origine étrangère et ne parlent pas français à la maison, explique la directrice de l’école, Odette Nélaton. Lorsque nous n’avions pas ce dispositif, près des deux tiers des élèves de CP passait en CE1 sans maîtriser la lecture. Là, nous avons seulement deux ou trois élèves en grande difficulté."
Seul écueil constaté par la directrice, un manque d’autonomie des élèves en arrivant en CE1, mais qui rentre dans l’ordre assez vite. "On peut vraiment faire du travail individualisé et tenir compte des besoins spécifiques de chacun, estime Carole Serdane, enseignante à Montfermeil. Les quelques élèves qui restent en grande difficulté auraient besoin d’une prise en charge extra-scolaire car ils ont des problèmes familiaux ou psychologiques lourds."
Au final, la réussite de l’opération dépendra de la capacité de l’éducation nationale à identifier et généraliser les pratiques pédagogiques qui donnent de bons résultats. Dans un rapport de l’inspection générale de l’éducation nationale intitulé "Mise en œuvre du plan de prévention de l’illettrisme en 2003-2004", les auteurs préconisaient notamment de "revoir les implantations - du dispositif - en fonction des besoins des élèves, de la volonté des enseignants à s’inscrire dans le dispositif et de leur capacité à travailler autrement".

Martine Laronche.

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