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Le site Educateurs prioritaires (Emile Lanoë) analyse longuement "le nombre exceptionnellement élevé de départs" de l’éducation prioritaire lors du mouvement 2015

9 juillet 2015

Parvenir à stabiliser les équipes dans les établissements les plus sensibles était un objectif affiché par le ministère lorsqu’il a lancé sa réforme de l’éducation prioritaire à la rentrée 2014. Les résultats de la phase de mouvement 2015 viennent de tomber, le ministère n’a pas encore communiqué sur le sujet, et pour cause, le nombre exceptionnellement élevé de départs sonne comme un désaveu pour les politiques mises en œuvre.

Un "effet tourniquet" qui perdure en s’amplifiant

D’après Lionel Millot, secrétaire national au Snes, le gouvernement va "certainement attendre la rentrée de septembre pour communiquer à ce sujet" malgré les sollicitations du syndicat majoritaire dans le secondaire.

A l’échelon local, le nombre de mutations est un indice particulièrement pertinent lorsque l’on veut prendre la température d’un établissement. Ponctuellement, il signale une éventuelle mauvaise ambiance au sein d’une équipe de professeurs et / ou des relations conflictuelles entre les enseignants et l’équipe de direction parfois trop autoritaire. Un "bon établissement" est donc d’abord un collège où les équipes restent stables.

A l’échelle national, en ciblant l’analyse des mutations sur la seule éducation prioritaire, on peut apprécier l’efficience et le cas échéant le degré de confiance accordé par les personnels aux politiques mises en œuvre et en particulier celles concernant la « refondation de l’éducation prioritaire ».

Sans croire béatement à une inversion immédiate et définitive de la tendance au turn-over dans les établissements les plus difficiles, les mesures liées à cette refondation avaient, à l’époque, soulevé quelques espérances. Elles visaient avant tout à fixer, le plus longtemps possible, les jeunes enseignants dans ces établissements manquant cruellement de stabilité, à tous les niveaux. Une prime supplémentaire de 100 euros par mois et la baisse du temps d’enseignement d’1h30 est donnée à partir de septembre prochain aux enseignants de 350 collèges REP+ et de 50 euros sans allégement de service pour 781 collèges REP.

Il faut croire que ces mesures ne suffisent toujours pas à faire « grandir en ZEP » ces jeunes enseignants qui poursuivent et amplifient « l’effet tourniquet ». Ils y « font leurs années », celles nécessaires pour ouvrir à un bonus de points pour muter, puis s’en vont. Rien dans les mesures énoncées par le gouvernement ne permet de changer ce constat intangible. Dans certaines matières déficitaires, en mathématiques particulièrement, ces jeunes enseignants débutants peuvent même ne faire qu’une seule année dans ce type d’établissements avant de pouvoir migrer vers des cieux plus cléments.

Des nuances selon le statut des établissements et la nature de la mutation

En analysant finement les résultats des mutations 2015 et en différenciant trois catégories d’établissements, on peut même pousser l’interprétation un peu plus loin :

Catégorie A : établissements exclus de l’éducation prioritaire

Catégorie B : établissements maintenus en éducation prioritaire.

Catégorie C : établissements nouvellement intégrés à l’éducation prioritaire.

Il faut par ailleurs distinguer deux types de mutations : [...]

[...] La grande lessive annuelle des éducateurs prioritaires se poursuit donc, elle n’a finalement pas que des conséquences négatives pour le ministère : renouveler et rajeunir encore un peu plus les équipes en poste dans les établissements les plus sensibles offre plus de garanties d’efficience dans la mise en œuvre des réformes. La fermeté manifestée par les rectorats vis à vis des mouvements sociaux contestant la réforme de l’éducation prioritaire en est la parfaite illustration (on imagine mal un contractuel ou un néotitulaire s’engager dans une grève de la faim de plus de 15 jours, comme au collège Bellefontaine de Toulouse, pour obtenir de rester en éducation prioritaire).
Le recrutement sur profil des enseignants, la future réforme de leur évaluation, les fonctions de coordonnateurs, les primes diverses (IMP)...autant de mesures difficiles à faire accepter à des salles des professeurs aguerries.

Extrait de blogs.mediapart.fr du 08.07.15 : Education prioritaire : "marée mutante" confirmée

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