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B* Deux "pecha kucha" (format de diaporama) réalisés par les 5èmes (lettres) et 3èmes (arts plastiques) du collège RRS Léonard Lenoir de Bordeaux-Bastide (entretien avec le Café pédagogique)

4 janvier 2014

Deux pecha kucha réalisés par les 5èmes (lettres) et 3èmes (arts plastiques) du collège [RRS] Léonard Lenoir de Bordeaux-Bastide

Lieux rêvés : Un fabuleux pecha kucha interdisciplinaire et interétablissements
Le Pecha Kucha est un format de présentation original aux contraintes stimulantes : il s’agit d’un diaporama, par exemple de 15 images s’affichant chacune durant 15 secondes, sur lequel est déclamé un discours limité dans le temps. C’est ce dispositif qu’ont adopté dans l’académie de Bordeaux 30 classes (de différents niveaux) de collèges (de localités variées) pour réaliser un projet conduit par des binômes d’enseignants (de deux matières) : en français, il s’est agi d’écrire et dire des textes poétiques autour de « lieux rêvés » ; en arts plastiques, les élèves ont produit des « architectures poétiques » ; une session de travail finale a permis d’orchestrer la rencontre magique entre textes et images.

Yannick Martinez, professeur de lettres au collège Léonard Lenoir de Bordeaux-Bastide, nous explique le déroulement d’une expérience particulièrement stimulante par ses modalités et ses enjeux : le lieu ici rêvé, c’est aussi peut-être l’Ecole, quand la créativité et l’imaginaire y abattent bien des murs…

Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut

Comment est né le projet de ce Pecha Kucha ? Avec quels objectifs ?
Le projet est né d’une invitation de notre inspecteur de Lettres, M. Olivier Massé. C’était un projet enthousiasmant, un travail innovant et créatif que j’ai eu envie de proposer à mes élèves de Cinquième B. Le thème du Lieu rêvé a été donné aux professeurs de Lettres, avec comme seule exigence la production de quinze textes poétiques de quinze secondes chacun. Nous avons travaillé ce thème très librement durant quelques cours de français et de création numérique. Parmi les objectifs, celui d’établir un dialogue entre l’écriture et les arts-plastiques, entre l’écrit et l’art visuel. Ecrire sur la thématique du lieu rêvé, de l’évasion, c’est un thème inspirant !

Travailler la manière de dire, de mettre en voix, de suggérer, cela a un côté théâtral. L’objectif était de s’essayer à une littérature qui donne à voir. Sur le modèle du cadavre exquis, les textes rencontreraient les images, ces rencontres suggèreraient une réflexion, interpelleraient le spectateur par leur imaginaire, leur ouverture...

L’expérience se veut interdisciplinaire : quels vous semblent les intérêts d’une telle collaboration ?
Pourquoi une expérience interdisciplinaire ? Pour faire naître une rencontre inattendue, imprévisible entre les textes et les images, pour favoriser un imaginaire en action... pour ouvrir des horizons entre le texte poétique et l’univers visuel... à la fois pour dérouter, surprendre (cela évoque la technique surréaliste, proche du cadavre exquis) mais surtout pour produire une réflexion.

En français, les élèves ont écrit des textes autour du thème du « Lieu rêvé » : comment les avez-vous aidés à développer leurs compétences d’écriture ?
Nous avons démarré par des mots qui évoquaient pour eux le lieu rêvé : dans le silence, au tableau, les élèves se succédaient pour inscrire leurs mots, on a travaillé à partir de leur représentation du rêve... Rapidement, des lieux, des espaces, des territoires ont fait leur apparition... Nous avons lié à ces espaces des sentiments... Certains ont développé une écriture automatique sans contraintes, d’autres ont écrit à partir d’anaphores... Tous ont inscrit leurs rêves...

Nous avons aussi travaillé en cours à partir de supports variés : des plans de jardins originaux comme ceux de Chaumont-sur-Loire, des livres comme L’arbre rouge de Shaun Tan, des images issues d’Arc-en-Rêve qui font voyager...

Les élèves ont enregistré leurs voix, leurs poèmes, sur la pause méridienne ou durant notre heure de création numérique avec le logiciel Audacity. Une heure par semaine au collège Léonard Lenoir est consacrée à la création numérique pour le niveau cinquième, une heure durant laquelle nous associons poétique et numérique, nous travaillons sur les relations qui se nouent entre images et textes... Nous avons beaucoup travaillé sur les possibilités de la voix : le souffle, le murmure, le rire, souffler les mots comme s’ils étaient de verre... La manière de dire, de suggérer, de susciter, d’inviter au rêve...

Il a été très difficile de sélectionner les textes tant ils étaient sincères, tant ils étaient vrais... Il y avait une contrainte : 15 textes de 15 secondes... Un véritable exercice de style ! C’est pourquoi depuis nous avons rajouté une vidéo : l’histoire a continué à s’écrire, les élèves ont réclamé une suite... Ils ont cette fois participé au montage final, à l’impression...

Les élèves ont travaillé en arts plastiques sur le thème des « architectures utopiques » : comment les élèves ont-ils été guidés dans ce travail ?
Très librement. Le thème d’Architectures utopiques a été confié aux professeurs d’Arts-Plastiques avec comme finalité la création, la production de quinze images. A partir de ce thème, ma collègue, Madame Guilbot a travaillé avec les troisièmes du collège Léonard Lenoir. Les élèves ont d’abord questionné l’idée d’utopie, les rapports contradictoires d’architectures utopiques par la verbalisation. Ils ont ensuite produit des croquis, des schémas, réfléchi à des lieux, des matériaux et ont construit des volumes, le tout souvent par des références à des architectures contemporaines, en lien permanent avec l’idée d’utopie. Ensuite ils ont créé des maquettes avant de les photographier...

Une session de travail commune finale semble avoir permis la rencontre entre texte et image : concrètement, techniquement et artistiquement comment s’est opérée cette jonction ?
Une session de travail finale réunissant les participants s’est déroulée au mois d’octobre. Artistiquement, le hasard comme mode opératoire fut riche, le hasard des alliances entre images et textes a bien fait les choses, ouvrant des horizons, suggérant beaucoup de possibles, questionnant parfois, appelant aux rêves. Les images comme les mots permettent de s’évader.

Au final, quel bilan tirez-vous de l’expérience : quelles difficultés ? quelles satisfactions ?
Des difficultés sont apparues lors du premier montage surtout : je trouvais le son de mauvaise qualité... Nous avons recommencé, il fallait que cela soit satisfaisant, pour valoriser les élèves, trouver un écrin à leurs poèmes... Depuis, les retours sont très positifs : je sais que les familles regardent ces vidéos, les élèves sont fiers de montrer cette création à leurs proches, d’expliquer le travail, les choix opérés, les associations inattendues...

J’ai adoré mener ce projet... voir les poèmes devenir de véritables objets visuels... avoir une seconde peau. Aujourd’hui nous aimerions que nos élèves participent à la fête des collégiens au Rocher De Palmer à Cenon, qu’ils soient porteurs de ces créations numériques, qu’ils en parlent et échangent, qu’ils recueillent les impressions... C’est le principe d’une telle journée : un échange joyeux et productif.

S’il fallait choisir un ou deux textes d’élèves dont vous êtes particulièrement heureux …
Ce n’est pas simple de choisir un texte ! Tous sont très beaux, mais peut-être le lieu rêvé de Pablo, qui auparavant n’aimait pas vraiment écrire... Cette activité a suscité des envies...

« Une maison cube, de demi-cercles en demi-lunes, un cube à plusieurs faces à la surface de l’eau, une bulle invisible et dure, transparente, étincelante. »

Je pense aussi au lieu rêvé de Théo, un poème résolument libre...

« Un livre géant dont chaque page est une maison qui se tourne, au creux d’une histoire... Une page de nature, des nids d’oiseaux sur la tranche, une page de peintures et de sculptures, une page perchoir aux oiseaux, une page qui s’ouvre sur le Moyen-âge. »

Voir les pecha kucha sur le site du collège

Extrait de l’Expresso du 09.12.2013 : Deux pecha kucha réalisés par les 5èmes (lettres) et 3èmes (arts plastiques) du collège [RRS] Léonard Lenoir de Bordeaux-Bastide

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