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Le HCI, Chirac, Begag, Kriegel, Sarkozy... reparlent de discrimination positive et du modèle français

25 novembre 2005

Extrait du « NouvelObs.com » du 24.11.05 : Le HCI appelle à éviter la discrimination positive

Le Haut conseil à l’intégration dénonce "la tentation d’en finir avec la promesse républicaine de l’égalité des droits et des chances".

Dans son rapport annuel publié jeudi 24 novembre, le Haut conseil à l’intégration met en garde le gouvernement contre "la tentation" de répondre à la crise des banlieues par l’instauration de la discrimination positive.

"Le pire serait que sur la base de la crise actuelle gérée avec fermeté et justice par le gouvernement et le président de la République, la tentation d’en finir avec la promesse républicaine de l’égalité des droits et des chances prévale au profit de la discrimination positive et des stratégies ethniques ou communautaristes", peut-on lire dans le rapport remis jeudi au Premier ministre Dominique de Villepin.

"Largement rejetée par l’opinion"

Le Haut conseil, présidé par Blandine Kriegel, chargée de mission auprès de Jacques Chirac à l’Elysée, fait valoir que la discrimination positive et les quotas ethniques, "constamment présentés comme la panacée", sont "largement rejetées par l’opinion publique française".
Nicolas Sarkozy s’est prononcé pour l’instauration d’une "discrimination positive à la française" dans la perspective de l’élection présidentielle de 2007 afin "d’aider massivement ceux qui en ont le plus besoin".

Le ministre de l’Intérieur rappelle cependant dans un entretien publié jeudi par Ouest-France (Voir plus bas) qu’il n’a "jamais demandé des quotas".

Le ministre délégué pour la Promotion de l’égalité des chances Azouz Begag avait affiché (Voir plus bas) à ce sujet son désaccord avec le ministre de l’Intérieur. "J’ai dit, les yeux dans les yeux, à Nicolas Sarkozy que je n’étais pas pour la discrimination positive", avait-il déclaré, s’avouant aussi "contre la nomination de préfets au regard de leur religion", mais "d’accord" pour "la discrimination territoriale comme cela se fait pour les zones d’éducation prioritaires".

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Extrait de « Ouest-France » du 24.11.05 : « N’ayons pas honte du modèle républicain »

Blandine Kriegel préside le Haut Conseil à l’intégration

On met sur le dos de la République des maux dont elle n’est pas coupable. Pendant des décennies, personne ne s’est réellement intéressé aux questions d’immigration et d’intégration. Mais que de fantasmes ! Pour les uns, il fallait refouler tous les étrangers. Pour les autres, la lutte contre le racisme primait. Le modèle républicain - celui de l’égalité des chances, à condition de respecter la loi commune - lui, était absent. Le premier réengagement en faveur d’une véritable politique républicaine date de 2002 et d’un discours de Jacques Chirac à Troyes.

Des décisions ont suivi ?

Oui. Désormais les immigrants légaux sont accueillis et passent un contrat. Le comité interministériel de l’intégration a été remis en route. Il ne s’était pas réuni depuis treize ans ! A été créé celui de l’immigration. La lutte contre les discriminations est en place...

Mais des subventions aux associations dans les banlieues disparaissaient.

Pas celles du fonds d’action social, le Fasild. Mais il est vrai que cette nouvelle politique ne pouvait pas avoir d’effets immédiats, alors que couvait la crise. De surcroît, personne n’a voulu populariser cette politique, comme si l’intégration restait un sujet tabou, comme si l’on avait honte du modèle républicain.

Nicolas Sarkozy prône le modèle anglo-saxon.

Je ne souhaite pas personnaliser ce débat. Il partage la classe politique, à droite et à gauche. Ma conviction est que cette tentation du communautarisme recouvre une manière de continuer comme avant, sans peut-être le savoir, une politique coloniale, c’est-à-dire une politique de cantonnement sécuritaire des populations d’origines immigrées, tout en accordant quelques avantages particuliers à de petits groupes. Mais si l’on introduit des ferments de communautarisme dans nos lois, alors on portera des coups mortels au régime républicain. Les Français d’ailleurs ne s’y trompent pas. Ils sont majoritairement opposés aux quotas d’immigration. Les partenaires sociaux également. Ils l’ont tous dit, mardi, au président de République. Le HCI, la Halde, la CNIL, toutes ces institutions sont opposées à la discrimination positive, aux quotas et au recensement ethnique.
Qu’est-ce qui vous heurte dans le modèle anglo-saxon ?
On oublie de rappeler qu’il y a une très grande différence entre la France et ces pays.

Aux USA, la ségrégation et l’apartheid ont été inscrits dans les lois. En France, on peut déplorer la non-application de nos lois, mais elles n’ont jamais légitimé la ségrégation. Par ailleurs, dans les sociétés à majorité protestante, les piliers de la communauté nationale sont la liberté individuelle et le droit des minorités. La France, elle, a inventé l’espace public neutre, autrement dit, la laïcité. Ce n’est pas si mal. Car, enfin, regardons ce qui se passe chez nos voisins. Ils ont aussi des difficultés, comme des meurtres ethniques dans les banlieues anglaises.

Par contre les Français issus de l’immigration ne sont pas présents dans nos institutions ?

C’est tout à fait vrai, c’est injuste et scandaleux. Il n’est pas normal que les institutions représentatives ne représentent pas la société française. Cela vaut pour les partis politiques, la fonction publique mais également pour les médias. Nous faisons des propositions pour instituer la diversité culturelle dans l’audiovisuel.

Propos recueilli par Bernard Le Solleu

Extrait du site NouvelObs.com » du 24.11.05 : Nicolas Sarkozy plaide encore pour une "discrimination positive à la française"

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Nicolas Sarkozy en appelle aussi aux entreprises, qui "doivent apporter une contribution essentielle au déblocage de l’ascenseur social dans nos banlieues les plus défavorisées", ou encore aux grandes écoles, pour qu’elles offrent une chance aux meilleurs élèves des zones d’éducation prioritaire (ZEP).

M. Sarkozy suggère également de "généraliser les internats d’excellence" pour les meilleurs élèves, d’augmenter la prime versée aux enseignants qui acceptent des postes dans les quartiers les plus difficiles, ou de financer les études des élèves les plus méritants des ZEP qui s’engagent à passer un concours de la fonction publique, car "l’Etat doit redevenir le vecteur de promotion sociale qu’il a été par le passé". Il propose ainsi d’instaurer temporairement un concours "réservé aux personnes originaires des zones urbaines et des régions industrielles les plus sensibles".

Et le ministre de l’Intérieur de donner l’exemple : "Dès l’année prochaine", annonce-t-il, "des préparations intégrées avec internat aux concours des différents corps de la police, de la gendarmerie et de la Sécurité civile seront mises en place" afin de "diversifier (le) recrutement".

AP

Extrait de « Politis » du 24.11.05 : Le défi de la discrimination positive, une tribune de Patrick Le Tréhondat et Patrick Silberstein

Le traitement des discriminations ne peut relever uniquement de mesures politiques générales. Des dispositions provisoires doivent être prises pour bloquer la machine à reproduire les inégalités. Voici plusieurs actions possibles.

Lire la suite dans Politis n° 877

Patrick Le Tréhondat et Patrick Silberstein sont les auteurs de Vive la discrimination positive. Plaidoyer pour une République des égaux (Syllepse, 2004).

Extrait du site de l’agence Reuters, le 23.11.05 : Chirac refuse les quotas au nom de la "discrimination positive"

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - Jacques Chirac invite administrations et entreprises privées à diversifier leurs recrutements en faveur notamment des jeunes des quartiers difficiles, mais il a de nouveau rejeté l’idée de quotas prônée par Nicolas Sarkozy au nom de la "discrimination positive".
Le chef de l’Etat a reçu durant deux heures et demie les partenaires sociaux sur le thème de "la diversité et l’égalité des chances dans l’emploi", dans le cadre d’une série de rencontres destinées à apporter des solutions à la crise des banlieues.

"L’objectif était d’encourager les organisations syndicales et professionnelles à négocier, au sens large du terme, sur le problème capital pour notre pays aujourd’hui (...) de la diversité et de l’égalité des chances face à l’emploi", a-t-il souligné à l’issue de la réunion, marquée de l’avis de tous les participants par "un esprit positif".
Jacques Chirac impute notamment au "fléau des discriminations" le malaise des jeunes des banlieues.
Les partenaires sociaux doivent entamer "avant Noël" des négociations sur les discriminations à l’embauche, a indiqué la présidente du Medef, Laurence Parisot.
Le président de la République a souhaité que l’Etat montre l’exemple en s’ouvrant aux jeunes sans qualification et aux parcours atypiques.

Ainsi a-t-il confirmé que "20 à 25.000 jeunes" intégreraient dès 2006 la fonction publique territoriale par le biais du "Pacte".

Ce "Parcours d’accès aux carrières de la fonction publique territoriale", lancé en juillet par le ministère de la Fonction publique, s’adresse à des jeunes de 16 à 25 ans sans qualification.

"Montrer du doigt"

Jacques Chirac a également demandé que soient réexaminés l’ensemble des programmes et concours administratifs de façon "à tenir compte de ceux qui n’ont pas des parcours strictement académiques".

Cette nécessaire ouverture n’est en rien une esquisse de "quotas", a-t-il souligné, relevant que les partenaires sociaux s’étaient tous montrés hostiles à un tel système.
"Le quota est un système qui a eu pour résultat de montrer du doigt celui qui en bénéficie et d’être difficilement explicable à celui qui en est exclu", a estimé le chef de l’Etat.

"A ce titre, c’est un système qui n’est pas du tout conforme aux principes républicains", a-t-il jugé.
Pour le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, la discrimination positive est "une formule de logique communautariste, pas de logique républicaine".
"L’essentiel, c’est de faire en sorte qu’on ait des engagements des entreprises pour que leurs salariés représentent la diversité des populations dans notre pays", a déclaré François Chérèque.

Le secrétaire général de la CFDT estime que la fonction publique "doit être exemplaire" dans ce domaine et "revoir ses modes de recrutement".

Point de mesures nouvelles, donc, mais des engagements et une unanimité syndicale et patronale face au malaise social illustré par la flambée de violences dans les cités.
"Ce n’est pas le temps des mesures. Ce ne sont pas les instruments qui manquent, c’est la mobilisation", assure-t-on dans l’entourage de Jacques Chirac.

"Le modèle français continue à fonctionner de manière très, très impressionnante. Il y a des zones où ça bloque, mais ça ne veut pas dire que ce modèle est en panne", souligne-t-on.

Une nouvelle mise au point implicite au ministre de l’Intérieur, qui avait diagnostiqué une faillite du modèle français d’intégration au plus fort de la crise des banlieues.

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