Sarkozy défend la discrimination positive

11 juillet 2005

Extrait de Libération du 11.07.05 : Thatcher et Blair , les héros de Sarkozy

Sarkozy persiste. Hier, à Perpignan, le président de l’UMP n’a pas raté
l’occasion qui lui était offerte de s’opposer à l’orthodoxie
chiraquienne sur à peu près tous les sujets.
Invité à l’université
d’été du Parti radical, il s’est ainsi prononcé, une fois de plus, pour
la discrimination positive, l’« immigration choisie » et des
« adaptations » de la loi de 1905. Et aussi contre le « modèle social »
français et pour le modèle britannique.
Sur tous ces sujets, il
contredit ouvertement Jacques Chirac et son Premier ministre, Dominique
de Villepin. Ce dernier a beau minimiser les désaccords en les ramenant
à de simples différences de « style » qui ne menacent pas la cohérence de son « équipe », la guéguerre idéologique se poursuit.

Synthèse. Depuis l’annonce de la nomination d’un « préfet musulman » en
novembre 2003, la polémique rampante sur la discrimination positive n’a
jamais cessé.
Hier, le ministre de l’Intérieur a bizarrement puisé dans
le jargon du Parti socialiste pour proposer à ses adversaires
chiraquiens une « motion de synthèse » qui reconnaîtrait la
légitimité de la discrimination positive, mais limitée dans le temps.
Il donne en exemple la mise en oeuvre de la parité en politique ou
l’objectif de 6 % de handicapés employés dans l’administration. Nicolas
Sarkozy jure qu’il pourrait, dans ces conditions, changer son
vocabulaire : « Je suis prêt à appeler la discrimination positive le volontarisme républicain. »Les
militants du Parti radical ont paru se satisfaire de ce geste de
conciliation.
Traditionnellement très attachés au respect du principe
de laïcité, ils ont en revanche moins apprécié que le chef de l’UMP
s’obstine à bousculer la « laïcité à la française » en faisant valoir qu’elle n’était pas une « vache sacrée ». Il faut « adapter » la
loi de 1905, conçue, a-t-il rappelé, à une époque où la France ne
comptait pas 5 millions de musulmans. En novembre dernier, le congrès
du Parti radical réuni à Saint-Etienne (Loire) s’était déjà inquiété
des positions de Sarkozy. Et le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin y
avait fustigé « les apprentis sorciers » qui, en revenant sur la loi de 1905, pourraient « déséquilibrer ce qui est aujourd’hui l’organisation de notre République ».

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