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Selon le rapport de l’OCDE "Les élèves immigrés et l’école. Avancer sur le chemin de l’intégration", la présence d’élèves immigrés ne pèse pas sur la performance scolaire des pays ; propositions (avec extraits)

18 décembre 2015

Les élèves immigrés et l’école
AVANCER SUR LE CHEMIN DE L’INTÉGRATION

Examens de l’OCDE sur la formation des migrants
Principaux résultats

Extraits

[p. 2]
L’importance de politiques bien pensées

Les analyses mettent au jour un second constat frappant : la variation considérable entre les pays de la performance des élèves immigrés et de leurs pairs autochtones, même après contrôle de leur milieu socio-économique (voir le graphique 2.1 dans le rapport Immigrant Students at School : Easying the Journey towards Integration). Ce constat laisse penser que les politiques publiques peuvent jouer un rôle important dans la réduction des désavantages accompagnant les migrations. Toutefois, l’élaboration de politiques d’éducation à même de répondre aux besoins des élèves issus de l’immigration – notamment en matière d’enseignement linguistique – n’est pas chose aisée ; sans compter qu’à elles seules, ces politiques ne suffisent pas. Ainsi, la performance des élèves à l’évaluation PISA présente une corrélation plus forte (et négative) avec la concentration des désavantages socio-économiques dans les établissements d’enseignement qu’avec celle des élèves immigrés ou parlant en famille une autre langue que la langue d’enseignement. La réduction de la concentration des désavantages dans certains établissements d’enseignement pourrait nécessiter le changement d’autres politiques sociales, telles que celles relatives au logement et à la protection sociale, afin d’encourager une plus grande mixité sociale dans les établissements d’enseignement.

Un troisième constat important se fait jour : même si le bagage culturel et éducatif acquis avant le départ du pays d’origine a une incidence sur la performance des élèves immigrés, leur pays d’accueil compte davantage. […]Ces constats montrent bien l’importance du rôle des politiques publiques dans l’intégration des enfants des immigrés.

[p. 3]
Le sentiment d’appartenance à une nouvelle communauté

[…] Le bien-être des élèves immigrés est affecté non seulement par les différences culturelles entre leur pays d’origine et leur pays d’accueil, mais également par la façon dont l’école et les communautés les aident à faire face à leurs problèmes quotidiens d’existence, d’apprentissage et de communication. […] En France, les élèves immigrés rencontrent non seulement des difficultés scolaires, mais font également part du niveau le plus faible de sentiment d’appartenance à l’école.

[p. 4-5]
La nécessité de faire tomber la barrière de la langue

[…] Il est intéressant de constater que l’analyse ne met au jour aucune différence notable de performance en compréhension de l’écrit entre les élèves immigrés arrivés dans leur pays d’accueil avant l’âge de 5 ans et ceux arrivés entre l’âge de 6 et 11 ans (voir le graphique 4.8 dans le rapport Immigrant Students at School : Easying the Journey towards Integration). Par contraste, dans la plupart des pays de l’OCDE, les élèves immigrés arrivés dans leur pays d’accueil à l’âge de 12 ans ou plus – et qui ont donc passé au plus 4 années dans leur nouveau pays – accusent davantage de retard en compréhension de l’écrit par rapport à leurs camarades de classe que les élèves immigrés arrivés dans leur pays d’accueil à un plus jeune âge. […]

[p. 5]
L’importance d’un apprentissage précoce

L’un des moyens à la disposition des systèmes d’éducation pour favoriser l’intégration des enfants immigrés dans leur nouvelle communauté est d’encourager leur scolarisation dans l’enseignement préprimaire. […]Toutefois, dans la plupart des pays, la scolarisation dans l’enseignement préprimaire est considérablement plus faible parmi les élèves immigrés que parmi leurs pairs autochtones. […] Selon l’enquête PISA, les élèves de 15 ans issus de milieux socio-économiques défavorisés sont ainsi largement moins susceptibles que leurs pairs issus de milieux plus favorisés d’avoir été scolarisés dans l’enseignement préprimaire. […]

Les effets néfastes du regroupement par aptitudes

L’orientation précoce des élèves entre filières générales et professionnelles tend à accentuer les inégalités, les élèves issus de milieux défavorisés étant plus susceptibles de se retrouver dans des filières moins exigeantes en termes académiques. L’analyse montre que l’orientation précoce par filière a des effets particulièrement néfastes pour les élèves immigrés, même après contrôle de leurs résultats scolaires antérieurs. Ce constat peut s’expliquer par le fait que les parents immigrés sont peu susceptibles d’avoir une bonne connaissance du système d’éducation de leur pays d’accueil et peuvent donc ne pas savoir comment choisir le cursus le plus adapté à leur enfant. Même des parents parfaitement informés peuvent ne pas parvenir à scolariser leur enfant en filière générale s’il existe dans le pays d’accueil des attentes ou des stéréotypes négatifs profondément ancrés au sujet des élèves immigrés.

[…] L’orientation précoce par filière est particulièrement problématique dans les systèmes d’éducation où les élèves n’ont pas la possibilité de changer facilement de filière une fois leur choix initial fait.

[p. 6]
En classe

Les enseignants ont également un rôle déterminant à jouer. Nombre d’entre eux reconnaissent la difficulté de la gestion de la diversité culturelle en classe. De fait, d’importants pourcentages d’enseignants estiment avoir besoin de davantage de formation continue dans le domaine de l’enseignement en milieu multiculturel ou plurilingue. […]

Toutefois, l’hétérogénéité ethnique ne constitue pas en elle-même un obstacle à l’apprentissage en classe. De nombreux établissements d’enseignement reconnaissent ainsi l’importance de la contribution que les élèves issus de minorités peuvent apporter. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, seuls 4 % des élèves fréquentent des établissements d’enseignement où, selon les chefs d’établissement, l’hétérogénéité ethnique s’avère un véritable obstacle à l’apprentissage. Cependant, il existe des différences sensibles entre les pays quant au degré de préparation des établissements d’enseignement pour la gestion d’effectifs plurilingues et multiculturels. Plus de 15 % des chefs d’établissements défavorisés en Belgique, en France, en Islande et au Qatar indiquent ainsi que la diversité ethnique entrave l’apprentissage au sein de leur établissement. Ces différences reflètent la concentration d’élèves immigrés – soit ceux qui présentent sans doute les lacunes scolaires et linguistiques les plus importantes – dans les établissements d’enseignement défavorisés. Elles laissent également penser que ces établissements doivent commencer à considérer la diversité ethnique comme un atout éducatif, et non plus comme une entrave.

[p. 6-7]
Quel rôle pour les politiques d’éducation ?

Proposer un enseignement linguistique le plus tôt possible. […]

Offrir une éducation de la petite enfance de qualité, adaptée à l’acquisition du langage. […]

Encourager l’ensemble des enseignants, et pas uniquement le personnel spécialisé, à se préparer à travailler avec des classes placées sous le signe de la diversité. […]

Éviter la concentration des élèves immigrés dans les mêmes établissements d’enseignement défavorisés. […]
Repenser les politiques d’éducation. Si le regroupement par aptitudes, le redoublement et l’orientation par filière sont des pratiques néfastes pour l’ensemble des élèves, elles sont toutefois plus susceptibles d’être appliquées aux élèves immigrés. Les difficultés de langage et les différences culturelles peuvent en effet être prises, à tort, pour un manque de capacités ou de potentiel.

Aller au devant des parents immigrés. […]

Les élèves immigrés et l’école, avancer sur le chemin de l’intégration (16 pages)

Consulter :
Le rapport complet en anglais
Une brochure sur le même sujet
Le site de l’OCDE consacré au thème des migrants

 

La présence d’élèves immigrés ne pèse pas sur la performance scolaire des pays (OCDE)

Même si "les élèves immigrés réussissent en général moins bien à l’école que leurs pairs autochtones (...) il n’existe aucune relation entre le pourcentage d’élèves immigrés dans un système d’éducation et la performance de ce dernier", estime l’OCDE dans un rapport publié en décembre. L’organisation avait déjà diffusé une note sur le sujet le 16 novembre, traitée par ToutEduc ici. "De nombreux immigrés sont déterminés à tirer le meilleur parti de toute opportunité pouvant découler des sacrifices qu’ils ont consentis en quittant leur pays", souligne l’OCDE. [...]

Le pays d’accueil plus important que le pays d’origine
[...] La moindre performance des élèves immigrés est "liée à différents facteurs scolaires et systémiques" et d’abord à leur concentration "dans des établissements d’enseignement défavorisés". C’est "la concentration des désavantages, et non celles des élèves immigrés, qui est préjudiciable à l’apprentissage", d’où l’importance, à côté des politiques scolaires, des politiques de logement et de protection sociale lorsqu’elles favorisent "une plus grande mixité sociale dans les établissements d’enseignement". D’ailleurs, "l’hétérogénéité ethnique ne constitue pas en elle-même un obstacle à l’apprentissage en classe". [...]

Extrait de touteduc.fr du 17.12.15 : La présence d’élèves immigrés ne pèse pas sur la performance scolaire des pays (OCDE)

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