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Les écoles visées par les violences urbaines

9 novembre 2005

Extrait du « Figaro » du 08.11.05 : En échec scolaire, des casseurs s’en prennent aux écoles pour se venger

Une dizaine d’écoles primaires ont flambé durant le week-end. Beaucoup de parents ont aidé les enseignants à nettoyer les lieux

« Ils ont brûlé l’école et ils ont eu raison, provoque Tewfik, dix-huit ans passés à Grigny (Essonne) où la maternelle Belle-Au-Bois-Dormant a été incendiée. Y’en a marre de cette hypocrisie : ici, l’école ne sert à rien : il suffit de nous regarder ! » C’est « 90% d’échec, 10% de bacheliers et 100% de chômeurs », poursuit un copain de la cité La Grande-Borne où vivraient « 5 000 enfants ». « Tout est vicié à la base », continue Brahim. Et de décrire un univers hostile, des enseignants cruels, les « injustices » et l’orientation en voie professionnelle, vécue comme « une mise à la poubelle ». Depuis, sans diplôme et sans travail, il préfère la rancoeur aux regrets.

Ce sont d’ailleurs des éclopés de l’Education nationale qui s’en sont pris à ces maternelles peu protégées, à en croire les témoignages. Un feu de plus au palmarès, l’assurance d’obtenir l’attention des médias, sans conséquences néfastes, veulent-ils croire : « Les maternelles seront reconstruites demain. L’Etat a de l’argent », justifie Rabat, 19 ans.

Un discours classique pour cette jeunesse délinquante qui « depuis dix ans, s’en prend surtout aux institutions, jugées responsables de leur situation », explique Hugues Lagrange, sociologue de l’Observatoire du changement (CNRS). La « délinquance de prédation » des années 80, dont l’objet principal était de commettre des vols, a en partie laissé la place à une guérilla urbaine, menée par des jeunes en rupture scolaire. D’une génération à l’autre, on peine d’ailleurs à se comprendre. Les trentenaires regardent avec effroi « ces petits jeunes qui ne respectent rien ».

(...)

Depuis la rentrée de septembre, les enfants de la maternelle s’étaient employés à décorer leur classe : « C’était le projet pédagogique. Tout leur travail est parti en fumée », se lamente une mère, venue spontanément aider dimanche à déblayer les débris. Comme elle, des dizaines de personnes, des hommes, des jeunes, des mamans en boubou ou sari sont descendues des tours voisines pour nettoyer les salles carbonisées. Beaucoup de familles ont toutefois choisi de garder leurs enfants à la maison, lundi, « par peur que ça dégénère », explique Saïd, bac + 5, agent de sécurité au BHV, père de trois enfants. « Il suffit d’un rien pour que les tirs reprennent. » Et d’un coup de tête pour que ces écoles soient à nouveau la cible de quelques enragés, indifférents aux espoirs de réussite des familles autour.

Cecilia Gabizon

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