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L’enseignement privé renforce-t-il la ségrégation scolaire ? Compte rendu par le Café du colloque organisé par un laboratoire de Sciences Po (21.05.13). Interview d’un responsable de l’enseignement catholique

29 mai 2013

Quelle rôle social joue l’enseignement privé ? Va-t-il faire éclater le système éducatif ? Est-il scolairement performant ? Le 21 mai, le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Sciences Po) réunissait 4 chercheurs pour faire le point sur l’effet de l’enseignement privé sur le système éducatif. Pour eux le constat est accablant : peu performant scolairement, le privé se spécialise socialement et pousse à la ghettoisation des établissements. Enfin le gouvernement ne prendrait pas les bonnes mesures pour diminuer l’écart croissant entre le privé et le public.

[...] L’école privée en France a deux particularités pour Olivier Monso (DEPP, ministère de l’éducation nationale). Dans la république laïque, il pèse plus lourd que chez nos voisins et est largement subventionné. Le privé sous contrat scolarise un élève sur cinq mais 36% des élèves y passent à un moment ou à un autre. C’est peut-être la troisième spécificité du privé : c’est souvent l’école du rattrapage scolaire. D’ailleurs là où il est fort (l’ouest, le sud du Massif central), il est socialement peu différent du public. Enfin le privé est essentiellement catholique et sous contrat.

[...] [intervention de Pierre Merle ] : Au niveau national, le système éducatif français se distingue déjà des autres par une forte ségrégation sociale et académique. Si 3 enfants sur quatre ont un père ouvrier en collège RAR (prioritaire) ce n’est le ca que d’un sur trois dans les collèges hors zep. Si un élève sur trois a un niveau scolaire bon ou moyen en zep, c’est le cas de un sur deux dans les collèges hors zep et deux sur trois dans les collèges privés.

Au niveau des 10 premières agglomérations françaises, Pierre Merle met en évidence une ségrégation croissante des établissements. Ainsi la part de collégiens défavorisés est de 24% dans les collèges public parisiens mais de 4% dans le privé. A Nantes, on trouve 33 et 15%. A Lille, 52 et 21%. Autrement dit l’écart est du simple au double. A l’intérieur de chaque agglomération les établissements privés peuvent avoir des politiques de recrutement différentes. Mais globalement les établissements où l’indice de dissimilarité augmente sont les collèges privés à recrutement très favorisé et les collèges publics à recrutement très populaire. "On a bien une polarisation sociale des collèges", explique Pierre Merle. "On tend vers deux systèmes différents"

Extrait de cafepedagogique.net du 28.05.13 : Mais à quoi sert l’école catholique ?

 

Est-ce un nouveau virage pour l’enseignement catholique ? Le 18 avril 2013 les évêques français ont adopté un nouveau statut de l’enseignement catholique qui remplace celui de 1992. Ce texte, que le Café pédagogique s’est procuré, sera officiellement présenté lors de la Convention organisée le 1er juin à Paris. En pleine bataille du "mariage pour tous", le nouveau statut ne se limite pas a créer deux nouveaux organismes nationaux (un pour les propriétaires des écoles et un pour l’enseignement supérieur). Il renforce la tutelle des évêques sur les établissements. L’école catholique, qui scolarise un élève sur cinq dans un cadre contractuel qui limite fortement son originalité, veut-elle se distancer de l’Etat et rétrograder vers ses racines ? Pierre Marsollier, en charge de la réécriture du statut au secrétariat général de l’enseignement catholique, répond à nos questions.

[...] Mais en Ile-de-France où la ségrégation sociale est forte, les collèges catholiques des Hauts-de-Seine ne comptent aujourd’hui que des élèves favorisés...

Il y a des exceptions. L’enseignement catholique a aussi réagi à cette ségrégation avec son plan égalité des chances. On va le poursuivre même sans aide de l’Etat et continuer à ouvrir des écoles dans les zones défavorisées, comme le 93, là où elles étaient absentes. C’est ce que nous avons fait avec le collège lycée Jean-Paul Deux à Trappes par exemple, ou avec des écoles dans les quartiers nord de Marseille. On le fait même si on porte seuls le coût de l’immobilier. En même temps on ne va pas vivre sur le mode de la culpabilité. Les jeunes qui bénéficient de nos écoles ont aussi des urgences éducatives et il ont le droit qu’on soit là. Pour nous il faut garder tout le front éducatif.

Extrait de cafepedagogique.net : Pourquoi un nouveau statut pour l’enseignement catholique ?

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