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Le numérique peut-il réduire les inégalités scolaires ? 3 points de vue : Bruno Devauchelle, Emmanuel Davidenkoff, François Taddéi

27 juillet 2015

[...] Les récentes publications sur les populations les plus défavorisées n’ont pas pris en compte de manière significative et explicite l’importance du numérique dans les mécanismes de développement des inégalités sociales voire scolaires.

Or le Credoc dans son enquête annuelle (2014, à partir de la page 135) a mis en évidence des usages différents en lien avec les niveaux sociaux (CSP). Une analyse plus avancée des difficultés des élèves permet de faire du lien entre usages du numérique et trajectoire scolaire. Tout comme avec le livre, l’accès et les modes d’usages du numérique sont déterminants dans la socialisation, l’accès aux savoirs et plus généralement l’apprentissage. L’école, institution fondée sur l’accès à l’écrit et au livre, a réussi à lutter contre ces inégalités dans un premier temps en permettant l’accès de la plus grande partie de la population à la lecture écriture. Cependant le fait que près de 160 000 élèves sortent du système scolaire chaque année en difficulté dans ces domaines(analyse confirmée depuis 1996) interroge la capacité de l’école à répondre à sa mission.

En ne parvenant pas à définir une ligne de conduite sur le numérique, elle augmente encore cette incapacité à remplir sa mission pour tous. Certains mêmes (comme le sénateur Jacques Grosperrin) vont jusqu’à changer d’avis et revendiquer l’interdiction des « tablettes » au collège, confirmant ainsi la labilité des visées politiques. Il semble bien que les supports numériques et les contenus associés ne soient que la prolongation du livre et de l’écrit et que les compétences de lecture et d’écriture à l’ère du numérique ne soient soumises aux mêmes dynamiques inégalitaires que le papier

Extrait de educavox.fr du 27.07.15 : Les inégalités scolaires ne sont-elles pas d’abord produites par l’école ? Que peut faire le numerique ?

 

[...] La fracture numérique existe : elle n’est pas liée à l’accès aux technologies mais à l’éducation aux usages. Elle est identique à la fracture télévisuelle : selon les familles, la télévision peut être vécue comme un accès à la culture ou comme un objet purement récréatif.
La seule solution pour pallier ces inégalités ? Que l’école s’empare des technologies et explique que l’on peut faire autre chose des outils que du divertissement. Ce n’est pas « le numérique » qui résorbera à lui seul cette fracture, mais bien un projet politique ! Paradoxalement, les Français continuent de plébisciter le système actuel, très compétitif, y compris ceux qui en pâtissent. Si l’on souhaite une société ultra sélective, dans laquelle on mesure sans cesse les performances à coup de tests, c’est possible : le numérique peut le faire.
Mais si, au contraire, on veut une société équitable, le numérique peut développer des outils d’apprentissage adaptatif grâce auxquels les élèves peuvent apprendre à leur rythme et à différents endroits, et pas seulement dans le cadre de l’école. Toujours, et tous le temps, il faut revenir au projet politique qui doit présider l’usage que l’on fait – et que l’on fera – du numérique.

Extrait de manpowwergroup.fr du : « Le numérique transcende notre système éducatif, pour le meilleur et pour le pire » Entretien avec Emmanuel Davidenkoff

 

François Taddéi, biologiste et directeur du Centre de Recherches Interdisciplinaires (CRI), était l’invité le 26 juin dernier de la Hello Tomorrow Conference qui réunit plus de 2000 innovateurs, entrepreneurs, investisseurs et journalistes. RSLN a rencontré ce spécialiste reconnu de l’innovation éducative et des questions d’apprentissage numérique.

[...] Le développement et la démocratisation des technologies participent-ils à renforcer l’égalité des chances ?

Ne nous leurrons pas : la technologie peut autant réduire qu’aggraver les inégalités.

Si, par exemple, les meilleurs cours en ligne sont payants, les inégalités vont s’aggraver. En revanche, si les contenus sont ouverts, cela peut participer à une réduction des inégalités.

L’enjeu de société est de s’assurer que nous sommes dans une politique de l’« ouverture » et du partage. La connaissance est par essence un bien public. La connaissance à l’heure du numérique doit l’être également

Extrait de prisme-asso.org du 03.07.15 : Avec le numérique, les élèves deviennent co-auteurs des solutions de demain : François Taddéi

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