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Note d’information - N°25 - août 2015
Le suivi d’un panel d’élèves entrés au collège en 2007 montre que l’avenir scolaire est fortement déterminé dès la sixième. Le collège ne parvient pas à atténuer les inégalités sociales et tend à les accentuer en mathématiques et dans l’acquisition du vocabulaire scolaire, appelé aussi mémoire encyclopédique.
En mathématiques, en traitement de phrases lacunaires (maîtrise syntaxique) et en mémoire encyclopédique (acquisition du vocabulaire scolaire), plus de 60 % des élèves les plus performants en sixième (quatrième quartile) le sont aussi en troisième. À l’inverse, pour ces mêmes compétences, moins de 5 % des élèves les plus faibles en sixième (premier quartile) parviennent à se hisser parmi les élèves les plus performants en troisième. (Voir Infographie)
[...] L’essentiel
Les performances des élèves de troisième varient selon leur origine sociale : environ un tiers des enfants d’origine sociale défavorisée figure parmi les élèves qui réussissent le moins bien, contre un sur dix chez les enfants d’origine sociale très favorisée. Elles varient également en fonction de leur environnement culturel : près de 45 % des élèves qui disposent de moins de 30 livres à leur domicile obtiennent les scores les plus bas, contre seulement 9 % des élèves qui disposent d’au moins 200 livres.
Les élèves en retard dès leur entrée au collège sont aussi les plus faibles en fin de classe de troisième, quelle que soit la compétence évaluée.
L’étude du panel montre que le niveau de compétences observé en sixième intègre en partie l’influence du milieu familial de l’élève et de son capital social, qui ont déjà joué leur rôle avant l’entrée au collège.
Pour la maîtrise syntaxique (traitement de phrases lacunaires), la compréhension de textes courts (lecture silencieuse) et le raisonnement logique déconnecté de tout contenu scolaire (raisonnement sur cartes à jouer), les élèves progressent de façon comparable, entre la sixième et la troisième, indépendamment de leurs origines sociales. Pour ces trois compétences, on peut considérer que le collège n’accroît pas les écarts mais ne les réduit pas non plus.
En revanche, dans la progression en mathématiques et en mémoire encyclopédique, des écarts significatifs se creusent entre la sixième et la troisième en fonction de la catégorie sociale du responsable de l’élève et son environnement culturel. Le collège accroît les inégalités sociales et culturelles sur ces deux catégories de compétences. [...]
Extrait de education.gouv.fr du 25.08.15 : Acquis des élèves au collège : les écarts se renforcent entre la sixième et la troisième en fonction de l’origine sociale et culturelle
Les écarts d’acquis scolaires se creusent au collège entre les enfants des milieux populaires et ceux des familles favorisées , affirme une nouvelle Note d’information de la Depp. Mais elle fait plus que le constater. S’appuyant sur une étude que le Café pédagogique avait signalé en mai 2015, la Note démonte les mécanismes de ces inégalités scolaires de telle sorte que les enseignants peuvent agir.
[...] Tous ne comprennent pas le langage scolaire
Cette Note s’appuie sur le travail de Linda Ben Ali et Ronan Vourc’h publié dans Education & formations n°86 dont le Café pédagogique a rendu compte en mai 2015. "Les résultats suggèrent que les écarts sociaux auraient tendance à se creuser davantage pour des épreuves construites à partir d’un contenu strictement scolaire", écrivaient-elles. C’est bien la capacité familiale à avoir acquis cette culture scolaire (le vocabulaire des manuels scolaires par exemple) qui augmente les inégalités sociales au collège. Les élèves des milieux populaires, les enfants immigrés comprennent aussi bien que les autres. Mais ils n’ont pas accès comme les autres à la langue de l’école.
L’intérêt de cette étude c’est qu’elle commence à donner des indications sur les points où doivent agir les équipes enseignantes. Le décrochage scolaire semble moins lié à des difficultés de compréhension qu’à une incompréhension du discours scolaire. La différence peut sembler subtil pour beaucoup d’enseignants eux-mêmes anciens bons élèves et bons connaisseurs des usages scolaires. Les travaux de la Depp montrent l’importance de bien marquer les facteurs d’explication des raisonnements scolaires. Vérifier la maitrise du vocabulaire utilisé, expliciter les raisonnements conduits par les élèves doivent être davantage un souci permanent pour lutter contre les inégalités sociales à l’école.
Extrait de cafepedagogique.net du 26.08.15 : Comment expliquer la montée des écarts sociaux dans les acquis des élèves au collège ?