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Compte rendu CRAP d’une table ronde sur les inégalités au congrès de la FCPE

26 mai 2015

[...] Parmi les temps forts du congrès, une table ronde devait répondre à la question : « Comment agir pour la mixité sociale et l’égalité dans les écoles et dans les classes ? »

Cette table ronde, animée par Sylvie Fromentelle, réunissait, outre Florence Castincaud, Stéphane Kus, chercheur à l’IFE au Centre Alain Savary, animateur du réseau national de lutte contre les discriminations à l’école ; Raymond Macherel, organisateur et animateur de ciné-débats autour de films documentaires, pour créer de la rencontre et du dialogue ; Patrick Tassin, président du Conseil économique, social et environnemental de la région Champagne-Ardenne.

Centrés sur l’école, les propos de Stéphane Kus et Florence Castincaud ont été complémentaires. Stéphane Kus a rappelé la situation d’inégalité du système français, avec ses ghettos privilégiés (classes préparatoires et grandes écoles) et ses ghettos défavorisés, les deux étant de faible mixité sociale. Il y a donc matière à interrogation sur ces « ruptures d’égalité » flagrantes, entre les territoires mais aussi à l’intérieur même d’un territoire ou d’un établissement. Sur un sujet bien connu de tous, par exemple les « devoirs à la maison », quelles sont les pratiques qui produisent de l’inégalité ? Quelles pratiques au contraire peuvent aider à entrer dans une logique de l’« apprendre » des élèves pour qui il s’agit seulement de « faire » ? Car c’est sur ces malentendus parfois invisibles que se renforcent les inégalités.

A sa suite, le propos de Florence Castincaud s’est largement inspiré du dossier des Cahiers qu’elle a co-coordonné avec Jean-Pierre Fournier, Ecole et milieux populaires. Elle a souligné que notre cadre d’action était celui d’une société française en proie à de fortes et croissantes inégalités, et où on peut se demander si la classe moyenne actuellement n’a pas une "préférence pour l’inégalité", comme le dit François Dubet.
JPEG - 120 koTable ronde
Sans compter les discours où on accuse les "pauvres" d’être responsables de leur sort. Puis elle proposé des pistes pour agir dans le sens d’une plus réelle mixité scolaire où tous ont vraiment leur place : des pratiques pédagogiques qui encouragent la coopération, qui valorisent chaque élève ; des pratiques d’évaluation qui poussent chacun à faire plus et mieux sans le figer dans un « niveau » qui l’assigne à une place ; une prise en compte par l’enseignant des malentendus qu’il perçoit chez les élèves, des décalages dans le rapport au savoir, dans la gestion du temps, dans le rapport au langage.

Du côté du rapport aux parents, la question cruciale des parents très éloignés de l’école, qui s’y sont sentis disqualifiés : il faut du temps, de la patience, de l’écoute pour les convaincre qu’ils ont leur place, c’est une des conditions pour que l’enfant s’y sente lui aussi à sa place (voir le rapport de JP Delahaye « Grande pauvreté et réussite scolaire »).

Comment lutter contre les discriminations, comment rendre les enseignants plus lucides sur les inégalités dont ils ne perçoivent pas toujours la réalité, comment se servir de marges de manœuvre pour agir efficacement ? On est là au cœur de ce qu’on peut souhaiter pour cette « République de demain » qui ne laissera pas tomber une partie de ses enfants… Un idéal qui interroge chaque citoyen et donc chaque parent : dans une assemblée FCPE, soulignons que nos attitudes de parents ne sont pas exemptes de contradictions ou ambiguïtés sur ces questions.
Jean-Michel Zakhartchouk

Extrait de cahiers-pédagogiques.net : Ne pas céder à la préférence pour l’inégalité

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