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Les membres de la convention citoyenne sur les temps de l’enfant veulent changer l’organisation de la semaine de classe
Les citoyens tirés au sort pour réfléchir aux « temps de l’enfant » ont ébauché leurs propositions, lors des 4ᵉ et 5ᵉ sessions de la convention. Ils envisagent de proposer une semaine sur cinq jours, avec des leçons le matin et des activités pratiques, artistiques ou sportives l’après-midi. Des ambitions coûteuses, ont prévenu les experts.
Les 140 citoyens membres de la convention citoyenne pour les temps de l’enfant débattent par petits groupes, dimanche 19 octobre, dans le hall du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ici, on se demande quel nom donner à cette nouvelle organisation de la journée qui permettrait que l’après-midi soit consacré aux « activités pratiques » à l’heure où les enfants digèrent et sont les moins concentrés. Là, on s’interroge sur le niveau de cadrage à imposer pour éviter de « creuser les inégalités » entre établissements.
Réunie pour la cinquième fois au Conseil économique, social et environnemental du 17 au 19 octobre, la convention citoyenne sur les temps de l’enfant assume donc d’être entrée dans le cœur du débat : l’organisation de la journée et de la semaine des enfants. A l’issue des cinq premières sessions de travail, les premières ébauches de propositions préconiseraient une semaine de classe de cinq jours complets, des « cours théoriques » concentrés sur la matinée, et des après-midi consacrés à des mises en pratique ainsi qu’aux activités sportives, culturelles et artistiques, plus ou moins facultatives selon l’horaire. En toile de fond des réflexions, l’idée que plus le temps de prise en charge collectif sera long, plus le service [...]
Extrait de lemonde.fr du 20.10.25
Temps de l’enfant : la "convention" risque de passer à côté des vraies questions (ouvrage présenté par S. Bonnéry et J-Y Rochex)
"La fatigue des élèves est-elle le symptôme d’un trop-plein d’école, ou au contraire, dans un temps réduit de classe, des effets des injonctions pédagogiques à conditionner et faire obéir les élèves plutôt que de les conduire à comprendre ?" Cette question, Stéphane Bonnéry (Paris 8) la pose dans l’introduction d’un ouvrage collectif dont le titre, "Temps de l’enfant, rythmes scolaires : vraies questions et faux débats", dit le propos alors que le président de la République a lancé une "Convention citoyenne sur les temps de l’enfant". Pour que cette convention aboutisse à des propositions de nature à améliorer notre système éducatif, il faudrait que les citoyens qui y participent "disposent d’une diversité d’arguments, que les analyses des chercheurs soient diffusées".
"Puisque toutes les réformes d’aménagement des temps de l’enfant depuis un demi-siècle affichent la volonté de réduire les inégalités scolaires, il est nécessaire de se demander quelles sont les conditions réelles de la réussite scolaire des élèves de toutes les origines sociales", mais aussi de s’interroger sur "la perte considérable d’heures d’enseignement qu’ont subie les élèves français depuis vingt ans", "de faire le point sur la complémentarité entre l’école, les loisirs, l’éducation populaire, les collectivités locales". L’auteur fait mine de s’interroger : "Les inégalités seraient-elles réduites ou accentuées, si au nom de la complémentarité et de l’adaptation aux ’rythmes’ ou aux ’besoins’ de chacun, certains contenus n’étaient plus obligatoires, parce que transférées de l’école à des clubs ou à des intervenants ?" Evidemment non.
Il a aussi donné la parole à Jean-Yves Rochex (Paris 8) qui a lu attentivement le "socle documentaire" mis en ligne "à destination des membres de cette convention" et qui ne décolère pas. Il constate qu’il n’est pas signé, qu’on ne sait qui l’a élaboré, et que "son contenu est indigent, partiel et partial". Le document propose de voir ce "que dit la science", "comme si l’on pouvait ainsi parler de la science au singulier" ! Il "se centre quasi exclusivement sur (...) ce que nous apprendraient les neurosciences et la chronobiologie", comme si les temps de l’enfant pouvaient "être pensés indépendamment de la nature et de la qualité des activités qu’on leur propose". Célestin Freinet ne disait-il pas "la fatigue des enfants est un test de la qualité de la pédagogie" ?
A la question "Pourquoi les enfants défavorisés rencontrent-ils plus de difficultés à l’école ?", les seuls éléments de réponse renvoient "aux conditions de vie et aux ressources, matérielles et culturelles", en oubliant la réduction du temps scolaire, la concurrence croissante entre établissements, l’accroissement de la ségrégation urbaine et de la ségrégation scolaire, le non-remplacement des professeurs absents, "certaines pratiques de différenciation pédagogique qui, loin de contribuer à réduire les inégalités, les renforcent et les accroissent"… Le document va plus loin, affirmant que "c’est dans le temps extra-scolaire et le temps libre que se creusent les inégalités entre les enfants", comme si les politiques scolaires "n’y étaient pour rien".
Autre motif de colère, le document évoque certains "dispositifs mis en place par l’État pour lutter contre les inégalités économiques et sociales" qui "pratiquement tous" ont été mis en place "depuis 201". "Le lecteur ne saura rien des mesures et des politiques antérieures".
C’est bien cette méconnaissance, volontaire, de tout ce qui s’est fait avant le premier quinquennat d’E. Macron et le ministère Blanquer, de tout ce qui se fait depuis en dehors des décideurs politiques, qui anime les deux chercheurs, et qui hypothèque les travaux de la convention citoyenne.
[Extrait de touteduc.fr du 21.10.25