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B* "Dispositif Oxygène" de prévention du décrochage au collège ECLAIR Diderot à Besançon

7 août 2012

Dispositif Oxygène, collège ECLAIR Diderot de Besançon
Expérimentation 34

Résumé du projet
Le dispositif Oxygène est destiné à offrir un espace adapté aux élèves décrocheurs, quelles que soient les formes du décrochage : absentéisme fort, refus de travail, oubli systématique de ses affaires, refus des règles de vie du collège, repli sur soi, chute des résultats scolaires… L’espace temps est volontairement limité (6 à 8 semaines, entre chaque période de congés), l’espace classe volontairement différent (sortie de la classe d’origine pour entrer dans une classe à très faible effectif) et les acteurs s’inscrivent dans des procédures éducatives et pédagogiques innovantes, centrées sur les fondamentaux, la reprise de confiance en soi et la reprise de confiance en l’adulte au sens large (parents, profs, institution scolaire, associations, etc.).
Les parents sont placés au premier rang pour retrouver, aux côtés du collège, un rôle central dans le suivi de la scolarité de leur enfant.
Les partenaires du quartier sont associés au plus près pour occuper une place de relais hors l’école mais aussi pour construire un travail complémentaire et en cohérence avec les activités scolaires.

Nombre total d’élèves : 24
Nombre total de classes : 4 classes créées
Classes d’origine : 6° = 5, 5° = 4, 4° = 2, 3° = 4
Durée totale prévue : 3 ans
Périodicité : 4 sessions, entre chaque période de congés (6 semaines mai-juin)
Horaire élèves : 26 à 28 heures
Place dans l’emploi du temps de l’élève : Sur temps disciplinaire : 26 à 28h ; Hors temps disciplinaire : 2 heures par session (sortie sportive ou culturelle)

Personnes – ressources

  • Partenaires appartenant au système éducatif : le CARDIE, par son expertise et son regard analytique du dispositif.
  • Partenaires extérieurs : Association PARI - Profession Sports 25 - Maison de Quartier Nelson Mandela –
    ADDSEA - Point Information Jeunesse – Soléa bis Réseau 25 - Solidarité Femmes – Psychologue pour l’analyse de la pratique

Coordonnateur(s) de l’action : Catherine SANTI catherine.santi@ac-besancon.fr

Genèse du projet
Le collège Diderot accueille un public de 650 élèves dont les caractéristiques sont celles de la plupart des établissements relevant de l’éducation prioritaire : 71% de Catégories Socio Professionnelles défavorisées, 30% d’élèves entrant en 6° avec au moins un an de retard, 70% de boursiers, 69,5% de réussite au Diplôme National du Brevet et 55% d’élèves orientés en 2°Générale et Technologique. Ces données ne prennent en compte ni les élèves nouvellement arrivés en France (entre 30 et 40 accueillis chaque année), ni les élèves de la Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté (95 élèves).
Le collège dispose de moyens supplémentaires pour apporter plus à ceux qui ont moins :

  • 4 professeurs et une CPE référents (un mi-temps en poste et l’autre mi-temps sur des missions
    particulières au service des élèves et de leurs familles : co intervention, ouvrir l’école aux parents,
    relations avec les partenaires extérieurs, préfet des études, etc.)
  • Deux médiateurs de réussite scolaire à mi-temps, pour lutter contre l’absentéisme et le décrochage scolaire
  • 10 assistants pédagogiques (co-intervention en classe et soutien scolaire en petit groupe).
  • Classes constituées d’un maximum de 24 élèves

A ces moyens attribués par l’Etat, les personnels collège ont ajouté des outils d’aide et de soutien aux élèves et à leurs familles, adaptés à leurs besoins :

  • Un groupe de suivi hebdomadaire qui traite des cas individuels qui nécessitent une réflexion approfondie pluridisciplinaire. Ce groupe est constitué des 3 CPE, des 3 préfets des études, de l’assistante sociale, de l’infirmière, des 2 médiatrices de réussite scolaire et du directeur de la SEGPA, il est piloté par la principale adjointe. Régulièrement des spécialistes sont présents ou informés : membres du Programme de Réussite Éducative, Conseillère d’Orientation Psychologue, médecin scolaire. Pour chaque élève qui rencontre des difficultés, de toute nature, la situation est étudiée, des décisions d’action sont prises et un responsable de la mise en œuvre est identifié. L’ensemble des personnels connaît ce groupe et le nom des élèves suivis.
  • Les assistants pédagogiques sont sollicités pour du soutien individualisé, tous les élèves non autonomes disposent de 2 heures hebdomadaires de soutien en petits groupes. Les élèves autonomes sont identifiés en conseil de classe.
  • Des relations privilégiées avec de nombreux partenaires : les associations de soutien à la scolarité, la maison de quartier, la maison de l’adolescent, le PRE, le délégué du Préfet, etc.

 

Malgré ces dispositifs, une frange d’élèves (environ 1 à 2 par classe), ne retrouve pas une situation propice aux apprentissages.
En 2010-2011, décision est prise d’inscrire ces élèves dans un dispositif appelé « élèves exigeants ». 17 adultes expérimentés ont accepté d’offrir à ces élèves 2 heures hebdomadaires de soutien en groupes de 1 à 4 élèves maximum.
Les élèves, identifiés en conseil de classe sont 34 en début d’année et 17 en juin 2011. Cet outil ne convient qu’aux élèves faiblement décrocheurs et les 17 élèves que nous n’avons pas réussi à repositionner dans une attitude de réussite doivent se voir offrir d’autres solutions.
L’équipe des 17 personnels engagés pour les « élèves exigeants » s’est réunie un peu plus de deux fois par période soit environ 10 concertations dans l’année. C’est à l’occasion de ces réunions d’ajustement du dispositif « élèves exigeants » qu’est née l’idée du dispositif Oxygène qui doit pouvoir apporter une réponse aux grands décrocheurs quand ceux qui le sont moins seront confiés aux assistants pédagogiques.
Ce qui frappe en premier lieu chez les grands décrocheurs, c’est leur attitude de détachement total qui nous semble cacher une perte totale de confiance en soi et dans les adultes. Les indicateurs de décrochage ne sont pas forcément les même pour chaque élèves mais nous arrivons à constituer une liste exhaustive :

  • Absentéisme (perlé ou continu)
  • Résultats scolaires faibles ou en chute
  • Punitions et sanctions nombreuses
  • Exclusions de cours régulières quand elles ne sont pas quotidiennes
  • Travail personnel inexistant ou presque
  • Cartable quasiment vide
  • Attitude en entretien duel constructive mais attitude en groupe hors cadre des apprentissages
  • Efforts fournis sur le court terme sans changement durable

Forts de ce constat, il nous semble que la meilleure solution à proposer à ces élèves est une rupture de courte durée. Nous nous inspirons des classes relais qui ont donné d’excellents résultats avec les élèves qui ont pu y être accueillis (un à deux par an).

Objectifs du projet
Les objectifs sont dégagés à partir du diagnostic et de ce qui est attendu pour tous les élèves. Quatre grands axes sont retenus, chacun décliné en objectifs opérationnels. Les deux premiers axes sont centrés sur l’élève et les savoirs, savoir-faire et savoir-être qui lui seront apportés. Les deux seconds sont tournés en direction des partenaires que sont les parents mais aussi les acteurs du quartier et de la ville.

Axe 1 : Donner du sens aux apprentissages et préparer l’orientation et le projet personnel de chaque élève

  • Travailler de façon différente par rapport à la classe traditionnelle
  • Pousser à son maximum la différenciation pédagogique
  • Faire découvrir concrètement les formations professionnelles
  • Prendre du temps avec chaque élève pour l’écouter et le faire progresser
  • Conforter les fondamentaux
  • Rendre l’élève acteur de son avenir en rédigeant avec lui un projet individualisé

Axe 2 : Donner aux élèves une possibilité de changement

  • Mettre en place un lieu dans l’école pour changer
  • Valoriser le changement aux yeux de toute la communauté scolaire
  • Faire que ces groupes ne soient qu’une étape dans l’évolution de l’élève

Axe 3 : Associer les parents dans le projet de leur enfant

  • Soutenir les parents dans leur démarche d’aide par rapport à leurs enfants
  • Faire en sorte que l’inscription dans le groupe de leur enfant soit un choix familial
  • Montrer aux enfants l’intérêt que leur porte leurs parents

Axe 4 : Renforcer les liens avec les partenaires dans l’intérêt de l’élève

  • Fédérer grâce à des rencontres fréquentes les actions des partenaires au service de la réussite des élèves
  • Faire en sorte que chacun soit force de proposition
  • Chaque partenaire prend en charge une partie de l’évolution de l’élève

Effets attendus
Au regard de chaque objectif ont été fixés des résultats à atteindre ou tout du moins un but vers lequel il nous faut tendre.

Axe 1 : Donner du sens aux apprentissages et préparer l’orientation et le projet personnel de chaque élève

  • Une hausse des résultats scolaires (de meilleures notes mais aussi de meilleures appréciations)
  • Une attitude active en classe et non plus attentiste (moins d’absentéisme et de retards, une participation à l’oral constructive pour l’élève et pour le groupe)
  • Un choix éclairé quant à l’avenir scolaire de l’élève au lieu d’un choix subi ou rêvé (connaître son profil, ses appétences, ses compétences et les mettre en regard de métiers et de formations)
  • Une remobilisation sur le scolaire pour obtenir une orientation choisie et en cohérence avec la réalité (à partir de ce qu’il sait de lui-même et de ce qu’il veut faire : mise en œuvre des moyens nécessaires pour obtenir la formation voulue)

Axe 2 : Donner aux élèves une possibilité de changement

  • Un changement du comportement de l’élève (attitude face au travail mais aussi face aux autres et aux règles)
  • Un changement de rôle dans la classe, dans le groupe de pairs (endosser un rôle de leader positif)
  • Un investissement de l’élève dans la vie du collège (participation à l’AS, au FSE, à des clubs, à l’accompagnement éducatif)

Axe 3 : Associer les parents dans le projet de leur enfant

  • Obtenir des rencontres facilitées avec les parents (nombre de rencontres plus important, démarche active des parents qui n’attendent pas nos appels pour se manifester)
  • Construire des relations de confiance et de bienveillance (qualité des échanges, plus constructifs et moins tendus)
  • Arriver à une réelle co-écriture du projet individualisé de prise en charge de leur enfant (passer de la méfiance ou du désengagement au travail en commun)

Axe 4 : Renforcer les liens avec les partenaires dans l’intérêt de l’élève

  • Créer un réseau de partenaires qui travaillent ensemble et non pas côte à côte (augmenter le nombre de partenaires avec lesquels travailler de concert et multiplier les réflexions communes)
  • L’élève saura que dans et hors l’école il peut compter sur des relais (augmenter le nombre de rencontres de l’élève avec d’autres adultes sur le quartier pour multiplier le nombre d’appuis autour de lui).

Etapes de mise en œuvre

Analyse de l’action

Effets observés et écarts
Les effets observés n’ont de sens que sur les sessions 2, 3 et 4. La session 1 a été un échec, mis à part la bouffée d’oxygène qu’elle a représenté pour les classes dont ont été extraits les élèves intégrés au dispositif oxygène.
Une seule élève sur les 7 a pu préparer son orientation positivement et grâce à un passage en 3°DP6h en lycée professionnel.
2 élèves sont passés en conseil de discipline et ont été exclus du collège. L’un définitivement, l’autre avec sursis, nous attendons l’année prochaine pour savoir si ce sursis sera une seconde chance.
Aucune des cinq élèves restées au collège n’a vu ses résultats scolaires et son investissement en classe s’améliorer. L’absentéisme, les retards, les exclusions de cours et les manquements à la règle sont de même intensité et de même nature. Les deux garçons du groupe sont partis, l’un après exclusion, l’autre en DIMA.
Pour l‘une des élèves, la situation est même moins positive après le passage en classe oxygène, sans qu’il soit bien
entendu possible de dire si nous en serions arrivés au même constat sans cette intégration au dispositif.

Par contre pour les sessions suivantes, les objectifs ont été en grande partie atteints voire dépassés.
[…]
A cela s’ajoute un aspect non envisagé au départ : l’investissement d’autres personnels du collège auprès de cette classe comme avec aucune autre de cette manière : assistante sociale, infirmière, médiatrices de réussite scolaire, agents techniques, agents administratifs.

Projections et régulation
Unanimement, personnels de l’éducation nationale et partenaires sont convaincus du bien fondé de ce dispositif et de sa nécessaire reconduction. Tous sont partants pour une année de plus, un enseignant rejoint même notre équipe. Le fonctionnement sera bien entendu adapté en fonction de nos dernières réflexions, débutées le 5 juillet et qui seront affinées début septembre. Le contenu des notre premier bilan annuel nous permet de nous projeter sur les modifications exposées ci-dessous.
Une nouvelle session sera peut-être engagée avant novembre, si le travail avec les familles et les élèves est possible en début d’année, période déjà lourde de mise en œuvre diverses.
Le suivi pédagogique entre la classe d’origine et la classe oxygène doit être renforcé, avant, pendant et après le passage dans le dispositif. L’association de soutien à la scolarité est un élément de ce suivi qui fonctionne bien. Par contre la communication avec les enseignants des classes d’origine est à améliorer. Le lien entre les professeurs de la classe oxygène et leurs collègues sera renforcé par des rencontres formalisées et une utilisation systématique du cahier de texte numérique permettra de garder un lien direct avec ce qui est fait dans les classes d’origine.
Un tutorat entre élèves sera mis en place lors du retour de chaque élève dans sa clase d’origine pour une adaptation plus rapide après la rupture.

L’entrée dans le dispositif et le bilan de fin de session avec les parents, les élèves et tous les partenaires est maintenu.
La construction du parcours des élèves avec le point information jeunesse sera adaptée pour les élèves selon leur niveau. Actuellement centré des élèves de 3° ou de 4°, il sera modifié pour les niveaux 6° et 5°, bien qu’il nous semble un peu tôt d’aborder cette réflexion avec des élèves de 6°.
L’association Soléa (lutte contre les conduites addictives) désire construire ses interventions (à destination des élèves de 4° et 3°) en cohérence avec les professeurs de SVT, d’arts plastiques et d’EPS.
La maison de quartier et l’association chargée des activités sportives continueront à proposer des activités en lien avec les projets existants sur le quartier et le développement du goût de l’effort, l’ouverture à l’autre et à la différence.
L’association de soutien à la scolarité (association PARI) acte le besoin d’un lien plus suivi avec les cours dispensés dans les classes d’origine. Le collège se charge de régler les problèmes techniques qui permettront ce suivi.

L’analyse de la pratique est maintenue, les enseignants gardent leur porte ouverte à M. Vallat qui nous rejoindra au minimum une fois par session, si possible deux.

Notre interrogation la plus grande tient à l’investissement des familles qui est loin de nos projections.
Notre réflexion du 5 juillet ne permet pas de dégager de nouvelle piste d’action pour l’instant dans ce domaine, chacun gardera cette recherche en mémoire pour la prochaine réunion.

Annexe 1 : Engagement classe Oxygène

Annexe 2 : Texte écrit par les élèves dans le cadre d’une action culturelle à l’échelle du quartier, projet « On sème »

Annexe 3 : Productions en arts plastiques

Annexe 4 : Bilan du Point Information, Jeunesse session 1

Extrait du site de l’académie de Besançon : Exp34 - Diderot – Oxygène (17 pages)

Extrait du site de l’académie de Besançon : Exp34 - Diderot – Oxygène

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