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Rencontre de l’innovation sur la prévention du décrochage dans l’académie de Nice (Echo du PASIE n° 17). Nombreux projets

16 mai 2013

REPORTAGE : rencontre de l’innovation sur la prévention du décrochage

Organisée par le Pasie au lycée du Val d’Argens au Muy le lundi 8 avril 2013 cette 2e
rencontre a réuni les porteurs de projets en lien avec le décrochage.

- Paroles de décrocheurs

Des anciens élèves décrocheurs expliquent leurs parcours de décrocheurs et leur raccrochage, vidéos d’entretiens (réal : PIL, 2008)
Voir (n° 33 à 37)

- Paroles d’acteurs de l’académie

Les intervenants ont présenté des actions ciblant des ressorts de prévention et d’aide aux élèves confrontés au décrochage : différenciation de la prise en charge, alliances avec des partenaires, adaptation aux besoins et au contexte local, cadre structurant, valorisation, modularité.
Notamment :
• Une structure pour une école de la 2e chance : Micro-lycée au lycée Pierre et Marie Curie de Menton
• Des actions plurielles pour un décrochage multifactoriel : prévention du décrochage en collège Eclair Jules Romains de Nice

- Motivation des élèves et quotidien des classes, les enseignements d’une année de travail avec le professeur Favre (Montpellier 2)
K. Jovanovic, Professeur d’espagnol au Collège [ECLAIR] de La Marquisanne de Toulon

Les 3 systèmes de motivation :
■ SM1 : Système de motivation de sécurisation
• Plaisir dans la stabilité, le connu
• Relation de dépendance à autrui (référence externe).
■ SM2 : Système de motivation d’innovation
• Plaisir dans la recherche de l’inconnu.
• Autonomie (référence interne)
■ SM1p : Système de motivation « parasité » ou d’addiction
• Plaisir dans la recherche et le maintien de la dépendance
• « Programmes étrangers » qui parasitent notre identité

Rétablir un climat de sécurité
■ Redéfinir le statut de l’erreur :
• L’erreur n’est pas une « faute »
• L’erreur est une information utile
■ S’adapter à leur rythme d’apprentissage :
• Laisser du temps
• Faire preuve de souplesse

Impact sur les pratiques des enseignants :
Création d’une batterie d’exercices et d’évaluations pour le travail en autonomie.
Mise en place d’une feuille de route ou grille de compétences.
Élaboration d’un journal de bord permettant le dialogue avec les élèves.
Modification des appréciations du bulletin :
Une aide individualisée en SM1, SM2, SM1p

Effets sur les élèves dans leur pratique et leurs représentations :
Climat de confiance (gestion du stress, confiance augmentée, ..)
Motivation (envie de réussir, demande d’évaluations et d’entrainements,…)
Amélioration des résultats (responsabilisation face aux apprentissages, volonté d’améliorer les notes,…)

- A la rencontre des porteurs de projets

• Cannes La Bocca, Collège [RRS] Gérard Philipe
Dispositif Alternance

• Menton, Lycée Pierre et Marie Curie
Micro-lycée

• Nice, Collège [ECLAIR] Nucéra
3e PLP

• Nice, Ecole [ECLAIR] Digue des français I
Prévention du décrochage

• Nice, Collège [ECLAIR] Jules Romains
3e Alternance
Carnet de suivi individualisé
Cellule de veille
Partenaires extérieurs
PIF (Parcours Individualisés de Formation
Suivi des absences de la 1ère heure
Suivi des élèves au sein du réseau Eclair

• Toulon, Circonscription Toulon 2
Paroles d’écoles

• Toulon, Réseau du socle
Pilotage concerté 1er/2nd degré d’un réseau du socle commun
Climat sécurisant
Mythologie
Prévention par la culture

• Toulon, Collège [ECLAIR] de la Marquisanne
Classes coopératives
Cessons de démotiver les élèves

• Vallauris, Collège [RRS] Picasso
Dispositif Espace Projet

- Dispositifs et partenaires

Les profils des décrocheurs :
Plus de garçons que de filles
20 % de sortant de collège (niveau troisième)
31% de sortants de LGT (majoritairement ni-veaux terminale et seconde )
49% de sortants de LP (idem)

Les causes sont multifactorielles :
Faible réussite et désaffiliation scolaire
Facteurs économique et social.
Facteurs familiaux notamment en termes relationnels
Facteurs psychologiques (perte de confiance, faible estime de soi, dépression…)

Les acteurs de la prévention des ruptures scolaires et du « raccrochage » :
les personnels éducatifs et de direction des établissements scolaires, les CIO, La MGI, la DSDEN et le Rectorat)
Les Missions locales
Les établissements agricoles
Les CFA
Les partenaires associatifs ainsi que les délégués du préfet dans les territoires politiques de la ville.

Pilotage :
Un comité de pilotage académique
Une responsabilité départementale partagée par le Directeur académique et le Préfet de département pour l’animation des plateformes et l’évaluation de leur activité
Une implication Régionale dans le cadre du CPRDFP et de la mise en place des « Pactes régionaux pour la réussite éducative »

Mise en œuvre :
Au sein des établissements : prévention et raccrochage –mise en place de référent décrochage dans les établissements-
Au niveau de chaque bassin :
Commissions d’insertion et mise en place prochaine du Réseau Formation Qualification Emploi (FOQUALE)
Plateformes d’appui et de suivi des décrocheurs

L’objectif principal de la mobilisation d’un réseau est de favoriser les alliances éducatives. Dans ce cadre, la Misson Générale d’Insertion (MGI) voit évoluer son action ; elle devient la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS). Il s’agit notamment de travailler à la mise en place de par-cours personnalisés de retour en formation dans le cadre d’un « contrat formation qualification emploi » signé par le tuteur, le jeune et sa famille.
Toutes les ressources au sein d’un réseau devront être mobilisées : intégration sur places vacantes, modules de préparation aux examens, projets innovants au sein de l’éducation nationale et/ou en partenariat avec les autres acteurs chargés de l’insertion et de la formation des jeunes.
Par ailleurs l’ONISEP développe également des outils de communication pour les usagers et les acteurs.

Pour conclure, les expériences menées au niveau national ou international pour lutter contre ce ph-nomène préoccupant montrent que ce qui favorise le raccrochage et la persévérance scolaire c’est :
La qualité du lien entre l’usager et l’institution et les adultes qui la représentent,
Les approches collaboratives,
Les actions de sensibilisation des acteurs aux indicateurs de désengagement scolaire, aux causes in-ternes (propre à l’élève) et externes (organisationnel, opérationnelles, climat scolaire…)
Une approche éducative centrée sur les compétences des élèves
La professionnalisation des enseignants
Une formation des tuteurs à l’accompagnement pour développer : les habilités en communication, la rigueur du suivi, une attitude positive et proactive vis-à-vis de la réussite d’un élève.

- Bilan
En matière de prévention du décrochage les équipes innovantes présentes et les participants à la rencontre académique ont fait émerger les domaines d’action qui concourent à la prévention du décrochage ou à son traitement :
L’accompagnement
Le climat d’étude
L’orientation
Les pratiques pédagogiques
Les réseaux et territoires

Pour prévenir le décrochage, il est nécessaire (les études nationales et internationales le montrent) que les élèves soient considérés et reçoivent expli-citement de la considération. En effet, un enfant, un adolescent qui a le sentiment d’être toujours regardé comme incompétent, inapte, voire inadapté, ne peut que renoncer ou s’opposer : il développe des troubles et des conduites qui mettent l’école et ses acteurs à distance. Ainsi, est-il important de reconnaitre les compétences individuelles de chacun des élèves et de mettre en place des dispositifs d’aide précoces de sorte que la difficulté rencontrée ne devienne pas un obstacle définitif à la poursuite de l’apprentissage. L’accompagnement par un adulte référent est un signe positif fort de considération et de prise en compte de l’individu qui est trop souvent écrasé par le collectif dans le quotidien des pratiques scolaires. Des recherches référencées peuvent éclairer les professionnels de l’école sur ces aspects de sorte que le regard, donc le discours et l’attitude, puissent évoluer.

Sachant que tout apprentissage provoque naturelle-ment un trouble chez celui qui apprend, il est important que les pratiques pédagogiques contribuent à mettre en œuvre la reconnaissance du sujet qu’est l’élève et de ses compétences. Ainsi, les pratiques coopératives en classe donnent-elles des résultats, chaque élève pouvant être ressource et expert dans l’une ou l’autre des activités et des disciplines. Par ces pratiques de coopération, l’apprentissage bénéficie du conflit sociocognitif et de la médiation entre pairs. La coopération entre pairs apaise de surcroît le climat d’étude dans la mesure où l’activité scolaire se mène sans rivalité mais en apprenant des autres et en aidant les autres. Si la maîtrise de la langue française et de la culture est essentielle à la poursuite et à la réussite d’étude, il s’agit de prendre en compte sans les mépriser les acquis et les usages qui sont ceux de chacun des élèves. Acquérir une culture autre, maitriser une langue autre, c’est accepter l’acculturation, or, il n’y a pas de possibilité d’acculturation sans motivation, sans compréhension des enjeux, et sans perspective de réussite. En cela, les actions à développer sont celles qui visent à développer très tôt l’expression orale – sa pratique systématique et consciente donc sa maitrise, à constituer dès que possible le fonds culturel nécessaire à la réussite scolaire par la fréquentation régulière des textes fondateurs et patrimoniaux, à faire entrer chacun dans une conscience et dans une pratique des variations de la langue selon le contexte et le destinataire, à favoriser la pratique motivée de l’écriture et de la lecture dans tous les champs disciplinaires abordés.

Le sens du pourquoi l’on apprend et pourquoi l’on apprend doit être perceptible par tous les élèves donc être explicité par les enseignants, dans le cadre d’un projet. L’évaluation aussi peut retrouver un sens positif, constructif : elle est un moyen pour l’enseignant et pour l’élève de mesurer le chemin parcouru et de trouver les moyens de dépasser les obstacles. L’évaluation est utile pour les apprentissages. Ainsi, elle est comprise et juste.
Ce cadre de confiance et de sens a besoin de se prolonger dans tout le climat d’étude. Pour cela, les décisions des adultes ont besoin d’être explicitées et assumées, référencées et stables, appropriées et justes. Les élèves comme les familles peuvent instaurer une relation constructive à l’Ecole et à ses valeurs dès lors que les professionnels sont en me-sure de manifester l’importance qu’ils leur accordent. L’information et la formation des professionnels permettent cette sérénité et cette équité dans les actes quotidiens. L’individualisation du suivi, qui est un des signes de cette reconnaissance du sujet, est favorisée et facilitée par les partenariats.

Les échanges, les alliances comme le développe-ment professionnel des personnels ou le suivi personnalisé des élèves sont très largement favorisés par un pilotage en réseau d’établissements, sur un territoire déterminé. Le pilotage concerté inspecteurs (1er et 2d degrés), principaux, proviseurs et directeurs est réalisable à l’échelle d’un territoire et permet la réflexion collective, l’analyse des besoins spécifiques, la mutualisation des pratiques efficaces. Par ailleurs, la création d’un réseau d’échanges académique sur ce thème peut favoriser la diffusion de l’information et des pratiques efficientes (RESPIRE).
L’orientation a besoin d’être déclinée au plan individuel de l’élève –avec un accompagnement à la maturation et à la structuration des choix-, au plan territorial avec des outils de suivi communs mais aussi par le biais de la richesse des expériences que proposent les réseaux d’établissements sur un territoire (LGT/LP/LPO), et dans le temps, avec des dis-positifs de « nouvelle chance » accessibles.

Extrait de l’Echo du PASIE n° 17 de l’académie de Nice : Echo du PASIE n° 17

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