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Apprentissage des TICE à partir de 1998 et création d’un site d’école à l’école REP+ Compayré 2, à Meaux (Le Café)

17 octobre 2005

Extrait du « Café pédagogique » du 17.10.05 : Pratiques pédagogiques : A Meaux, les TICE font du lien

Par Patrick Picard

Sans moyens extraordinaires, ni « spécialiste passionné », une équipe d’école se structure progressivement pour mettre les nouveaux outils au service des apprentissages. Qu’y a-t-il donc de spécifique ici, qui ne prend pas forcément ailleurs ? Le Café a enquêté.

L’histoire des TICE à l’école Compayré 2, à Meaux (77), a commencé en 1998, date à laquelle un premier projet a été déposé : "création d’un journal d’école". Ce projet, impulsé par la directrice repose sur des moyens limités : un ordinateur dans le bureau de la directrice.

La préhistoire : le but est d’alimenter, avec des articles de la vie de l’école, un journal qui devait paraître tous les trimestres. Mais l’outil n’est que peu disponible : « avec le recul, je peux dire, que le travail en équipe, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, nécessaire pour voir aboutir un tel projet, restait à construire » explique Myriam Bouridah, la directrice de l’Ecole. « Nous avons décidé de reconduire le projet en réfléchissant, en équipe, aux moyens de l’améliorer. Nous avons, à partir de ce moment là, fait des TICE, l’une de nos priorités. »

En 2000, deux classes de l’école se lancent dans un projet scientifique. Un CD est réalisé, mémoire du travail réalisé. Le journal de l’école se poursuit, cahin-caha.

En 2002, c’est la création du site Internet de l’Ecole. Grâce aux subventions, aux dons et à la coopérative de l’école (vente des journaux), une salle d’informatique est installée. « Unanimement convaincus que le journal de l’école était une action à conserver car elle répondait à plusieurs axes du projet d’école, nous avons décidé de travailler pour faire en sorte que la mise en oeuvre oit plus aisée et surtout que le journal soit davantage un vecteur d’apprentissages qu’une vitrine de l’école ». Les enseignants recensent alors plusieurs difficultés :

. Comment concevoir un vrai journal (avec les différents comités de classe) et surtout, comment le gérer à l’échelle d’une école de 9 classes ?

. Comment s’organiser avec une classe entière lorsque l’on ne dispose que de 5 ordinateurs ?

Formation progressive

Dans le cadre des animations pédagogiques de circonscription, ils demandent une formation sur le journal scolaire et s’inscrivent à la semaine de la presse. Pour répondre au premier problème qui se posait à eux, ils décident que toutes les classes rédigent des articles, une classe s’occupant de la sélection des articles, une autre de la mise en rubriques et une dernière à la mise en page.

Malgré les bonnes résolutions, le délai de 6 semaines pour boucler le journal est un vrai défi difficile à tenir : les délais ne sont pas respectés. Certaines classes ne produisent pas (faute de temps, ayant du mal à gérer leurs priorités, ou ne trouvant pas l’organisation pédagogique adéquate. A la fin de l’année, deux journaux seulement ont été produits. « Et beaucoup de stress pour moi, explique Myriam, en tant que porteuse du projet puisque j’avais à charge de relancer les collègues pour respecter les échéances ». Comme les élèves, les enseignants sont frustrés de n’avoir pu trouver les moyens de leurs ambition : faire du journal un véritable outil au service des apprentissages.

Se rassurer malgré les difficultés

L’année suivante est donc celle des remises en question : lors d’un conseil des maîtres (une fois par période), une grande affiche est élaborée. Le but est la mise en commun des différentes activités, sorties, projets... des classes. Les idées des uns enrichissent celles des autres et la rédaction des articles est dédramatisée. Ce n’est pas un travail en plus mais une utilisation de ce qui est déjà fait en classe. Cela donne même des idées de productions d’écrits porteuses de sens. Cette affiche est un contrat d’engagement, une date butoir est donnée. Les articles proposés par les élèves eux-mêmes sont bien évidemment acceptés et même encouragés. C’est l’ébauche de l’aspect fédérateur du projet. « Certains collègues, qui semblaient être réticents sont rassurés. Ils
avaient juste besoin d’être rassurés et de se sentir soutenus ».

La contrainte technique, acceptée par tous, est que les articles arrivent enregistrés sur disquette, avec le nom de la classe et les illustrations correspondantes. Une classe de cycle 3 est porteuse du projet pendant une période, de la récolte des articles jusqu’à la mise en page.

Un journal par trimestre est élaboré : c’est toujours moins qu’espéré. Mais le contrat est respecté : ce sont les élèves, guidés par leur enseignant qui le gèrent. Le journal est bien lié aux activités des classes, la salle informatique est investie progressivement, les élèves écrivent, mettent en page, utilisent les outils informatique pour la recherche documentaire.

Donner du sens aux apprentissages. Tarte à la crème ?

Devant l’engouement des élèves pour l’outil informatique, et persuadés du rôle fédérateur de tels projets, les enseignants s’investissent dans le site Internet de l’école, toujours avec les mêmes objectifs : donner du sens aux divers apprentissages en allant vers l’acquisition des compétences du B2I Les enseignants veulent créer un espace de mutualisation de ressources, ouvrir l’école sur l’extérieur, la rendre lisible, valoriser les productions des élèves, garder une mémoire des projets réalisés, pour les élèves comme pour leurs parents.

Une seconde fois, l’école bénéficie d’un stage d’école, pour les enseignants de cycle III, leur permettant de mieux utiliser le logiciel de création de sites. L’expérience acquise avec le journal d’école constitue un matériau important : les élèves savent ce qu’est une Une, comment on
l’élabore. « J’ai donc décidé de me lancer dans un nouveau projet de classe qui est la création de « Unes » historiques puis scientifiques » explique la directrice. Ces projets sont vite élargis aux trois classes de CM de l’école, permettant de se partager l’important travail de collecte de documents que nécessite la préparation d’une « Une ».

Mais c’est le temps qui manque : « Pour la finalisation de nos Unes de journaux, je prends 2 élèves, à une récréation ou lors de l’étude, pour le faire avec eux. Quelques fois, par manque de temps et étant données les échéances, je finalise moi-même » explique marie-Anne Letretre (CM2)

Dès les « petites classes », les enseignantes jouent pourtant le jeu. Les CP de Christelle Colombi vont dans la salle informatique en demi groupe, avec l’aide éducateur, pour utiliser un logiciel de calcul mental et pour saisir des petites productions écrites en classe. « Mon objectif est qu’ils se familiarisent avec l’outil et qu’ils acquièrent quelques compétences de base de traitement de textes ».

Pour Magali Albérici (CM1/CM2), confrontée pour la première fois à des « grands », il faut inventer des pratiques qui lui permettent de se sécuriser. « J’essaie d’aller plus souvent dans la salle informatique. Pour l’instant, je privilégie la recherche documentaire sur Internet et l’utilisation des rallyes scientifiques et historiques à partir de notre site. Ce qui me pose le plus problème, ce sont les aspects techniques du réseau quand il ne fonctionne pas. »

Les problèmes liés à l’usage des TICE : spécifiques ou pas ?

Quand le réseau fonctionne mal, les élèves ne retrouvent plus les documents qu’ils ont produits. Une disquette est fournie à chaque élève. Il faut développer l’autonomie des élèves face aux machines, tous ne pouvant y travailler en même temps. Ouvrir le logiciel, enregistrer sur une disquette, aller chercher un document déjà commencé ne va pas de soi. On fabrique des affiches, des aide-mémoire, et on favorise les interactions entre élèves : celui qui sait est une ressource pour les autres, le fonctionnement de la classe doit permettre de le favoriser. Un tableau d’utilisation des ordinateurs est scrupuleusement tenu à jour, permettant de savoir quel élève a pu accéder aux ordinateurs. Les tâches prévues sont affichées au dessus des ordinateurs des classes, afin que les élèves se les rappellent.

Marie-Anne Letertre (CM2) insiste sur le fait que les activités liées au TICE sont dans le prolongement des activités de la classe. « Les difficultés que je rencontre ne sont pas spécialement liées aux TICE mais à l’organisation plus générale de la classe. Les élèves ont donc des contrats de travail et lors des moments destinés à cela, certains ont des recherches à effectuer, d’autres réécrivent leur texte, pendant que d’autres encore saisissent ou mettent en page. Le tableau, que je prends soin de renseigner, intègre les TICE dans un projet plus global. Ma difficulté est donc de faire en sorte que tous les élèves passent dans chaque atelier ».

Sa collègue du CM1 est confrontée aux mêmes difficultés : dans la classe de Sibel Boya, un seul ordinateur non relié à la salle informatique. « Je l’utilise pour la saisie des textes, au fur et à mesure des besoins. le souci est que ce travail est réservé à ceux qui ont fini une autre tâche. Mais ce sont souvent les mêmes.. »

Dans le cadre des services de la classe, elle a mis en place une gestion de la bibliothèque de la classe par un binôme qui tourne toutes les semaines. Ils ont à charge de rentrer les emprunts et les retours de livres en utilisant un logiciel de traitement de textes. Ils apprennent ainsi à saisir, enregistrer, ouvrir, et modifier un document.
Dans la salle informatique, deux manières de fonctionner radicalement différentes :« Soit, nous faisons tous la même chose (une compétence bien ciblée), soit, nous travaillons sur des choses différentes, plus en lien avec les projets de la classe et là, j’ai beaucoup de mal à gérer les besoins différents des élèves. Cela me prend une énergie considérable ! »

Pistes pour l’avenir à partir des erreurs du passé

« L’aspect production avait été jusque là privilégié, nous tentons aujourd’hui de développer la dimension recherche avec navigation sur Internet avec les rallyes historiques puis scientifiques » poursuit Myriam. Cela nécessite un important travail de préparation mais, encore une fois, il est partagé. La mise en ligne permet de créer une banque de ressources durable et utilisable par tous les élèves.

C’est l’essentiel des évolutions que souhaitent développer les enseignants. Certains travaux d’élèves sont mis en ligne à l’issue d’un travail réalisé en classe dans un esprit de valorisation. Aujourd’hui, ils peuvent servir de base documentaire à d’autres. Une navigation active sur le site est recherchée, différents questionnaires vont être réalisés, par thèmes et/ou par niveau de classe.

L’équipe des enseignants est de plus en plus motivée autour de ce projet fédérateur, nécessitant l’adhésion de toute l’équipe. « Rétrospectivement, je pense, aujourd’hui, que ces conditions n’étaient pas nécessairement réunies au départ. Nous voyions le journal comme un produit fini à donner aux familles, et non comme un projet vecteur de nombreux apprentissages. Si aujourd’hui, nous tenons tant à ce projet, c’est aussi parce que nous avons pris conscience que c’est un moyen d’avancer pour l’équipe, de se donner un projet commun au service des apprentissages des élèves ».

Côté enseignants, l’usage des TICE s’est répandu : on utilise volontiers le courrier électronique pour se transmettre des documents. Le travail collectif s’est amélioré : on mutualise la préparation de la classe, on partage les documents qu’on produit. Le point difficile reste sans doute l’évaluation des compétences des élèves : faute d’outils communs, l’évaluation des élèves n’est pas vraiment organisée de manière cohérente. Un chantier de plus pour l’avenir, au cas où les enseignants auraient un peu de temps.

Pour découvrir les projets de cette école

Propos recueillis par Patrick Picard

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