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Extrait de « Tageblatt » du 16.11.05 : La crise des banlieues donne une nouvelle urgence à la réforme des ZEP
Avec la crise des banlieues, syndicats, associations et ministère de l’Education s’accordent pour mettre les ZEP (zones d’éducation prioritaire), reconnues comme un des meilleurs remèdes à la misère sociale et à la discrimination, au centre des réformes à mener en urgence.
De nombreux mineurs soumis à l’obligation scolaire (jusqu’à 16 ans), et d’autres s’affirmant »en rupture scolaire » ont participé aux violences de ces dernières semaines.
Le ministre de l’Education nationale Gilles de Robien a donc renouvelé mercredi sa promesse d’ »évaluer et réformer » ces zones. »Que serait la société sans les ZEP ? », a-t-il interrogé, reconnaissant cependant qu’elles ont »peut-être, en un quart de siècle, perdu un peu de leur intensité dans la réussite éducative ».
Imaginé en 1981 pour répondre à la concentration de difficultés sociales dans certains quartiers, le dispositif ZEP consiste en l’attribution de moyens supplémentaires, qui se traduisent essentiellement par moins d’élèves par classe. Aujourd’hui, un élève sur six est scolarisé en ZEP.
Or, le système se grippe. Une étude de l’Insee avait déjà affirmé mi-septembre que les ZEP n’avaient pas produit d’ »effet significatif » sur la réussite des collégiens.
Côté syndical, on rappelle également que l’éducation prioritaire »a été la première victime des suppressions de postes et baisses de crédits depuis trois ans », rappelle Bernard Boisseau, secrétaire général du Snes-FSU, majoritaire dans les collèges-lycées.
Avec pour conséquence de »supprimer tout ce qui avait été mis en place sur le terrain en complément » : heures de soutien, options technologiques et professionnelles »qui représentent pour beaucoup de ces jeunes des possibilités de réussite », a-t-il dit à l’AFP.
La crise des banlieues a donné une dimension d’urgence à ce constat : le dossier de l’éducation prioritaire doit être rouvert pour garantir de meilleures chances aux jeunes, passage obligé à leur apaisement.
Reste à définir les moyens d’y parvenir. Très prudent depuis la rentrée, M. de Robien a déjà suggéré des bonifications de carrières aux enseignants expérimentés volontaires pour aller ou retourner en ZEP.
Il a avancé mercredi l’idée de modifier la carte des ZEP »pour favoriser encore plus la mixité sociale ». »Le dossier de l’éducation prioritaire va être posé dans son ensemble, y compris la carte des ZEP, s’il faut en passer par là pour donner une impulsion, on en passera par là », a précisé son entourage à l’AFP.
La dilution des moyens dans un nombre croissant d’établissements ZEP est un sujet sensible. Les acteurs de terrain revendiquent surtout une augmentation générale des moyens. Quant aux élus locaux, le déclassement d’un de leurs établissements ZEP s’apparente souvent pour eux à un mini-séisme, les contraignant à obtenir les mêmes résultats à moindres crédits.
L’Observatoire des zones d’éducation prioritaire (OZP), réunissant enseignants et personnels des ZEP, propose malgré tout la concentration d’une partie des moyens sur »les territoires cumulant un échec scolaire massif, une fuite des enseignants et des élèves et un développement de l’exclusion sociale ». Mais pas au détriment des autres ZEP.
D’autres pistes, comme les décharges horaires des enseignants pour permettre le travail en équipe, figurent également sur la liste des doléances syndicales.