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Additif du 21.01.14
Le point de vue de Jean-Paul Brighelli
[...] Quel prof marchera pour 96 euros de plus par mois et deux heures de parlote ? Pas un. Cette prime, qui comme toutes les autres, n’est pas du salaire et ne sera donc pas prise en compte pour la retraite, est une aumône méprisante pour des enseignants qui s’investissent à fond dans le rattrapage des enfants perdus de Zep. J’ai été l’un d’entre eux, dix ans durant, à Corbeil-Essonnes, quartier des Tarterêts.
[...] Le Nouvel Obs, qui brille d’idées originales, proposait récemment de nommer là les profs les plus expérimentés. Mais à moins de les y obliger, quelle vraisemblance que de vieux routiers déjà passés par ces classes consentent à s’y rendre à nouveau sans une incitation sérieuse ? Le ministre croit-il qu’on attrape les mouches avec du vinaigre ?
Extrait de lepoint.fr du 21.01.14 : La réforme a minima de Peillon
On pourrait imaginer que, par égard pour les enseignants débutants, par égard pour les élèves (les enfants des quartiers défavorisés n’ont pas à essuyer les plâtres des débuts dans le métier), par bon sens, l’on réserve l’éducation prioritaire aux professeurs blanchis sous le harnais. Sur le papier, l’idée est séduisante, logique, juste. Mais...
[...] Il reste à savoir ce qui est, concrètement, possible en la matière. Est-il seulement imaginable que l’on s’y prenne autrement (en termes de moyens, de syndicats, de volontariat, d’habitudes, d’idées, de solutions) ? Il reste aussi à trouver des solutions pour aider les jeunes professeurs qui sont meurtris par ces années difficiles, pour qui chaque jour est un lot de souffrance (il n’est pas certain que doubler la prime suffise ni rende le métier totalement attractif) (pour le coup, discuter avec des vétérans peut-être utile), pour travailler de manière réellement efficace, différente (mais pertinente) : c’est un vaste chantier qui vient d’être ouvert (il était temps... grrrrrrrrrr).
Extrait de maragoyet.blog.lemonde.fr du 17.01.14 : Est-il scandaleux d’envoyer les enseignants dans les collèges difficiles ?
Katia Blas, ancienne proviseur de lycées d’Ile-de-France
J’ai eu le plaisir de travailler dans les premières Zones d’éducation prioritaire de 1982 à 1987 à Garges lès Gonesse, comme principale-adjointe et, de 1990 à 1995 à Argenteuil, comme principale de collège et responsable de la ZEP. J’ai par la suite toujours suivi avec intérêt les établissements étiquetés ZEP des secteurs où j’ai exercé mes fonctions de direction.
[...] Petit à petit, le « plus » demandé pour les élèves ,bien naturel, est devenu le « plus » pour les personnels : d’abord des formations spécifiques ont été organisées : pourquoi ne pas échanger nos pratiques et nos idées ?,( j’ y ai d’ailleurs participé comme formatrice) ,un professeur coordonnateur déchargé de cours, puis en 1994, 2 postes de professeur principal dans les classes de ZEP (2 professeurs « principaux » ,aucun n’était « principal » !), une indemnité de sujétion spéciale pour les personnels , en 2006, des affectations « hors barêmes » ,des « valorisations de parcours » , des coordinateurs divers et maintenant, des décharges horaires (- 1,6 h dans le temps hebdomadaire pour un professeur certifié), des formations obligatoires (sur temps de travail) et des formations de formateurs... Bien sûr, et heureusement, des objectifs sont réaffirmés pour les élèves, mais seront-ils atteints ?
[...] Quelles sont les conséquences de ces dispositions attractives prises par le ministre ? Les risques sont grands de voir des volontaires venir en ZEP, REP, REP+. Pour la réduction d’ horaires, pour la prime, pour l’affectation hors barême, pour le rapprochement du domicile...
[...] Une vraie refondation de l’école passerait pour moi par une redistribution des élèves, des secteurs, des quartiers, chaque école, chaque collège, chaque lycée ayant son lot d’élèves défavorisés et des moyens pour compenser les manques...Mettre ensemble des élèves avec des problèmes sociaux n’est plus la solution...
Extrait de huffingtonpost.fr du Faut-il maintenir les ZEP ?
Voir aussi
Le débat sur la stabilisation des équipes en ZEP continue