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B* De la recherche à la formation : l’exemple des nouveaux programmes de géographie au collège RRS Léo Lagrange Le Havre (Journées de l’innovation 2014)

11 janvier 2014

De la recherche à la formation. l’exemple des nouveaux programmes de géographie

Collège Léo Lagrange
42 avenue Léo Lagrange, 76600 Le Havre
Site académique Histoire et géographie
Auteur : Chopin Cyrille
Mél : cyrille.chopin@ac-rouen.fr

La mise en œuvre de nouveaux programmes, en l’occurrence de Géographie, est l’occasion de mettre en œuvre de nouvelles pratiques pédagogiques liées à un usage innovant des TICE comme la « modélisation d’accompagnement ». Celle-ci permet de promouvoir un apprentissage de la citoyenneté fondé sur la recherche du compromis et d’une expertise partagée des enjeux territoriaux. L’expérience menée auprès d’élèves fait désormais l’objet d’une formation auprès de collègues de l’académie afin de généraliser et de diffuser cette nouvelle pratique pédagogique.

Plus-value de l’action
Il nous semble difficile d’envisager introduire, et a fortiori généraliser, un usage innovant des TICE sans une remise en cause du style pédagogique des apprentissages. L’introduction de nouveaux programmes nous est apparue particulièrement propice à l’innovation.

Nombre d’élèves et niveaux concernés
- Année scolaire 2012-2013 : 40 élèves soit 2 classes de 3e ont bénéficié de l’action décrite.
- Année scolaire 2013-2014 : 20 enseignants d’Histoire-Géographie mais aussi de Lettres-Histoire suivent la formation.

A l’origine
- Année scolaire 2012-2013 :
• L’action s’inscrit dans le cadre du renouvellement des programmes d’Histoire-Géographie dans l’enseignement secondaire, plus spécifiquement des programmes de Géographie. Ces derniers assurent une certaine continuité avec les précédents programmes avec une volonté réaffirmée de les ancrer dans une approche multiscalaire des territoires et dans une perspective citoyenne. Ils font montre cependant de nouvelles orientations, notamment une plus grande prise en compte des acteurs des territoires, de leurs dynamiques et des enjeux contemporains qui leur sont liés (développement durable, insertion dans la mondialisation, …).

• Cette évolution des contenus des programmes d’enseignement induit de fait une évolution des formes d’enseignement de la Géographie. Il ne plus être question de seulement décrire les enjeux qui contribuent à structurer les territoires. Il s’agit également de placer les élèves en situation de discuter ces enjeux, voire de proposer leurs propres options d’aménagements des territoires étudiés en classe. • C’est dans cette optique que nous avons réalisé en 2012-2013 pour traiter le nouveau programme de géographie de 3e une transposition au domaine scolaire du dispositif dit « modélisation d’accompagnement » employé dans le domaine professionnel. Il s’agit d’un dispositif qui réunit plusieurs acteurs d’un même territoire autour d’une thématique d’aménagement.
Ces acteurs sont incités sous la houlette d’un chercheur ou d’un technicien à confronter leurs points de vue sur ce territoire afin d’élaborer un modèle de fonctionnement. Ce modèle sert de support à une prise de décision collaborative pour une gestion plus consensuelle du territoire. Nous nous sommes plus particulièrement appuyé sur le protocole ARDI (Acteurs – Ressources – Dynamiques – Interactions) (Etienne 2009 - Co-construction d’un modèle d’accompagnement selon la méthode ARDI : guide méthodologique, ComMod, INRA Avignonf).

- Année scolaire 2013-2014 :
• Conscient de l’intérêt que peut susciter la diffusion d’une telle démarche dans l’enseignement de la Géographie, nous tentons cette année de la diffuser auprès des collègues de notre académie. La transposition du protocole ARDI au domaine de l’enseignement secondaire fait l’objet d’une formation dans le cadre du plan de formation dans l’académie de Rouen.

Objectifs poursuivis
- Année scolaire 2012-2013 : Il s’agit de confronter les élèves avec un cas concret d’aménagement du territoire où les conflits d’acteurs comme les enjeux, notamment en matière de développement durable, sont importants de manière à développer chez les élèves une culture citoyenne basée sur la recherche d’un compromis acceptable par tous.
- Année scolaire 2013-2014 : La formation a pour but non seulement de sensibiliser les enseignants à la démarche testée l’année précédente mais également de leur permettre dans le cadre d’une formation hybride de réaliser eux-mêmes leur propre séance. Pour ce faire, la formation dispensera un savoir théorique sur la « modélisation d’accompagnement », cœur du protocole ARDI, mais insistera également sur sa mise en œuvre pédagogique dans le cadre des programmes du secondaire.

Description
- Année scolaire 2012-2013 :
• L’action s’inscrit dans le cadre d’une séquence du nouveau programme de 3e consacrée à l’étude d’un parc naturel régional (Thème 1 de la première partie du programme de géographie : De la ville à l’espace rural, un territoire sous influence urbaine). Les élèves travaillent par groupe et sont conduits à jouer le rôle d’élus communaux. Ces élus représentent l’une des communes intégrées au périmètre d’étude du projet de parc naturel régional Rance – Côte d’Emeraude, projet initié en 2008 par le Conseil Régional de Bretagne, projet non abouti, au moment du travail avec les élèves, faute de consensus. Il s’agit pour les élèves de se prononcer en fin de travail sur l’adhésion ou non de leur commune au projet et de proposer des pistes d’action en vue d’une gestion plus durable de ce territoire de projet.

• Le défi didactique consiste à transformer des élèves étrangers au territoire en acteurs de ce dernier. Pour ce faire, le jeu de rôle (réunion virtuelle des élus au Conseil Régional, publication des réactions de la société civile à cette réunion sous la forme d’un journal inventé pour l’occasion, …) est mobilisé au même titre que la manipulation de données géographiques à l’aide d’un système d’information géographique (SIG). Il est alors possible de mener une transposition de la procédure ARDI au contexte scolaire dans laquelle les élèves élaborent de manière collaborative une représentation systémique du territoire, support de leurs décisions et propositions finales.

• Si le rôle du professeur est primordial dans la scénarisation du cours, en amont du travail des élèves en classe, il est réduit à un rôle de facilitateur lors de ce dernier. Les représentations que construisent les groupes d’élèves ne doivent en aucun cas être celles du professeur. L’objectif didactique et surtout civique de la démarche risquerait en effet de ne pas être atteint.

- Année scolaire 2013-2014 : La formation s’appuie sur un dispositif de type hybride.
• Lors de la première journée de formation en présentiel, les stagiaires sont familiarisés, dans un premier temps, avec la « modélisation d’accompagnement » et réfléchissent à sa mise en œuvre dans le cadre des programmes du secondaire à travers une étude de cas (voir ci-dessus).

• Dans un second temps, ils élaborent en groupe de quatre à cinq un projet commun de séquence. Les groupes sont constitués en fonction des niveaux que les stagiaires ont en charge. Cette étape conduit à un calendrier commun de travail. Il s’accompagne par ailleurs d’une évaluation des compétences de chacun des stagiaires en terme de compétences géomatiques.

• La deuxième phase du travail est assurée à distance. Des tutoriels animés permettent aux stagiaires d’acquérir les compétences géomatiques nécessaires à leur travail. Des ressources sont par ailleurs mises à leur disposition afin de faciliter l’avancement de leur projet. Une classe virtuelle réunit enfin le formateur et les membres d’un groupe et permet de débloquer les éventuelles difficultés rencontrées. Enfin, une classe virtuelle commune à l’ensemble des groupes de travail permet de présenter les travaux réalisés et de les critiquer dans une perspective constructive.

Modalité de mise en œuvre
- Année scolaire 2012-2013 : Nous avons travaillé avec le système d’information Quantum GIS (QGIS). C’est un logiciel libre particulièrement performant en milieu scolaire qui allie exigences scientifiques - discrétisations possibles avec l’algorithme de Jenks, par exemple - et contraintes scolaires - interface simplifiable et plutôt intuitive, notamment. Les données mises à la disposition des élèves sont toutes issues d’institutions nationales (IGN, INSEE, …) ou européennes (données issues du programme Corine Land Cover). Leur usage ne requiert aucun investissement financier dans le domaine éducatif. Chaque groupe d’élèves dispose d’un ordinateur portable sur lequel est installé QGIS et d’un lot de données mises en forme par les soins du professeur.

- Année scolaire 2013-2014 : La formation hybride a pour support la plate-forme m@gistère. Les classes virtuelles recourent au dispositif Centra. Les ressources numériques sont élaborées par le formateur et mises en ligne avec le concours du pôle e-formation de la Délégation Académique au Numérique Educatif de l’académie de Rouen.

Trois ressources ou points d’appui
La thèse de S. Genevois nous a été d’un grand secours pour aborder les aspects didactiques de l’introduction en classe des systèmes d’information, notamment en ce qui concerne les différentes stratégies développées par les élèves. Notre expérience antérieure en matière de formation à distance dans le cadre du dispositif Pairform@ance nous a été d’un grand secours dans l’élaboration du dispositif de formation afin de transposer une innovation individuelle à destination d’un public plus large.

Difficultés rencontrées
La principale difficulté réside dans la capacité des élèves à accepter la rupture de style pédagogique. Ils sont en effet particulièrement perturbés. Il ne s’agit plus seulement pour eux d’acquérir un savoir mais plutôt des compétences civiques, de l’ordre du savoir-être, en rapport avec des enjeux territoriaux dont il leur faut appréhender la complexité.

Liens éventuels avec la Recherche
• Sylvain Genevois, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Cergy-Pontoise, a apporté son expertise théorique lors de l’élaboration de la séquence.
• Sylvain Genevois et nous-même avons fait part de nos premiers résultats à Michel Etienne, théoricien de la « modélisation d’accompagnement », directeur de recherches à l’INRA et directeur de l’unité d’écodéveloppement (INRA, Avignon). Il nous a éclairés de ses expériences conduites avec des professionnels et des étudiants et a insisté sur l’aspect prospectif de la « modélisation d’accompagnement ».
• La transposition du protocole ARDI en classe a été présentée dans deux publications : • C. Chopin et S. Genevois, 2013, « ARDI, vous avez dit ARDI ! Modélisation d’accompagnement et système d’information géographique en classe. Une démarche et un outil au service d’une géographie scolaire citoyenne. », in Lettre d’information géomatique, 23-24, ENS-IFE (voir le document 1) • C. Chopin et S. Genevois, 2013, « Using a participatory modeling approach with GIS : which perspectives for sustainable development education ? », in Learning and Teaching with Geomedia, Cambridge Scholars Publishing.
• Il doit faire également l’objet d’une communication au colloque international de didactiques de l’histoire, de la géographie et de l’éducation à la citoyenneté, qui se tiendra à l’ESPE de Caen, les 02, 03 et 04 avril 2014 (colloque).

Evaluation
La publication des résultats de l’action conduite en 2012-2013 ainsi que notre entretien avec M. Etienne nous ont offert non seulement une évaluation externe qui nous a permis de mettre en évidence certains aspects à perfectionner (dimension prospective de la « modélisation d’accompagnement », pluralité nécessaire des enjeux pour mettre en évidence les logiques d’acteurs, …) mais aussi de préciser nos points de vue en cas de désaccord (plus-values évidentes du système d’information géographique au regard du globe virtuel notamment).

Documents
- ARDI, vous avez dit ARDI !
Modélisation d’accompagnement et système d’information géographique en classe. Une démarche et un outil au service d’une géographie scolaire citoyenne.
- Des données à l’information géographique au collège
Réflexion en matière d’individualisation et de construction de l’information géographique au collège.

Effets constatés
- Sur les acquis des élèves : La mise en œuvre adaptée de la « modélisation d’accompagnement » a des répercussions positives sur les acquis des élèves à court et à moyen terme. A court terme, les élèves trouvent davantage de sens dans un apprentissage qui leur semble davantage ancré dans la réalité, réalité dans laquelle ils ont conscience de pouvoir jouer un rôle. A moyen terme, les élèves ont développé des compétences en termes d’argumentation, d’esprit critique et surtout d’autonomie. Enfin, et c’est ce qui nous semble le plus important pour un exercice éclairé de leur citoyenneté, des capacités d’écoute et de recherche du compromis plutôt que de la confrontation.
- Sur les pratiques des enseignants : La mise en œuvre d’une nouvelle pédagogie nous a permis de mieux cerner la diversité des stratégies mises en œuvre par les élèves et d’esquisser une première réflexion en matière d’individualisation et de construction de l’information géographique au collège (voir document 2). La formation à destination des enseignants est actuellement en cours. Il n’est donc pas possible à l’heure actuelle de tirer un bilan définitif des retombées de cette dernière sur les pratiques d’autres collègues.

Extrait du site Expérithèque : 2014 - Nouveaux programmes innovation : de la recherche à la formation. l’exemple des nouveaux programmes de géographie

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