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« Lutte ouvrière » examine la situation des ZEP

24 novembre 2005

Extrait de « Lutte ouvrière » du 23.11.05 : Zones d’éducation prioritaire (ZEP) : les parents pauvres de l’Éducation nationale

Dans ses promesses pour tenter de remédier aux flambées de violence des jeunes de banlieue, le gouvernement a parlé de la nécessité de renforcer "l’éducation prioritaire". Déjà, en prenant ses fonctions l’an dernier, le ministre de l’Éducation de Robien avait entonné le même couplet. Mais rien n’indique que les ZEP (zones d’éducation prioritaire) recevront plus de moyens, ni qu’elles seront étendues à un plus grand nombre d’établissements scolaires.

En créant les ZEP en 1981, le gouvernement PS affirmait vouloir combler les lacunes, scolaires et culturelles, dont souffraient les enfants issus de milieux défavorisés, en accordant des moyens supplémentaires aux établissements qu’ils fréquentaient. Mais entre les intentions affichées et la réalité, l’écart n’a cessé de se creuser.

En principe, l’argent supplémentaire attribué aux établissements doit leur permettre d’avoir plus d’enseignants, moins d’élèves par classe, un meilleur accueil des enfants de deux ans en maternelle ou de financer des projets pédagogiques. Les enseignants ont aussi droit à une prime. En fait, ces moyens sont dérisoires. Les sommes reçues correspondent à 235 euros par élève et par an. Cela revient à accorder entre une heure et une heure et demie de cours hebdomadaire par enfant, ce qui concrètement se traduit par le dédoublement de quelques classes pour certaines matières, ou une heure hebdomadaire de soutien donnée à une minorité d’élèves alors que tant d’autres en auraient aussi besoin.

Depuis 1981, la situation des quartiers populaires de banlieue, où sont situées la majorité des ZEP, s’est détériorée, le chômage et les difficultés financières qui en découlent affectant toujours plus de familles ouvrières. Le nombre d’élèves en ZEP a doublé, il atteint maintenant 21%, et cela ne tient pas compte des établissements accueillant une majorité d’enfants de milieux populaires ou d’origine étrangère et qui n’ont pas obtenu leur classement en ZEP, alors que dans de tels établissements les difficultés des élèves sont les mêmes. En même temps, les restrictions budgétaires touchant toute l’Éducation nationale frappaient les ZEP de plein fouet par la disparition des emplois-jeunes, la baisse du nombre d’enseignants ou les limitations à l’accueil des enfants de deux ans en maternelle.

Maintenant que les jeunes de ces banlieues laissées à l’abandon font exploser leur colère, le gouvernement promet de faire machine arrière et de redonner à ces quartiers, à commencer par les ZEP, les moyens qui leur ont été retirés. Mais il faut beaucoup plus qu’un saupoudrage de crédits pour permettre aux jeunes de milieux défavorisés, qu’ils soient en ZEP ou non, d’acquérir les connaissances qui manquent à beaucoup d’entre eux.

Marianne Lamiral

Dans le même journal : Lycée Georges-Braque - Argenteuil (95) : la pénurie au quotidien

Face aux événements de ces dernières semaines dans les banlieues, le gouvernement affirme vaguement vouloir débloquer des moyens supplémentaires dans les quartiers populaires. Mais, par exemple, le rectorat de Versailles vient une nouvelle fois de donner une fin de non-recevoir au lycée Georges-Braque d’Argenteuil, pourtant classé ZEP, concernant une modeste demande d’un poste de conseiller principal d’éducation pour un tiers de temps. Il s’agit pourtant d’une fonction cruciale de médiation, qui n’est toujours pas pourvue depuis septembre.

Il manque également un poste de secrétariat (la demande ne porte même pas sur un poste à temps complet, mais seulement sur un "deux-tiers" de temps) ainsi qu’un poste au centre de documentation d’information du lycée, pour un remplacement jusqu’en janvier prochain.

Deux mois et demi après la rentrée, telle est la réalité dans un coin de banlieue pourtant classé Zone d’éducation prioritaire...

Correspondant LO

Par ailleurs, nous avons relevé sur le site de l’agence Indymedia : La discrimination positive, cache-misère de l’inégalité scolaire

La discrimination positive, cache-misère de l’inégalité scolaire. Les moyens ZEP servent à calmer les quartiers, pas à émanciper le populo

L’éducation prioritaire reste la vitrine médiatique de la « discrimination positive » chère à nos zélites. Une prime pour les enseignant-e-s, la maternelle dès deux ans, et des classes moins surchargées, ce sont les trois mesures phares des ZEP, pour mieux cacher le fait que l’école renforce de plus en plus les inégalités qu’elle est censée combattre.
L’Etat fait des économies sur les REP : les 150 000 enseignant-e-s des REP touchent une indemnité de 1 100 euros annuels, destinée à leur faire fermer leur gueule. Mais ces collègues sont, en majorité, des débutant-e-s, (aujourd’hui, dans les ZEP, 25 % des enseignant-e-s ont moins de 30 ans, contre 15 % ailleurs). Donc leurs paies, même avec cette indemnité, sont globalement inférieures à celle d’un collègue « hors classe » dans un lycée tranquille. Donc les REP coûtent peu à l’Etat employeur. Preuve que cette indemnité est absolument inadaptée : les équipes enseignantes ne sont pas stables dans les REP. Les collègues font deux ou trois ans puis craquent, ce qui porte un préjudice très fort aux élèves. SUD revendique la baisse du nombre d’heures devant élèves pour les collègues concerné-e-s, avec concertation et formation spécifique sur le temps de travail.

Scolarité raccourcie... Avec la disparition progressive de la maternelle, mesure d’économie budgétaire renforcée par la loi Fillon, la scolarisation des élèves de 2 ans passe à la trappe, alors qu’elle profite davantage aux enfants des familles populaires. La disparition de la maternelle a pour effet de maintenir au foyer de nombreuses mères : il s’agit d’une mesure sexiste. A l’autre bout de la chaîne, l’apprentissage dès 14 ans vire précocement du système scolaire celles et ceux qui auraient le plus besoin d’école. SUD revendique une vraie scolarité obligatoire, de 2 à 18 ans.

Des classes encore trop chargées : dans les ZEP, on compte en moyenne deux élèves de moins par classe à l’école primaire et au collège. Ce chiffre brut masque l’insuffisance de cette réduction d’effectif (voir l’article présentant les théories de Thomas Piketty dans Le Monde du 6 septembre 2004). Selon l’Insee, les ZEP n’ont eu aucun impact sur la réussite des élèves, en raison de la faiblesse des moyens déployés. L’Etat donne juste assez pour que ça n’explose pas, mais pas assez pour que les élèves réussissent. Le seul objectif des ministres (PS, UMP, UDF...), c’est la paix sociale. SUD revendique la stricte limitation à 20 élèves par classe, avec deux enseignant-e-s titulaires en permanence pour chaque classe.
L’Etat investit chaque année environ 600 millions d’euros dans les ZEP, pour 1,7 million d’élèves. 600 millions d’euros, c’est seulement 1 % du budget du ministère de l’éducation nationale. Et ça représente 235 euros supplémentaires par élève et par an. Un collégien de ZEP coûte ainsi, pour l’Etat, nettement moins cher qu’un lycéen et près de deux fois moins qu’un élève de classe préparatoire aux grandes écoles. Etant entendu que pour l’essentiel, les élèves des classes préparatoires ont des parents qui ont fait, eux-mêmes, des études supérieures. Donc la « discrimination positive » dans l’éducation nationale joue beaucoup plus en faveur des enfants d’ingénieurs ou d’enseignant-e-s que des enfants d’ouvrier-e-s. En termes d’effort budgétaire, ce sont les zones rurales qui raflent la mise : les académies les mieux financées en métropole sont la Corse (4 960 euros par élève en moyenne) et le Limousin (4 740 euros). A titre de comparaison, la moyenne en Rhône-Alpes est de 3 640 euros par élève. Notre système favorise d’abord les riches, puis les zones rurales... Quant aux enfants des banlieues populaires... Il faut qu’ils crament des bagnoles pour exister publiquement.

Lu sur le site de Sud Education

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