> III- INEGALITES : Mixité sociale, Pauvreté, Ethnicité, Laïcité... > Laïcité > Laïcité (Témoignages) > Charlie Hebdo : comment en parler en classe ? Des témoignages en éducation (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Charlie Hebdo : comment en parler en classe ? Des témoignages en éducation prioritaire

10 janvier 2015

Additif du 13.01.15

[...] Plusieurs journaux relèvent ainsi le cas d’écoles où des élèves auraient refusé de participer à ce moment de recueillement. « Dans une école élémentaire de Seine-Saint-Denis, pas moins de 80 % des élèves d’une classe ont refusé cette minute de silence », décrivait ainsi, vendredi, Le Figaro. « Certains reproduisent des discours complotistes », expliquait leur enseignant. Dans un collège de Roubaix, indique l’AFP, un rassemblement de 400 élèves s’est tenu « dans un grand bourdonnement. »

[...] D’autres médias décrivaient, les jours suivant l’attentat contre Charlie Hebdo et la prise d’otages de la supérette de la Porte de Vincennes, de jeunes élèves allant jusqu’à justifier les actions des terroristes. « Ils n’avaient pas le droit de se moquer du prophète. Ils n’avaient qu’à pas se moquer de notre religion », avaient ainsi lancés les élèves de CM1 d’Hélène, professeure d’un établissement du nord de Paris situé en réseau d’éducation prioritaire (ex-ZEP), comme le relate l’Express. Et le magazine de décrire une enseignante « choquée et démunie devant ces réactions ».

Extrait de vousnousils.fr du 13.01.15 : Najat Vallaud-Belkacem mobilise l’école autour des valeurs républicaines

 

" Les cas de perturbations ont donc été très minoritaires, mais ils ont été pris très au sérieux". Dans un communiqué publié le 10 janvier le ministère a estimé à seulement 70 le nombre d’établissements où la minute de recueillement a été perturbée. Une sous évaluation ?

"Certains cas de perturbations de la minute de silence par des élèves nous ont été signalés. Sur la base de remontées purement déclaratives faites à ce stade, cela concernerait des élèves, généralement isolés, dans environ 70 établissements sur les 64 000 que l’on compte sur tout le territoire", écrit le ministère. "Les services du ministère ont recoupé les remontées de terrain par une veille internet / réseaux sociaux, spécifique à la question du non respect de la minute de silence. Cette veille relève un faible nombre de messages portant spécifiquement sur ce sujet. Les cas de perturbations ont donc été très minoritaires, mais ils ont été pris très au sérieux. Ils ont été traités localement par les équipes éducatives, entre dialogue éducatif et sanctions proportionnées à la gravité des faits, allant du rappel à l’ordre à la convocation de conseil de discipline".

Pourtant la simple consultation de la page Facebook du Café pédagogique, sans compter les nombreux cas signalés dans les médias, montre que les cas de perturbations ont été plus nombreux. Dans de nombreux établissements il y a eu une poignée d’élèves qui n’ont pas fait la minute de recueillement pour de nombreuses raisons y compris l’habituel souci de s’opposer aux adultes chez les adolescents.
Dans quelques cas ce sont les adultes qui ont désobéi. Dans plusieurs établissements le chef d’établissement a préféré ne pas faire la minute par crainte de difficultés.
Dans un cas, signalé au café pédagogique, la minute n’a été faite que par les élèves te le personnel de vie scolaire, le principal et les enseignants préférant partager la galette des rois au même moment...

Extrait de cafepedagogique.fr du 12.01.15 : Une minute de silence sans problèmes ?

 

Dans ce collège de ZEP du nord de Paris, les professeurs tentent de discuter de l’attentat contre "Charlie Hebdo" avec des collégiens peu convaincus [...]

Extrait de tempsreel.nouvelobs.com du 12.01.2015 : "Charlie Hebdo" au collège : "Ils l’ont cherché"
 :
 

Sans explications préalables, la minute de silence n’a pas toujours été un exercice facile à faire jeudi dans les écoles, collèges et même lycées.

Extrait de lefigaro.fr du 10.01.15 : Charlie Hebdo : ces minutes de silence qui ont dérapé dans les écoles

 

Voici ce qu’écrit, le 9 janvier, Aude, enseignante de français au collège Jean-Macé de Clichy sur sa page Facebook, à ses anciens élèves.

[...] Gardez votre libre-arbitre et votre pensée en éveil.(..). Les élèves qui vous ont succédé et que j’ai maintenant devant moi en cours disent souvent « wesh frère » : eh bien là, il faut plus que jamais se dire que nous sommes tous frères et soeurs, fils et filles de la République. Je compte sur vous pour conserver allumé l’esprit des Lumières que Voltaire et ses compatriotes ont défendu bec et ongles il y a trois siècles et à qui l’on doit tant. Je ne vous le redirai jamais assez : lisez, lisez, lisez. Ces grands hommes d’hier (Molière, Hugo, Zola) ont encore tant à nous apprendre aujourd’hui ! [...]

Extrait de blogs.lexpress.fr du 11.01.2015 : Charlie Hebdo : ne laissons plus les profs seuls face à ce que nous ne voulons pas voir

 

La presse évoque cela avec des articles contrastés. Certains plutôt positifs comme celui celui de Rue89 . Mais il faut noter que le titre de cet article a changé. Initialement intitulé “Parler de Charlie Hebdo à l’École : ils sont intelligents mes élèves ”, il est devenu samedi soir “Beaucoup d’élèves sont choqués par les dessins de Charlie Hebdo”. Ce changement de titre est symptomatique.
Car dans le reste de la presse la tonalité est plutôt négative. Que ce soit Le Monde avec un premier article “A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous « Charlie » ” ou un autre assez semblable intitulé “« On ne rigole pas avec la religion » ” ou bien encore Le Figaro qui évoque “ces minutes de silence qui ont dérapé dans les écoles ”. On peut citer encore L’Express qui rapporte les propos d’“Imad, élève de CM1 : "Ils n’avaient pas le droit de se moquer du prophète" ” et Le Point qui évoque “Le désarroi d’une prof qui parle de "Charlie" à ses élèves ”. Un article de La Libre Belgique revient lui aussi sur ces faits en parlant “Des jeunes [qui] justifient l’attentat contre Charlie Hebdo ”.
Extrait de cahierspedagogiques.com du 10.01.15 En parler

 

Revue de presse par Louise Tourret
Parler avec des enfants qui défendent des terroristes est une expérience très violente. Honnêtement, je ne sais pas comment je m’en sortirais. Vous non plus. Mais nous n’avons pas à y faire face quand nous ne sommes pas profs.

En revanche, depuis mercredi matin, beaucoup d’enseignants témoignent de leurs difficultés face à des élèves qui ne partagent pas leur avis, leur profonde condamnation de l’attentat de mercredi 7 janvier, à Charlie Hebdo.

[...] Ce samedi, le ministère de l’éducation nationale a envoyé un communiqué en précisant que malgré ces témoignages, la minute de silence, « dans la très grande majorité des cas » s’était bien déroulée et que « les personnels ont été à l’écoute des élèves » :

« Néanmoins certains cas de perturbations de la minute de silence par des élèves nous ont été signalés. Sur la base de remontées purement déclaratives faites à ce stade, cela concernerait des élèves, généralement isolés, dans environ 70 établissements sur les 64 000 que l’on compte sur tout le territoire. Les services du ministère ont recoupé les remontées de terrain par une veille internet / réseaux sociaux, spécifique à la question du non respect de la minute de silence.
Cette veille relève un faible nombre de messages portant spécifiquement sur ce sujet. Les cas de perturbations ont donc été très minoritaires, mais ils ont été pris très au sérieux. Ils ont été traités localement par les équipes éducatives, entre dialogue éducatif et sanctions proportionnées à la gravité des faits, allant du rappel à l’ordre à la convocation de conseil de discipline. »

Extrait de slate.fr du 10.01.15 : Ne nous étonnons pas de ce que les profs entendent dans les écoles sur Charlie Hebdo

 

Des enseignants racontent, dans la presse et sur les réseaux sociaux, que certains de leurs élèves ne condamnent pas l’attaque contre "Charlie Hebdo". Loin de là.

Extrait de francetvinfo.fr du 10.01.15 : La difficile tâche des profs dans certains collèges

 

[...] Je leur ai expliqué. Je leur ai dit que je trouvais, moi aussi, que leur humour était souvent limite. Je leur ai expliqué que moi, Charlie Hebdo ne me faisait plus marrer depuis un moment. Je leur ai dit aussi qu’ils ont continué pour montrer que personne ne pouvait les empêcher de faire ce qu’ils voulaient. Quitte à ne pas être toujours subtils, quitte à ne pas toujours être marrants.
Ils m’ont demandé de regarder des dessins publiés par Charlie Hebdo. Je les ai projetés au tableau, nous les avons analysés ensemble. Celui-là il est marrant madame. Celui-là, il est vraiment bête. Celui-là, il est vraiment abusé.
[...] Toutes et tous ont compris. Aucun ne m’a dit : « C’est bien fait », « Ils l’ont bien cherché », « Je suis bien content-e ». Aucun. Je n’ai pas eu besoin de les mener à dire quoi que ce soit. Ils l’ont dit eux-mêmes. Les enfants de Seine Saint-Denis ne sont pas des idiots.

Extrait de tailspin.fr du 10.01.15 : Pour mes élèves de Seine-Saint-Denis

 

Dans un lycée professionnel dans l’Oise
Au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, un enseignant de l’Oise a tenu des propos qui contrastent complètement avec ce qu’on a pu lire et entendre ces derniers jours. Il a ainsi expliqué que ses élèves " condamnent l’assassinat mais le justifient".
Ce qui avait suscité la colère de certains musulmans, à savoir les caricatures de Mahomet, reste une pierre d’achoppement. " Ils n’admettent pas qu’on puisse caricaturer le prophète et après se plaindre d’être assassinés. Je dois dire la vérité aux auditeurs, c’est une partie de mes élèves d’origine extra-européenne qui pensent ça. Elle est là la réalité".

Extrait de lalibre.be du 10.01.15 : Des jeunes justifient l’attentat contre Charlie

 

[...] La plupart des élèves croisés, vendredi après-midi, à Saint-Denis s’y reconnaissent. Ils condamnent l’assassinat des caricaturistes... Mais presque autant que leurs caricatures. Pour tous, la vie est sacrée, mais la religion aussi. « Moi, la minute de silence, je ne voulais pas trop la faire, lâche Marie-Hélène, 17 ans, je ne trouvais pas juste de leur rendre un hommage car ils ont insulté l’islam, et les autres religions aussi. »

Ce que Maryam, sa camarade, redoute aujourd’hui, c’est « la haine qui va encore aller sur l’islam ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/10/a-saint-denis-collegiens-et-lyceens-ne-sont-pas-tous-charlie_4553048_3224.html#Ml8Afm1cCt3Cs3LB.99

 
Le blog de Jean-Michel Zakhartchouk
[...] En fait, lorsque les enseignants courageusement ont engagé la discussion sur les événements de mercredi et que certains d’entre eux se sont heurtés à des vents de fronde, de refus de minutes de silence et pire encore à des « Ils l’ont bien cherché ! », que cherchent-ils à faire ?
Pas à empêcher des actes terroristes éventuels et à détourner du chemin des élèves tentés demain par les horribles sirènes de la Mort. Ils s’adressent surtout à une partie importante de notre jeunesse qui est fragile, qui ne passera jamais à des actes barbares, mais sera complaisante peut-être pour ceux-ci, se détachera de notre République si on n’y prend garde. Il est important de montrer qu’on croit en nos valeurs, qu’on ne fléchit pas, qu’on sait argumenter sans avoir recours à l’Autorité qui met fin à toute discussion. [...]

Extrait de blog.edupros.fr/Jean-Michel-Zakhartchouk du 09.01.15 : Je suis Charlie bien sûr mais que faire à l’école ?

 

Je savais en arrivant, ce matin, au collège dans lequel j’enseigne depuis quatre ans maintenant, que la journée serait difficile.
Un vrai cliché ce collège : banlieue parisienne, classé "ECLAIR", maintenant REP, des élèves de toutes les couleurs, de toutes les religions et oui, beaucoup sont musulmans. Un collège qui fait peur à certains parents et aux bonnes gens de la ville. Mais une fois à l’intérieur, les élèves sont arc-en-ciel, ils ont envie ou pas envie d’apprendre, ils sont sages/pas sages, ils font de petites/grosses bêtises... Ils ont "attachiants" comme le dit une de mes collègues.

Extrait de leplus.nouvelobs.com du 09.01.15 : Je suis prof. face aux élèves, j’avais peur dene pas trouver les mots

&nbps;

Dans la Twitt classe de CM2 à Paris d’Alex Acou (en éducation prioritaire)

« Nous nous sommes posés beaucoup de questions avec nos collègues sur la manière d’aborder cela avec les enfants », témoigne Alex Acou, professeur d’une classe de CM2 à Paris.

Après une discussion avec ses élèves, désireux de parler du drame, il leur demande : « comment est-ce que l’on pourrait garder une trace de ce que l’on vient de dire ? Comment ces dessinateurs le feraient ? ». Réponse des élèves : « par le dessin ». Car une image vaut parfois, peut être, mieux qu’un long discours

Extrait de vousnousils.fr du 09.01.15 : Charlie Hebdo : Le réponses des écoliers par le dessin

 

Charlie Hebdo : comment les enseignants ont pu en parler avec leurs élèves
Au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, la plupart des enseignants ont abordé le sujet avec leurs élèves. Ces échanges, encouragés par le ministère de l’Education nationale, ont été plus ou moins faciles. A leur issue, beaucoup expriment le sentiment d’avoir rempli leur mission.

[...] « Là, on a fait de l’ECJS réellement »

La prudence et la réflexion prévalent aussi à Vaulx-en-Velin, l’une des communes les plus pauvres de l’Est lyonnais, comme à Mermoz, un quartier lyonnais classé en zone sensible.
Ici, un directeur d’école a déjà entendu ses élèves déclarer que Charlie Hebdo n’aurait pas « dû insulter le prophète ». Mercredi soir, sous le choc et plutôt circonspect sur l’opportunité de débattre en classe, il relève que des échanges ont pu avoir lieu dans presque toutes les classes et qu’ils se sont bien déroulés. « Nous sommes revenus sur les symboles de la République. En parler correspond à nos missions. »
A Vaulx-en-Velin, Marc Jampy, professeur d’histoire-géographie, évoque aussi d’abord des précautions . « Il peut y avoir des provocations de la part des collégiens, mais il faut les prendre comme telles. Les amener à réfléchir ». L’enseignant avait décidé d’intervenir sur le sujet « en cas de demande sérieuse ». Jeudi après-midi, ses élèves de troisième ont exprimé ce besoin. « Ils étaient préoccupés par le fait que Charlie Hebdo n’ait pas été condamné pour les caricatures en 2008. On a remonté le fil du temps, jusqu’à la loi sur la presse de 1881. L’enseignant estime-t-il avoir fait bouger des lignes ? « J’espère…
En tout cas, au milieu du buzz, la parole d’un professeur n’est pas désincarnée. Ils savent qu’ils peuvent nous faire confiance. Ce débat, c’est comme des petites graines qu’on pose. Il faut le faire (…) Je suis là pour leur transmettre des connaissances mais aussi leur permettre d’acquérir un esprit critique pour les aider dans la vie. Là, on a fait de l’ECJS réellement ».

A noter encore la réaction très rapide du ministère encourageant les enseignants à permettre à leurs élèves d’exprimer leurs émotions, et la mise en ligne par le CLEMI de documents.

Extrait de touteduc.fr du 09.01.15 : Charlie Hebdo : Comment les enseignants ont pu en parler avec leurs élèves

 

[...] « On ne parle pas de la même façon, avec les mêmes mots, à un enfant de 6 ans et à un enfant de 10 ans. Ce que je pense, c’est qu’il faut ouvrir la discussion, en commençant par leur dire : voilà, vous avez vu des images, entendu des choses. C’est à partir de ce qu’ils en ont perçu que l’on peut parler. On doit d’abord voir ce que les enfants ont dans la tête », lance Sébastien Fournier, enseignant à l’école [ECLAIR] de la Busserine, à Marseille, au quotidien La Provence.

« Il ne faut pas sur-dramatiser, mais chercher les bons mots. Moi je vais parler à mes élèves de la liberté d’expression, car je peux, avec mes CM2, le raccorder au programme scolaire : le XIXe siècle, les nouveaux droits gagnés en France », ajoute-t-il.

Extrait de vousnousils.fr du 08.01.15 : Charlie hebdo : comment aborder le sujet avec ses élèves

 

Au collège [RRS] Bernard-Palissy, dans le 10e arrondissement de Paris, la première question, passé le temps du recueillement, a mis en avant le besoin d’être rassuré

En 4e, on a évoqué la liberté d’expression qui venait d’être abordée dans le cadre du programme, poursuit Laurent Gassier, professeur de la même discipline au collège [ECLAIR] Robert-Desnos, à Orly.

Extrait de lemonde.fr du 09.01.15 : Dans les écoles, le difficile écho de l’attentat contre Charlie hebdo

Répondre à cet article