> III- INEGALITES : Mixité sociale, Pauvreté, Ethnicité, Laïcité... > Mixité sociale, Carte scolaire/Sectorisation (hors EP) > Mixité soc., Carte/Sectorisation (Positions de chercheurs) > Mixité sociale à l’école : Choukri Ben Ayed constate l’échec des (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Mixité sociale à l’école : Choukri Ben Ayed constate l’échec des politiques mises en œuvre jusqu’à présent (ouvrage à paraître en avril 2015)

9 mars 2015

Mixité sociale à l’école : Choukri Ben Ayed constate l’échec des politiques mises en œuvre jusqu’à présent

"La mixité sociale n’est pas le projet fondateur de l’Ecole républicaine", rappelle Choukri Ben Ayed dans un ouvrage à paraître. Pour lui, "le traitement de la ségrégation et de la mixité sociale à l’école condense en réalité l’expression de choix politiques sur les perspectives de transformation de l’école" et les enquêtes de terrain mettent en évidence passe-droits, arrangements locaux, pressions des associations de parents d’élèves "pour la préservation d’un certain entre-soi" et l’auteur évoque "l’âpreté et le caractère routinisé de certaines populations".

Le travail du chercheur (université de Limoges) porte, par nature, sur les résultats des politiques passées, notamment lorsque Xavier Darcos était ministre de l’Education nationale, et non sur celles qui se mettent en place actuellement, même s’il dessine des perspectives. Il est évident pour lui "qu’on ne peut construire une ’école mixte’ dans un cadre scolaire où les curriculums sont différenciés et les enseignements cloisonnés", ce qui suppose de "lutter contre les aspirations ségrégatives et sécessionnistes des classes supérieures et moyennes". Un tel combat suppose aussi de disposer d’indicateurs de ségrégation et de mixité sociale, qui font actuellement défaut. Il serait pourtant possible "de construire à l’échelle nationale, puis de décliner à l’échelle locale", des outils d’évaluation "simples et lisibles", une suggestion que semble avoir reprise le Gouvernement, hier 6 mars.

Le busing et la carte scolaire

Le Premier ministre et la ministre de l’Education nationale n’ont pas évoqué parmi les mesures à mettre en place le "busing", qui amène en bus les élèves d’un quartier (défavorisé) dans les établissements d’un autre quartier (favorisé). Choukri Ben Ayed constate que cette politique a été expérimentée aux Etats-Unis, puis abandonnée, "en raison de son coût et de ses effets pervers", puisque "les élèves accueillis dans les écoles dans ces conditions faisaient l’objet de stigmatisations, et (que) leur présence engendrait de nouvelles fuites, entraînant des mécanismes de ségrégation en chaîne". En France, annoncé en 2010, limité à cinq villes, Dugny, Courcouronnes, Asnières, Remiremont et Oullins, le busing a été abandonné en 2011.

Il n’existe donc pas de "modèle" en matière de mixité sociale, mais "une nébuleuse de dispositifs", parmi lesquels la carte scolaire, qui est mise en échec pour des raisons qui sont "moins dans son principe que dans ses modalités d’application". D’ailleurs son assouplissement en 2007 était, du moins dans le discours officiel, justifiée par un souci d’ "amélioration de la mixité sociale". En réalité, "cette politique ne s’adress(ait) de fait qu’aux catégories d’élèves en marge des pratiques d’évitement scolaire", et il ne s’agissait "en aucun cas", de "redorer le blason des établissements les plus évités" et elle "a contribué à l’aggravation de la ségrégation".

Autre conclusion du chercheur, le niveau local est dépossédé des moyens d’action, et les collectivités "ne pourraient endosser seules la responsabilité de la lutte contre les phénomènes ségrégatifs". Dès lors, il revient au niveau national de choisir clairement entre une transformation de l’école qui suppose d’abroger les cloisonnements et d’élaborer "une autre répartition de l’allocation des moyens d’enseignement en direction des élèves et des établissements les plus paupérisés", ou une politique "plus conformiste", la fonction de la mixité sociale serait alors "celle d’un certain maintien de l’ordre scolaire". Pour l’heure, force est de constater que "l’introduction du credo de la mixité sociale dans l’école française a très peu modifié le cadre institutionnel et a eu un impact très faible sur la transformation des conditions de scolarisation des élèves les plus modestes".

"La mixité sociale à l’école", Choukri Ben Ayed, Armand Colin, 224 p., 22,50€, parution le 8 avril
Présentation et sommaire éditeur

Extrait de touteduc.fr du 07.03.2015 : Mixité sociale à l’école : Choukri Ben Ayed constate l’échec des politiques mises en œuvre jusqu’à présent

 

Une vidéo de 3 mn : « Quel est l’impact des inégalités territoriales sur la réussite scolaire ? Le territoire est-il un facteur déterminant dans la réussite ? Peut-on parer à ces inégalités ? » Eléments de réponse avec le sociologue Choukri Ben Ayed.

Extrait de jean-jaures.com : Inégalités territoriales et réussite scolaire

Répondre à cet article