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Prof de ZEP dans la ZEP des Ulis : témoignage

19 octobre 2005

Extrait du « Figaro » du 18.10.05 : Armelle, enseignante en ZEP : « Le collège unique, un énorme gâchis »

Comme beaucoup de jeunes profs, Armelle Dupau, 29 ans, s’est retrouvée bombardée cette année dans un collège des Ulis (Essonne) classé en zone d’éducation prioritaire (ZEP), sans l’avoir choisi. Mais cette jeune enseignante d’anglais, originaire des Landes, s’est vite fait une raison. « Au départ, j’avais beaucoup d’appréhension. Une classe a été infecte avec moi. J’y allais, la peur au ventre. Mais en ZEP, il y a beaucoup de solidarité, on fait bloc », raconte-t-elle.

Un mois et demi après la rentrée, elle dit qu’elle a « dédramatisé » et qu’elle arrive à « faire son métier ». Elle parvient même à y trouver du plaisir lorsqu’elle croise ses élèves qui la saluent en anglais. Elle ne pensait cependant pas avoir besoin de faire preuve d’autant d’autorité, « ni avoir à gérer autant de problèmes sociaux et psychologiques ».

Armelle Dupau a choisi d’enseigner après avoir travaillé dans l’hôtellerie pendant trois ans. La « pression », les conditions de travail « très dures » l’ont détournée de cette première vocation. Elle s’est inscrite à la fac pour préparer le Capes, qu’elle a décroché il y a deux ans.
« Pédagogie différenciée »

Aujourd’hui, Armelle refuse de tenir un discours de victime sur son métier d’enseignant. « Mon salaire n’est certes pas mirobolant, mais j’ai quand même beaucoup d’avantages. Lorsque je compare avec toutes les heures sup non payées que j’effectuais dans l’hôtellerie, je relativise beaucoup », explique-t-elle.

Elle s’est éloignée des idéaux de ses aînés, « par pragmatisme ». La jeune femme n’est ainsi pas convaincue par le collège unique et prône une « pédagogie différenciée ». « Dès la sixième, ni les bons ni les mauvais ne peuvent avancer à leur rythme. C’est un énorme gâchis », analyse la jeune femme. L’idée de découverte professionnelle en troisième est « une bonne initiative », juge-t-elle, tout comme le socle commun de connaissances proposé dans la loi Fillon. En revanche, elle ne remplacera pas ses collègues absents pour de courtes durées : « Je ne veux pas faire de garderie », explique-t-elle.

Les syndicats s’opposent « un peu trop systématiquement » aux réformes, estime la jeune femme. Et si elle pense se réinscrire au Snes cette année, c’est aussi parce qu’elle espère un appui pour repartir à Bordeaux, où vit son fiancé. Prag-ma-tique jusqu’au bout...

Marie-Estelle Pech

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