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B* 3 semaines décloisonnées, fondées sur des projets transdisciplinaires en co-intervention, au collège REP+ Pierre Brossolette de Montbéliard

18 juillet 2015

Semaines décloisonnées
Expérimentation art.34

Collège Pierre Brossolette
5 RUE P BROSSOLETTE , 25217 MONTBELIARD
Site académique
Auteur : Nicolas LOUISOT
Mél : nicolas-maurice.louisot@ac-besancon.fr

Trois semaines dans l’année, les emplois du temps des élèves et des professeurs sont totalement remaniés. Le rythme habituel est cassé pour permettre une globalisation des heures et ainsi travailler uniquement en démarche de projets. La priorité a été donnée aux projets transdisciplinaires et menés en co-intervention ou faisant intervenir des partenaires variés (pour les 3ème, travaux principalement sur l’orientation, le socle commun et HDA). Cette démarche a permis d’accorder à tous les acteurs de l’établissement une pause réflexive sans notation sommative mais en maintenant une approche par compétences et un niveau d’exigence dans le travail.

Plus-value de l’action
La plus grande réussite est d’avoir pu mener à bien cette expérimentation à deux reprises sur l’ensemble du collège et parvenir à y inclure les écoles du réseau ECLAIR lors de la 3ème semaine décloisonnée dédiée à la liaison école/collège.

Nombre d’élèves et niveau(x) concernés
Nombre d’élèves : tous les élèves du collège (plus de 500). Nombre de classes : toutes (25) Niveaux concernés : tous .Profil des élèves impliqués : tous types de profils

A l’origine
• Nous avons constaté des problèmes de vie scolaire : taux d’absentéisme élevé, nombre important de retards, beaucoup d’élèves en décrochage, beaucoup d’avis de sanctions, notamment pour des problèmes d’insolence.
• Mais également des indicateurs scolaires à améliorer : taux de réussite au DNB faible, élèves en difficulté scolaire, pas ou peu de maîtrise du socle commun de compétences, peu d’élèves inscrits en Aide aux Devoirs, une forte hétérogénéité à gérer en classe
• L’orientation était également source de préoccupation : le projet personnel des élèves faisait défaut parfois lié à un manque d’ambition scolaire des élèves, les parents se mettaient en retrait par rapport aux souhaits de leurs enfants, ne les guidaient pas, Il était important de rétablir une relation de confiance école-famille : l’école se devait de tout mettre en œuvre pour rétablir une justice scolaire qui n’existait pas suffisamment aux yeux des élèves qui souffraient d’un manque d’estime personnelle.
• De même, les parents se sentaient souvent incapables d’aider leurs enfants dans les révisions de troisième, notamment en mathématiques. De ce fait, les élèves ne pouvaient en général pas combler les lacunes par un travail en autonomie à la maison.
• Par ailleurs, le climat scolaire devait absolument être apaisé : les élèves ne venaient pas suffisamment dans l’idée qu’ils ont un projet personnel à construire et manquaient de motivation face aux apprentissages. Certains élèves décrochaient peu à peu et ne pouvaient plus suivre le cours, d’où des phénomènes d’insolence, de chahut et d’absentéisme encore plus fort. Le fonctionnement habituel de la classe semblait ne pas être en mesure de pallier cette forte démotivation.
• D’un point de vue pédagogique, il devenait nécessaire d’interroger ses propres pratiques, de développer le travail interdisciplinaire et par compétences pour permettre l’acquisition du socle commun, de répondre à l’envie de l’équipe des enseignants de proposer des projets motivants aux élèves, de questionner l’idée de travail à la maison.

Objectifs poursuivis
- L’objectif principal de ce projet est de permettre un véritable questionnement pédagogique des équipes dans le but :
• D’agir sur l’estime de soi des élèves, leur motivation
• De faire travailler les élèves autrement
• De réaffirmer la notion d’ambition scolaire
• D’améliorer des résultats scolaires (mesurables dans les bulletins, dans le taux de réussite au DNB, dans le taux d’élèves orientés dès juin)
• D’assurer le renseignement progressif du LPC
• D’améliorer le climat scolaire (mesurable dans le taux de retard et d’absence au cours de la semaine et après les semaines expérimentales, dans le nombre d’avis de sanction donnés au cours de la semaine et après)
• D’assurer une meilleure cohésion des équipes enseignantes en particulier dans la co-animation des expérimentations aboutissant à une prise en charge des élèves en fonction de leurs besoins.

- L’objectif final pour les élèves est triple :
• Augmenter les chances de réussite au brevet des collèges, avec un approfondissement pour un groupe d’élèves qui maîtrisent les savoirs et les compétences demandées au D.N.B. Cela permet aux professeurs d’aller plus loin dans les apprentissages. Les élèves, quant à eux, consolident leurs niveaux et approfondissent leurs connaissances par d’autres apprentissages qu’ils n’auraient pu recevoir dans un fonctionnement classique. Une remédiation afin de permettre aux élèves les plus en difficulté de maîtriser le « minimum vital » et ainsi essayer d’obtenir le D.N.B. Le fossé qui existe entre très bons élèves et élèves en difficulté peut être fortement réduit.
• Favoriser une orientation choisie et non subie,
• Avoir une meilleure image de soi, être plus motivé
- Des objectifs secondaires.
• Mieux utiliser les temps scolaires : créer des blocs horaires animés par des binômes en petits groupes d’élèves sur des thèmes et des compétences précises aux horaires les plus adaptés pour la concentration et l’acquisition des élèves. Faire peut être moins venir les élèves au collège, mais mieux utiliser les heures disponibles.
• Sortir des logiques qui freinent les enseignements : une classe/ un professeur ; un enseignant/une discipline ; Une discipline/ses compétences du socle commun.
• Éliminer l’idée que le professeur doit absolument avancer dans son programme à tout prix et surtout en oubliant ses élèves qui décrochent finalement petit à petit à mesure que les fondamentaux nécessaires à la poursuite des études ne sont pas acquis.
• Sortir de l’éternel diagnostic et repérage des élèves en difficulté sans apporter de remédiation. Il s’agit d’apporter des réponses à la question que se posent de nombreux enseignants à l’issue de tests : « et maintenant on fait quoi de ces élèves » ?

Description
Trois fois dans l’année, l’ensemble des élèves a été réparti en groupes de besoins à effectif réduit ou en groupes hétérogènes pour travailler en priorité sur la remédiation ou l’approfondissement de certaines compétences du socle commun au palier 3 et sur l’ouverture culturelle, pour travailler aussi sur la tâche complexe, sur le projet personnel et d’orientation, sur l’histoire des arts, le parcours d’éducation artistique et culturelle, le DNB.

Modalité de mise en œuvre
La mise en œuvre a suivi la logique suivante :
• Thématiser les semaines (SD1 sur l’appropriation du collège, SD2 sur l’autonomie et l’initiative et SD3 sur la liaison école-collège) et ne pas multiplier les compétences travaillées
• Trouver les thématiques ou compétences du programme à ne pas approfondir en classe entière et qu’on va approfondir lors des semaines décloisonnées (à traiter différemment, en petits groupes)
• Formaliser des progressions communes entre enseignants
• Former les groupes de besoin
• Recueillir les projets des enseignants pour les semaines décloisonnées
• Modifier totalement le rythme scolaire des semaines expérimentales en proposant aux élèves et aux personnels de travailler différemment avec un emploi du temps personnalisé dédié à chaque semaine : on rompt avec la logique une classe/un professeur/un lieu.

Trois ressources ou points d’appui
• La visite au collège de Saint-Exupéry pour concrétiser et réaliser l’ampleur du projet
• Le bilan à l’issue de la première semaine décloisonnée pour éviter certains écueils
• L’intensité et l’émulation du travail en équipe de coordination

Difficultés rencontrées
• Le manque de temps de concertation pour monter les projets (notamment pour la SD2)
• Les craintes des collègues quant à la modification de leurs pratiques professionnelles
• La communication et la justification du dispositif vis-à-vis de certains collègues, parents et / ou élèves afin de montrer que travailler par projet ne signifie pas baisser son niveau d’exigence face au travail.

Moyens mobilisés
• Moyens humains : Tous les personnels de l’établissement, y compris les AED, assistants pédagogiques, agents, parents, voire direction se sont impliqués. Chacun a pu prendre sa part éducative dans les semaines décloisonnées.
• Moyens techniques : Toutes les ressources à disposition ont été utilisées : les salles du collège mais certaines en école élémentaire, dans les espaces culturels, de mémoire…
• Moyens financiers : Une ligne budgétaire a été allouée au financement des projets.

Partenariat et contenu du partenariat
• Durant ces trois semaines décloisonnées, un nombre important de partenariats divers et variés ont été menés. On peut citer par exemple des associations (Ligue de Protection des Oiseaux), des instances officielles (tribunal d’instance de Montbéliard, Brigade de Protection de la Jeunesse), des événements locaux (forum santé à Audincourt), des lieux culturels (Pavillon des Sciences, Musées de Montbéliard, Ma Scène Nationale, le 19…).
• Le partenariat s’est étendu aux écoles primaires du réseau via de nombreux projets inter-degré, notamment lors de la 3ème semaine (liaison école/collège) menant à la réalisation d’une exposition commune.

Liens éventuels avec la Recherche
Envisagé pour l’an prochain. Lecture de travaux divers par certains collègues.

Evaluation
• Taux de réussite au D.N.B.
• Nombre de mentions obtenues au D.N.B.
• Notes à l’épreuve d’H.D.A.
• Moyenne et mise en perspective des résultats des élèves aux Brevets Blancs organisés par le collège
• Pourcentage d’élève sans affectation
• Pourcentage d’élèves ayant le niveau A2 et le b2I
• Suivi des résultats de la cohorte à N+1 (en termes de résultats et comportements des élèves, de plus-value pour l’équipe pédagogique, etc.)
◦ En termes de résultats :
◦◦ Notes du CCF en augmentation
• Meilleurs résultats au DNB
◦◦ En termes de savoir-être :
◦◦ Motivation renforcée des élèves
◦◦ Confiance renforcée des élèves
◦◦ Capacité à l’auto-évaluation
◦◦ Travail sur l’autonomie et la prise d’initiative
◦◦ Réduction des incidents en cours ou des exclusions de cours
◦◦ Réduction du taux de retards ou d’absentéisme

Pour l’équipe pédagogique :
• Travail renforcé en équipe disciplinaire
• Réflexion sur la place des enseignements au collège, dans le parcours des élèves, dans la réussite des élèves
• Mise en place d’autres méthodes de gestion de classe
• Réflexion sur la prise d’initiative et l’autonomie des élèves
• Travail renforcé dans le cadre des liaisons CM2/6ème et 3ème/2nde

Documents
-Présentation des semaines décloisonnées : Prezi présentant de façon visuelle les semaines décloisonnées (diaporama)
- Article sur la 1ère semaine décloisonnée : Article mis en ligne sur le site du rectorat de l’académie de Besançon à l’issue de la première semaine décloisonnée

Modalités du suivi et de l’évaluation de l’action

- Modalités du suivi : au cours des semaines décloisonnées, les coordinateurs ont veillé au bon déroulement de l’ensemble des projets et à l’efficience de l’articulation.
- Modalité de l’évaluation :
• Auto-évaluation : les élèves comme les personnels ont été amenés à répondre à un questionnaire bilan en fin de semaine
• Evaluation interne : les indicateurs vie scolaire tout comme l’analyse des questionnaires élèves et personnels ont permis d’obtenir un bilan objectif et global de l’action.
• Evaluation externe : le retour des CARDIE (Mme CLERC-GEVREY et M. MAGNIN) suite à leur visite lors d’une semaine décloisonnée.

Effets constatés
- Sur les acquis des élèves :
• Les élèves perçoivent mieux de l’intérêt de travailler des compétences et des connaissances grâce à la démarche de projet.
• L’absence d’évaluation chiffrée pendant cette semaine a permis aux élèves d’être plus détendu et plus réceptifs aux apprentissages
• On a pu constater une généralisation de l’envie de venir au collège et le développement d’une curiosité face aux tâches nouvelles proposées
• Quand les élèves s’impliquent dans un atelier qui leur convient, les problèmes de comportement sont pratiquement absents et on constate la mise en place d’entre aide au sein du groupe pour mener à bien le projet ou la production commune.
- Sur les pratiques des enseignants :
• Selon leurs appréhensions face à la démarche de projet, différentes réactions des collègues ont été constatées :
◦ les collègues habitués ou à l’aise avec la démarche de projet se sont appropriés dès le départ le principe des semaines décloisonnées et ont monté des projets ambitieux transdisciplinaires ou inter degrés sur de larges plages horaires. A l’issue de leurs ateliers, ils ont été conquis par ce mode de fonctionnement.
◦ les collègues plus frileux ou anxieux à l’idée de travailler ainsi ont monté des projets plus modestes et plus disciplinaires sur la première semaine décloisonnée puis ont davantage élargi leurs pratiques lors des semaines suivantes. A l’issue de leurs ateliers, ils ont ainsi conclu qu’un projet bien préparé peut apporter tout autant qu’une séance de cours classique, si ce n’est plus.
◦ quelques collègues plutôt opposés à ce fonctionnement ont préféré accompagner les projets d’autres collègues ou ont demandé (pour l’un d’entre eux) à avoir ses créneaux de cours habituels. Ces rares collègues trouvent que la mise en place de semaines décloisonnées nuit à leur progression et n’offre pas ou trop peu d’intérêt pour les élèves.
◦ Grâce aux semaines décloisonnées, la majeure partie des collègues ont pu découvrir les pratiques d’autres collègues, découvrir la co-intervention, la démarche de projet, le fait de travailler sans noter, etc. et la grande majorité en est ressorti grandie pédagogiquement.
- Sur le leadership et les relations professionnelles :
• Des relations ont pu être développées entre collègues ne travaillant pas ensemble habituellement.
• Les liens entre élèves et enseignants (qu’ils les aient en classe ou non) ont pu être créés ou renforcés car chacun s’est vu différemment pendant ces semaines.
- Sur l’école / l’établissement :
• En entrant dans le collège, les travaux d’élèves exposés donnent l’image d’un établissement vivant dont les élèves se sont emparés par leurs productions
• Une plus grande sérénité dans l’établissement, un climat apaisé, une ambiance de travail détendue ont été relevés pendant ces semaines et dans les jours suivants.
- Plus généralement, sur l’environnement : Les différentes actions menées pendant les semaines décloisonnées ont permis d’élargir rayonnement de l’établissement au niveau local et régional (articles de presse, reportage de France 3) et de montrer au grand public que l’éducation prioritaire peut aussi être à l’origine de belles initiatives.

Extrait du site Expérithèque : Semaines décloisonnées

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