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"Choisir de piloter" : Portrait d’une enseignante qui débute comme principale-adjointe dans un collège prioritaire de Vitry-sur-Seine (les portraits du jeudi de Monique Royer)

27 novembre 2015

Les portraits du jeudi, par Monique Royer
Choisir de piloter
Blandine Raoul-Réa

Devenir personnel de direction, l’envie peut sembler saugrenue tant le rôle est chargé de représentations, de responsabilités. Pourtant chaque année, des enseignants franchissent le pas. Blandine Raoul-Réa est de ceux là. Néo principale-adjointe à Vitry-sur-Seine, en région parisienne, elle nous raconte ses impressions, ses envies et le parcours qui l’a menée là.

Elle se voit encore en apprentissage dans ce nouveau métier aux multiples facettes où les idées à priori judicieuses se heurtent aux réalités d’une organisation complexe. Ce métier, elle y pensait depuis longtemps déjà, franchissant le pas du concours il y a trois ans et transformant l’essai en juin dernier. Elle regarde son itinéraire professionnel comme un chemin où ont fleuri des compétences qui lui sont utiles aujourd’hui.

[...] En 2011, elle quitte son métier de professeure documentaliste et devient experte pour les usages numériques en classe à la Direction générale de l’enseignement scolaire puis cheffe du département du développement des usages numériques à la Direction du numérique pour l’éducation (DNE).

Réfléchir et travailler avec les autres
Son hésitation initiale pour franchir le pas venait de la crainte de devoir appliquer des textes avec lesquels elle ne serait pas d’accord. « Finalement, je ne fais pas de choses contraires à ce que je pense. Il faut comprendre le sens des textes, voir en quoi ils aident les élèves à réussir ». C’est au ministère qu’elle s’en convainc et la fréquentation des textes sera son premier atout lorsque fin août elle arrive comme principale-adjointe dans son collège en éducation prioritaire de Vitry.

[...] Le premier grand moment pour elle a été la rencontre avec les enseignants avec toute l’appréhension d’un premier contact perçu comme crucial. Pour la pré-rentrée, elle a parlé de ce qu’elle connaissait le mieux, la réforme du collège. « Je me suis rendue compte que les professeurs étaient volontaires mais peu au courant du contenu de la réforme. D’où je venais, cela a été un choc ». Ensuite vinrent les élèves, les listes d’appels dans la cour le premier jour. L’environnement du collège est totalement nouveau pour elle. Après, le quotidien s’impose avec ses urgences et ses rituels, l’autonomie se gagne peu à peu, le métier rentre. L’heure est maintenant à la préparation des conseils de classe.

Cette année, la mise en œuvre de la réforme du collège est leur grand chantier. Elle ne l’envisage pas sans travailler avec les enseignants, dans un échange menant à l’adhésion. Ils sont repartis de la réunion de pré-rentrée avec une synthèse, des consignes de lecture du socle et des programme. A partir des documents, le dialogue s’est instauré au sein des conseils d’enseignement. « Nous avons écouté leurs questions, leurs besoins, leurs idées, leurs inquiétudes et de notre côté expliqué les contraintes de l’établissement et l’impact sur l’organisation structurelle ». Une synthèse servira d’introduction à l’étape suivante, celle du choix de ce qui sera mis en place, notamment les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) et les modalités d’accompagnement personnalisé, avec plusieurs réunions du conseil pédagogique. « Les enseignants sont partants. On apprend à travailler ensemble, à s’écouter. »

Elle a d’autres projets en tête autour des usages numériques encore peu développés dans son collège, de la communication interne et externe avec des publications des collégiens. Tout cela, elle le sait, se fera doucement avec comme mots clés la recherche de cohérence et des groupes de travail.
Elle s’immerge dans les réalités d’un établissement d’éducation prioritaire où les parents viennent peu, où les demi-pensionnaires sont peu nombreux, où la vie scolaire se prolonge à l’extérieur.
Beaucoup de choses sont à faire, des initiatives à relancer, développer avec des contraintes de moyens. Elle apprend aussi à patienter, à laisser le temps tisser les liens, les projets, à laisser de côté ses réflexes de professeure-documentaliste pour s’adapter son nouveau rôle. Son nouvel univers se partage aussi dans le cercle familial en habitant sur place dans un logement de fonction.

Extrait de cahiers-pedagogiques.com du 26.11.15 : Choisir de piloter

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