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Marc Douaire : quel projet politique pour l’égalité des droits 20 ans après 2005 ? (Marc Douaire au Café)

4 novembre

Marc Douaire : quel projet politique pour l’égalité des droits 20 ans après 2005 ?

« Force est de constater que la politique d’éducation prioritaire fondée sur l’égalité des droits est reléguée dans un angle mort au ministère de l’éducation nationale et ne semble pas constituer un enjeu de société pour les partis de gauche et les forces progressistes » écrit Marc Douaire, président de l’OZP (observatoire des zones prioritaires). Il signe cette tribune 20 ans après la mort de Zied Bonna et Bouna Traoré.

Des morts tragiques Le 27 octobre 2005, deux jeunes adolescents Zyed Bonna et Bouna Traoré décédaient de mort violente à Clichy-sous-Bois en Seine Saint Denis. Electrocutés dans un transformateur électrique où ils s’étaient réfugiés pour tenter d’échapper à une patrouille de police qui les poursuivait. Cette mort tragique de deux très jeunes allait servir de déclencheur aux émeutes dans les banlieues pendant plusieurs semaines. En réponse, le gouvernement De Villepin décrétait l’état d’urgence, autorisait les préfets à recourir au couvre-feu et procédait à plusieurs milliers d’arrestations dans les banlieues. Rappelons un élément de contexte significatif : deux jours avant cette mort tragique le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, déclarait publiquement « vouloir en finir avec cette racaille. » En juillet 2023, la mort, à Nanterre, du jeune Nahel à l’issue d’une intervention policière allait provoquer très vite un embrasement des quartiers populaires dans plus de soixante départements.

Et que fait l’Ecole ?
Le cri entendu en 2005 « Pas de justice ! Pas de paix ! » avait-il été entendu par les responsables politiques et les gouvernements successifs ? Le sentiment de non-appartenance exprimé par de nombreux jeunes lors des émeutes de 2023 semble bien démontrer le contraire. En dépit de certaines réussites dans les projets de rénovation urbaine, la question du logement et le refus de nombre de villes de pratiquer la mixité sociale, le chômage plus marqué qu’ailleurs et la multiplication d’emplois précaires, l’arrivée de populations très démunies, le taux élevé d’échecs scolaires, contribuent à nourrir chez les jeunes qui y vivent le sentiment d’enfermement et l’absence de projets pour leurs vies. Et que fait l’Ecole ? En 2005, une des rares réponses positives du gouvernement fut la relance de l’éducation prioritaire avec la création des Réseaux ambition réussite et des Réseaux de réussite scolaire. Les 254 R.A.R de l’époque présentaient une nouvelle caractéristique dans la politique d’éducation prioritaire : afin de donner cohérence et continuité aux apprentissages, chaque réseau se voyait doté de 4 enseignants référents chargés des articulations pédagogiques entre le premier et le second degré. En dépit des fortes réserves voire de l’hostilité des corpo-conservateurs, cette politique nouvelle a rencontré l’adhésion de nombreux réseaux. Elle fut abandonnée sans évaluation par le ministre Luc Chatel conseillé par Jean-Michel Blanquer et ne fut pas reprise par la gauche lors de la refondation de l’éducation prioritaire.

20 ans après, quel projet politique pour l’égalité des droits ?
Aujourd’hui, vingt ans après les évènements tragiques de 2005, quel est le projet politique pour l’égalité des droits des habitants des cités d’exil ? Quelle politique de la Ville ? Force est de constater que la politique d’éducation prioritaire fondée sur l’égalité des droits est reléguée dans un angle mort au ministère de l’éducation nationale et ne semble pas constituer un enjeu de société pour les partis de gauche et les forces progressistes. En attendant la prochaine explosion des banlieues ?

Marc Douaire, président de l’OZP

Extrait de cafepedagogique.net du 04.11.25

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