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B* Atelier cinéma "Image de soi, portraits des autres" contre le décrochage au collège ECLAIR Jean Vilar de La Courneuve (Journées Innovation 2014)

17 mars 2014

Atelier cinéma_ Image de soi, portraits des autres_

Collège [ECLAIR] Jean Vilar
28 rue Suzanne Masson, 93126 La Courneuve
Site de la MAPIE de l’académie de Créteil
Site du collège
Auteur : Achard Cyril
Mél : mc.achard@worldonline.fr

L’Atelier cinéma est un dispositif expérimental de prévention du décrochage scolaire. Il vise à redonner le sens de l’école à des élèves en rupture scolaire avancée, qui perturbent les cours ou les désertent, et qui sont pour beaucoup, en butte à l’illettrisme. L’Atelier cinéma propose un parcours d’ateliers créatifs où expressions écrite et orale croisent photographie, arts plastiques, théâtre et vidéo et replacent des élèves en grande difficulté dans un processus d’apprentissage. Une pédagogie du détour et du jeu fondée sur le collectif avec la maîtrise du langage au cœur des activités impliquant une diversité d’artistes engagés aux côtés d’enseignants.

Plus-value de l’action
Le nouveau documentaire produit par l’Atelier cinéma, La Tour, Cité des pensées d’Anne-Sophie Reinhardt, réalisatrice (durée : 52 minutes). La Tour, Cité des pensées est le deuxième documentaire réalisé par Anne-Sophie Reinhardt commandé par l’Atelier cinéma du collège Jean Vilar. A la différence du premier documentaire, Image de soi, portraits des autres_ Récit d’une cité imaginée et récompensée (durée : 26 minutes) qui se voulait à la fois explicatif et promotionnel (pour développer le financement du projet auprès des partenaires publics et privés), La Tour, cité des pensées, porte un regard plus intérieur sur des élèves pour la plupart en grande difficulté, plongés dans un projet artistique ambitieux. Il montre les difficultés auxquelles sont confrontés les enseignants et les artistes qui, souvent démunis, doivent faire face à la passivité, l’absence d’écoute et même l’ingratitude. Il interroge la lenteur, la fragilité, la bienveillance, l’abnégation, l’attente du déclic qui finit par venir.

Nombre d’élèves et niveaux concernés
Entre 20 et 30 élèves de la 6ème à la 3ème

A l’origine
Le collège Jean Vilar de La Courneuve est un établissement scolaire en ZEP, classé ECLAIR dispensant un enseignement général et accueillant :
- une UPE2A pour les élèves non-francophones,
- une ULIS accueillant des élèves présentant des troubles cognitifs,
- un Module relais qui propose à des élèves en difficulté scolaire des cycles de soutien durant 7 semaines,
- un accompagnement éducatif pour l’aide aux devoirs et quelques ateliers artistiques et sportifs,
- un atelier de prévention du décrochage, appelé "Atelier cinéma_ Image de soi, Portraits des autres" pour les élèves repérés en décrochage très avancé par le GPDS (groupe de prévention du décrochage scolaire) de l’établissement.
Par rapport au département de la Seine-Saint-Denis, les données statistiques concernant les catégories socioprofessionnelles montrent que le nombre de familles les plus défavorisées est supérieur à la moyenne départementale :
- 7% des élèves sont issus de milieux favorisés, soit 13 points en dessous du département (20%).
- 60% des élèves sont issus de milieux défavorisés, soit 5 points de plus qu’au niveau du département (55%). L’ensemble de ces élèves est boursier, soit 20% de plus que la moyenne départementale A l’entrée en 6ème, un tiers des élèves sont déjà en situation de retard scolaire soit 10% de plus que la moyenne départementale. Les évaluations nationales en 5ème, passées à titre expérimental au collège Jean Vilar en 2011-2012, montrent une situation critique concernant la maîtrise de la langue française :
• la moyenne obtenue par l’ensemble des élèves de 5ème, montre que les élèves ne réussissent à répondre qu’à 50% des items proposés tant en lecture qu’en écriture. • les élèves les plus en difficulté ne réussissent qu’à peine 10% des items en lecture, moins de 5% des items à l’écrit.
D’après ces évaluations, nous pouvons considérer que ces élèves sont en situation d’illettrisme. Leur possible progression ne peut se faire sans des dispositifs spécifiques internes ou externes au collège. Si ces tests n’évaluent pas la capacité d’expression orale des élèves, il est clair que beaucoup d’entre eux n’ont qu’un vocabulaire réduit ne leur permettant pas de s’exprimer aisément.
L’analyse des bulletins scolaires de l’ensemble des élèves les plus en difficulté et les expérimentations menées dans les dispositifs spécifiques internes au collège (Atelier cinéma) ou externes (classes et ateliers relais) permettent de distinguer 3 groupes d’élèves :
- ceux qui sont en réelle situation d’illettrisme : leur capacité se limite à une reproduction souvent approximative de textes. Ils accusent un déficit important de vocabulaire, les mécanismes de base de traitement de langage écrit ne sont pas acquis Dans leur groupe classe, ces élèves sont la plupart du temps "les oubliés" du fait de leur impossible suivi individualisé,
- ceux qui abandonnent l’écriture et la lecture : ces élèves perturbateurs ne sont pas en situation d’illettrisme mais en refus d’apprentissage. Les expériences pédagogiques menées dans les dispositifs internes et externes du collège montrent qu’il est possible, par une pédagogie du détour de réactiver rapidement les mécanismes du langage. Ces élèves sont des lecteurs efficaces, les difficultés qu’ils rencontrent à l’écrit sont liées à l’éloignement d’une pratique régulière,
- ceux qui sont dans une situation intermédiaire : si ce sont des lecteurs efficaces, l’éloignement de toute pratique régulière lié à leur passivité face à l’effort exigé d’un élève les conduit à des pertes de compétence du langage, particulièrement à l’écrit. Pour ces élèves, le processus d’illettrisme est engagé.

Objectifs poursuivis
Par l’immersion dans les univers du cinéma, de la photographie, du théâtre et de l’écriture, l’atelier veut redonner le sens de l’école à un groupe d’élèves en rupture scolaire très avancée. Il s’agit de stopper le processus d’illettrisme dans lequel ces élèves sont entraînés, en les remettant collectivement, par une pédagogie du détour et du jeu, dans des pratiques de lecture et d’écriture. Les rencontres actives et créatives avec les artistes partenaires éveillent leur esprit critique et les invitent à une réflexion intime sur leur identité d’élève et d’adolescent. Ce projet fait appel à une diversité d’artistes (auteur, metteur en scène, photographe, plasticienne et vidéastes) et de personnalités (architecte, éditeur) mobilisés depuis deux ans, dans la prévention du décrochage et de l’illettrisme.
Il les réunit à nouveau cette année, autour d’une thématique commune “Image de soi, portraits des autres“ pour un troisième projet artistique ambitieux : réalisation d’un livre ; d’une installation mêlant textes, œuvres plastiques, photographies et vidéos ; d’un documentaire vidéo incluant des séquences de fiction théâtrale.

Description
- Septembre 2013 : démarrage du projet
• recrutement d’un premier groupe d’élèves constitué des élèves participant à l’Atelier cinéma l’année précédente et de nouveaux élèves repérés par le GPDS (groupe de prévention du décrochage scolaire) du collège présidé par Mme Justin-Najman, Principale adjointe.
Tout au long de l’année, ce premier groupe est complété par
• entretiens avec les élèves et leurs représentants légaux
• concertations avec les intervenants dans le projet
• poursuite de recherche de financements auprès des collectivités territoriales (municipalité, département et région).
- Octobre 2013 à février 2014 : début des activités au sein du collège et démarrage du projet Image de soi, portraits des familles :
• travaux de lecture et d’écriture dirigés par le coordinateur du projet en collaboration avec des membres de l’équipe éducative : enseignants, assistants pédagogiques, APS (assistant prévention et sécurité) : le sujet porte sur les grands leaders de l’émancipation des peuples, thème central du livre en cours de réalisation. Ces travaux s’accompagnent de visionnages de fictions et documentaires, concernant l’histoire des grands leaders de l’émancipation des peuples.
• élaboration de la maquette du livre sous la direction de Cathy Achard, plasticienne.
• premières actions de diffusion hors les murs des travaux réalisés les deux années précédentes : le 30 janvier au Cinéma L’Etoile de La Courneuve : La Tour, cité des pensées (projection gratuite ouverte au public, 52 minutes) ; février : réalisation d’une installation au siège de la fondation HSBC (en discussion)
• démarrage du projet Image de soi, portraits des familles : L’Atelier cinéma souhaite s’ouvrir aux familles de ces élèves en grande difficulté, en les impliquant activement dans la réalisation d’une création artistique collective ambitieuse. Activer la parole chez des familles en difficulté face à la scolarité de leurs enfants, qui ont souvent du mal à s’exprimer du fait de leur histoire ou parce qu’elles n’osent pas le faire, nécessite de trouver un espace dans lequel l’enseignant, l’élève et ses parents échangent librement sur l’école dans l’éducation à travers leurs parcours.
Le foyer familial apparaît comme le lieu évident de la rencontre parce qu’il oblige à la sincérité du dialogue. Maria Letizia Piantoni, photographe et Cyril Achard rencontreront les familles dans leurs foyers et les inviteront à venir au collège pour participer à des séances de l’Atelier cinéma. Les échanges seront enregistrés sur bande audio et des prises de vue (en situation de reportage documentaire et en réalisation de portraits de studio au collège) seront réalisées. Anne-Sophie Reinhardt, réalisatrice d’un documentaire (en cours) sur l’Atelier cinéma, assistera à certaines de ces rencontres. Cathy Achard, Plasticienne, participera également à certaines rencontres et utilisera la matière collectée pour un travail de création avec les élèves de l’Atelier cinéma. Les photographies et la parole recueillie seront le point de départ d’un travail d’écriture mené par Maria Letizia Piantoni et Cyril Achard. La matière recueillie avec celle produite par les élèves au sein de l’Atelier cinéma, servira à la création finale de l’installation au Centre culturel Jean Houdremont.
- Mars à mai 2014 : le temps de la création avec les différents artistes intervenants
• atelier de photographies et de plastiques
• atelier d’écriture et de jeu théâtral
• réalisation du documentaire et captation vidéo de la création de l’atelier théâtral
• organisation de la projection de Popenguine, documentaire réalisé par Anne-Sophie Reinhardt
• poursuite du projet Image de soi, portraits des familles.
- Juin 2014 : restitution des travaux réalisés - création de l’installation au Centre culturel Jean Houdremont situé au cœur de la Citée des 4000 (inauguration prévue autour du 15 juin). En parallèle sera organisée au cinéma L’Etoile la projection du nouveau documentaire réalisé par Anne Sophie Reinhardt - rédaction des bilans finaux.

Trois ressources ou points d’appui
- Atelier expérimental créé l’année scolaire 2010-2011 par Cyril Achard, enseignant (en partenariat avec Tarekia Badji, Assistante sociale et Linda Arbouche, Conseillère d’orientation psychologue), dans le cadre de l’école après l’école (2h par semaine, sans intervenant externe ni partenaire extérieur), l’Atelier cinéma s’est imposé avec le soutien de la direction de l’établissement, comme un dispositif de prévention du décrochage scolaire essentiel, inscrit dans le projet d’établissement et abondé en heure par la DHG du collège.
- Depuis l’année scolaire 2012-2013, les heures de fonctionnement de l’Atelier cinéma sont passées à 6h hebdomadaires, augmentant ainsi sa capacité d’accueil et sa qualité de prise en charge des élèves : les élèves sont répartis en 3 groupes de 8 à 10 élèves (2h par semaine chacun en dehors des temps de création avec les intervenants externes) encadrés par un ou deux enseignants. Le soutien (acquis ou en cours d’obtention) des partenaires publics (collectivités locales) et privés (Fondation de France, Fondation SNCF et depuis cette année la Fondation HSBC) permettent de développer et de valoriser les actions menées au sein de l’Atelier cinéma.
La photographie récompensée par le prix de la DAAC en 2012, a été la première reconnaissance du travail artistique effectué. Elle témoigne de l’engagement des artistes intervenants qui se sont attachés à créer avec les élèves, une œuvre collective contemporaine in-situ (l’installation et le documentaire l’accompagnant ont été présentés à l’occasion de la matinée portes ouvertes). La qualité des travaux réalisés prouve la pertinence d’un tel dispositif qui en accordant une place prépondérante des arts, interroge et expérimente les pratiques pédagogiques confrontées au décrochage scolaire.

Difficultés rencontrées
Si tous les élèves ne se sont pas investis avec la même intensité dans les différentes activités, ils ont cependant tous fait preuve d’un même engagement dans la réussite collective du projet : ils ont tous accepté de se faire photographier et de s’auto-photographier en actionnant eux-mêmes le déclencheur dans la boite, de témoigner devant les caméras, d’écrire et de mettre en lecture leurs textes, d’être présents aux sorties organisées en dehors du temps scolaire. Changer l’état d’esprit de ces élèves aux comportements problématiques nécessite patience, persévérance et vigilance. Pour obtenir des élèves qu’ils épousent les propositions, les enseignants et les artistes intervenant doivent sans cesse stimuler leur attention avec bienveillance et opiniâtreté. Pour obtenir d’eux un investissement suffisant il faut parvenir à canaliser chaque élève individuellement tout en maintenant une synergie collective.

Moyens mobilisés
- L’Atelier cinéma est piloté par M. Cyril Achard professeur supplémentaire, sous la responsabilité de M. Olivier Dupuch, chef d’établissement.
- Mme Nathalie Justin-Najman, Principale adjointe, responsable du GPDS et du suivi des élèves placés dans des dispositifs externes au collège
- M. Cyril Achard, professeur d’histoire, géographie et éducation civique et professeur supplémentaire qui a en charge des missions de prévention du décrochage scolaire : coordinateur de l’Atelier cinéma (liens avec les partenaires internes et extérieurs) ; encadrement et tutorat des élèves de l’atelier ; professeur référent des élèves admis dans les dispositifs relais externes au collège. Il bénéficie de 9h de décharge pour remplir ses missions.
- Mme Sylvie Boutet, professeure documentaliste : encadrement ponctuel des élèves en co-animation avec M. Cyril Achard lors des activités "autour du livre" qui se déroulent au CDI.
- Mme Anaïs Monier, Assistante pédagogique en français : encadrement des élèves de l’atelier en co-animation avec M. Cyril Achard.
- M. Brice Démoko, APS (Assistant de prévention sécurité) : encadrement des élèves en co-animation avec M. Cyril Achard
- Mme Tarekia Badji Assistante sociale (intimité de l’élève et de sa famille)
- Mme Linda Arbouche, Conseillère d’orientation psychologue (réflexion de l’élève sur son parcours scolaire et sa projection vers l’avenir en termes d’orientation)
- Les professeurs principaux et CPE des élèves de l’atelier : suivi disciplinaire et résultats scolaires.
Ce projet fait appel à une diversité d’artistes et de personnalités :
- atelier de photographies et de plastiques, sous la direction de Maria Letizia Piantoni, photographe et Cathy Achard, plasticienne
- atelier d’écriture animé par Jacques Jouet, auteur membre de l’Oulipo et Gérard Lorcy, metteur en scène, directeur artistique de la Compagnie Ô Fantômes.
- suivi de la maquette du livre par Aude Gros de Béler, éditrice aux éditions Actes Sud
- réalisation d’un documentaire par Anne-Sophie Reinhardt et Ludovic Lang, documentaristes vidéastes
- atelier d’architecture sous la direction de Didier Le Borgne, architecte indépendant. (en cours de discussion)

Partenariat et contenu du partenariat
- Les partenariats publics obtenus pour le projet. Le collège Jean Vilar apporte son soutien au projet : 500€. Les partenariats publics sollicités pour le projet :
• Une subvention est demandée à la municipalité de La Courneuve dans le cadre du Dispositif de réussite éducative : 2000€ (soit le double de la subvention accordée en 2011)
• L’atelier cinéma a répondu à l’appel à projets pédagogiques 2012-2013 du Conseil général de la Seine Saint Denis : la limite de la subvention accordée est de 3500€
- Les partenariats privés obtenus pour le projet) :
• Pour la troisième année consécutive, ce projet bénéficie du soutien de la Fondation de France : 8000 € (5000€ en 2012 ; 7000€ en 2013)
• Pour la première année, la Fondation HSBC apporte son soutien au projet : 8000€.
• Pour l’exposition de l’installation réalisée, les Laboratoires DUPON digital photo lab, se sont engagés à financer une grande partie des tirages photographiques.
- Les partenariats privés sollicités pour le projet :
Pour la deuxième année, une demande de subvention à la Fondation SNCF_ Prévenir l’illettrisme est destinée à financer les ateliers d’écriture et de théâtre, dirigés par Jacques Jouet, auteur et Gérard Lorcy, metteur en scène, directeur artistique de La Compagnie ô Fantômes : 7500€ (subvention obtenue en 2013 : 4000€)
- Partenariat et contenu du partenariat :
• Le Cinéma L’Etoile et le Centre culturel Jean Houdremont de La Courneuve : pour s’inscrire dans le territoire de la ville, l’Atelier cinéma organise tout au long de l’année scolaire, en partenariat avec le Cinéma L’Etoile et le Centre culturel Jean Houdremont des soirées de rencontres et d’échanges, qui visent d’abord à activer la parole de ces familles en difficulté face à la scolarité de leurs enfants, qui ont souvent du mal à s’exprimer du fait de leur histoire ou parce qu’elles n’osent pas le faire. Si ces soirées sont d’abord destinées à notre communauté éducative, élèves et adultes du Collège Jean Vilar, l’ouverture au public s’inscrit aussi dans notre volonté de médiatiser les créations de l’Atelier cinéma et de présenter les résultats de cette pédagogie du détour expérimentée depuis deux ans, qui place la création artistique au centre des apprentissages scolaires.

Liens éventuels avec la Recherche
INS HEA : (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés, à Suresnes). Création d’une installation et projection de la Tour, Cité des pensées, suivi le jour de l’inauguration, d’un débat avec l’équipe de l’Atelier cinéma et les enseignants formateurs et en formation, de l’INS HEA.

Evaluation
L’évaluation du projet se fonde sur les progrès scolaires et comportementaux des élèves et la qualité des créations artistiques :
- l’évaluation du comportement prend en compte les sanctions disciplinaires (heures de retenues, rapports d’incidents et d’exclusions, commission disciplinaire, absentéisme) et les appréciations des enseignants sur le bulletin scolaire trimestriel.
- l’évolution des résultats scolaires et en particulier la maîtrise du français, est établie à partir des bulletins scolaires trimestriels et de la validation des compétences du socle commun et du B2I.
- chaque fin d’année scolaire, la qualité des créations artistiques peut être appréciée lors des expositions de l’installation finale et la diffusion du documentaire qui ont jusqu’à présent eu lieu dans le collège. Cette année, les créations de l’Atelier cinéma seront présentées hors les murs du collège, lors d’événementiels qui auront lieu sur le territoire de la ville et dans d’autres lieux institutionnels.

Modalités du suivi et de l’évaluation de l’action
L’évaluation du projet se fonde sur les progrès scolaires et comportementaux des élèves (évaluation interne) et la qualité des créations artistiques (évaluation interne et externe

Effets constatés
- Sur les acquis des élèves : Une pédagogie du détour qui fait progresser collectivement les élèves. L’amélioration du comportement est manifeste pour tous les élèves de l’Atelier cinéma. Cette année, si beaucoup d’élèves sont passés en Conseil de discipline, un seul élève a été sanctionné par une exclusion définitive sans sursis. La plupart d’entre eux ne figurent plus parmi les élèves les plus perturbateurs des groupes classes. Cependant, beaucoup d’entre eux continuent à développer une stratégie d’évitement des matières qui ne leur plaisent pas pour des questions d’affect ou parce qu’ils sont en très grande difficulté. Si leur état d’esprit face à l’institution scolaire s’améliore, ils manquent encore de volonté pour changer radicalement d’attitude. Les résultats scolaires restent donc très insuffisants même si des progrès sont constatés pour la plupart, essentiellement dans les matières littéraires et artistiques. S’ils sont capables de progresser au sein de l’atelier qui leur offre un cadre adapté à leurs difficultés (travail en petit groupe de moins de 10 élèves, pédagogie du détour), le groupe classe reste pour beaucoup d’entre eux, une barrière à leur progression. Le travail d’orientation mené par Mme Arbouche, COP en collaboration avec Mme Justin-Najman, Principale adjointe, a permis de trouver cette année, des solutions de poursuites d’études pour beaucoup d’entre eux. Ainsi certains élèves de 4ème effectuent leur 3ème dans des dispositifs extérieurs au collège : en classe relais ou en 3ème de découverte professionnelle implantées dans les lycées professionnels ; les élèves de 3ème ont quant à eux quasiment tous trouvé des solutions d’orientation en 2nde professionnelle. Ces résultats interrogent d’abord, sur les nécessaires évolutions des pratiques de l’Atelier cinéma au sein de l’établissement : cette pédagogie du détour où fusionnent enseignants, artistes et élèves dans un processus de création artistique, doit encore progresser dans la pluridisciplinarité en s’ouvrant à d’autres matières et enseignants. Ils questionnent également sur l’implication des familles face à l’échec de leurs enfants, souvent démunies mais toujours présentes dans les moments de rupture.
- Sur les pratiques des enseignants : L’atelier cinéma est une structure d’expérimentation pédagogique implantée au cœur d’un collège classé ECLAIR. L’élève placé en position de partenaire, est amené à redonner du sens à sa scolarité et à se repositionner au sein de son collège. La perception que ces jeunes adolescents se font de la communauté éducative est riche d’enseignement. Elle amène l’enseignant à réfléchir sur les attitudes à adopter face à l’échec scolaire. Le travail avec un groupe d’élève en situation de rupture scolaire oblige les enseignants à expérimenter des stratégies pédagogiques nouvelles. Notre pédagogie du détour expérimentée depuis deux ans, qui place la démarche artistique au centre des apprentissages scolaires, est désormais suffisamment éprouvée pour pouvoir être partagée. En particulier dans la maîtrise du français, pour présenter les outils et méthodes expérimentés pour face à des élèves en butte à l’illettrisme, l’Atelier propose à l’ensemble de l’équipe éducative d’organiser La semaine de la dictée (en cours de discussion) : durant cette semaine, dans toutes les disciplines, les cours débuteront par une dictée.
- Sur le leadership et les relations professionnelles : Le rayonnement interne de ce dispositif à vocation expérimentale nécessite de communiquer régulièrement (à la fin de chaque trimestre) des bilans écrits à la communauté éducative du collège. Depuis deux ans, l’amélioration du comportement de ces élèves qui a été significative (chute des rapports d’incident et des exclusions temporaires du collège qui pour certains étaient très importantes), ont permis de convaincre l’équipe éducative de la pertinence d’un tel dispositif et un dialogue constructif avec elle.
- Sur l’école / l’établissement : Si le premier objectif de l’Atelier cinéma est de stopper les processus de décrochage pour les élèves les plus en difficulté, il vise aussi à améliorer les conditions d’apprentissage des groupes classes de ces élèves en permettant aux enseignants de poursuivre plus sereinement les transmissions des savoirs et compétences. Etablissement ECLAIR, le collège Jean Vilar dispose désormais d’un dispositif interne de prévention de l’exclusion scolaire. Lors des Conseils de discipline, les élèves sanctionnés par une exclusion définitive avec sursis peuvent intégrer l’Atelier cinéma.
- Plus généralement, sur l’environnement : L’Atelier cinéma contribue à maintenir et développer des liens avec les dispositifs relais de l’éducation nationale (classes ou ateliers relais) et le Dispositif de Réussite Educative de la ville de La Courneuve. L’enseignant coordinateur de l’atelier cinéma assure une partie des visites des élèves admis en classe ou atelier relais et participe aux concertations entre les dispositifs externes et le collège.

Extrait du site Expérithèque : 2014 Atelier cinéma_ Image de soi, portraits des autres_

 

Les décrocheurs se mettent au 7e art

Entre vingt et trente élèves de la 6e à la 3e suivent l’Atelier cinéma du collège Jean-Vilar, un dispositif de prévention du décrochage scolaire. Anne-Sophie Reinhardt, réalisatrice, les a filmés lors des séances de travail.

Mamadou, Fatou, François, Amir, Farida et les autres sont des élèves en difficulté scolaire. Ils sont « décrocheurs », comme on les appelle. Pour les réinsérer dans le système éducatif, le collège Jean-Vilar a mis en place l’Atelier cinéma. C’est un dispositif expérimental qui propose des exercices créatifs, de l’expression écrite et orale par le biais de la photographie, des arts plastiques, du théâtre ou de la vidéo.
« Cet atelier vise à redonner du sens à l’école pour les élèves en rupture scolaire,
souligne Olivier Dupuch, principal du collège Jean-Vilar. Même si les progrès ne sont pas évidents, nous en constatons. Car les élèves sont ici en situation de réussite, et non d’échec. L’image qu’ils ont d’eux-mêmes est valorisée. »
Bien évidemment, tout ne se déroule pas sans difficultés. Les intervenants, et notamment Cyril Achard, le professeur référent de l’atelier, sont parfois confrontés à la passivité des élèves ou à l’inattention.
La Tour – Cité des pensées, le documentaire qu’a réalisé Anne-Sophie Reinhardt, illustre bien ces situations. Pendant deux semaines, la cinéaste a suivi les élèves lors des ateliers d’arts plastiques et de théâtre. Ce film de 52 minutes interroge surtout l’attente du déclic qui finit par venir. « Les résultats sont parfois longs obtenir, mais l’essentiel est de constater que les progrès de ces élèves en décrochage scolaire finissent par arriver », conclut Cyril Achard lors de la projection du documentaire au cinéma L’Etoile.

REGARDS, Le journal de La Courneuve, N°400 - du 13.02 au 26.02.2014 (p. 13 du PDF de 16 pages)

 

Voir aussi une autre action du collège :

- Vilar expérimente les classes sans notation

REGARDS Le journal de La Courneuve l N°399 - 31.01.2014 à 12.02.2014

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