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B* "Musée éphémère : Faire des élèves des passeurs, acteurs et créateurs de mémoire", école RRS Jean Jaurès 1 à Garges-les-Gonesses (Val-d’Oise) (sélection Journées de l’innovation 2012)

18 avril 2012

 Musée éphémère : Faire des élèves , des passeurs , acteur et créateurs de mémoire
Ecole RRS Jean Jaurès 1 à Garges-les-Gonesses
Nombre d’élèves et niveau(x) concernés : 3 classes de PS au CM2, 75 élèves.

Projet pluridisciplinaire d’action culturelle, il consiste à proposer
des occasions pédagogiques de révéler un passé enfoui ou oublié, par le prisme de « l’observation critique » d’un patrimoine proche
ou lointain, local ou national, en conduisant les élèves à mener
des investigations d’historien : ainsi vont-ils faire des reportages-photos,
des interviews de témoins ou d’experts, des recherches
iconographiques, pour restituer au final cette mémoire à d’autres
enfants ou adultes , au cours d’une mise en scène d’un parcours
artistique et historique d’un patrimoine. Ils en seront à la fois,
créateurs, artistes et conférenciers. Cette démarche répond au
projet éducatif de l’UNESCO, dont notre école est membre du
réseau des écoles associées, de faire des jeunes des acteurs du
patrimoine.
Elèves, enseignants, parents ont été surpris de découvrir "les dessous historiques" de leur environnement quotidien et leurs potentiels. L’envie d’apprendre des
premiers s’en est trouvée plus accrue.

Constats
Nos élèves vivent dans des quartiers dits sensibles, en pleine
reconstruction, où l’environnement (architecture, espace urbain) n’offre a priori pas d’exemples remarquables culturels. Des structures culturelles existent, mais leur accès leur est difficile, voire ignoré en raison de leur éloignement géographique ou des habitudes familiales peu favorables. Leur milieu socio-éducatif n’est pas souvent propice à l’acquisition de références culturelles nécessaires à l’intelligibilité des œuvres du patrimoine.
A cela, il faut ajouter que nos élèves sont, dès leur plus jeune âge, en difficultés dans la maîtrise de la langue et surtout en compréhension, faute d’un lexique suffisamment riche.
Pourtant, l’école se situe dans le quartier du Vieux Pays, cœur historique de la ville . Nombreuses sont encore les traces du passé , tant en termes patrimonial, qu’en présence de témoins du village d’alors.

La démarche alors est de développer, par un projet fédérateur et coopératif en faisant appel à des témoins d’un environnement proche, les connaissances linguistiques et historiques des élèves en proposant une
appropriation personnelle et artistique d’un patrimoine historique dans un lieu de vie quotidien(ici le site de l’école) transformé en lieu éphémère d’arts et d’histoire.

Objectifs poursuivis

  • Maîtrise de la langue :
    • Réciter des textes en prose ou des poèmes (une
      dizaine), en les interprétant avec l’intonation.
    • Concevoir et écrire de manière
      autonome un texte narratif ,poétique ou explicatif .
    • Comprendre des mots
      nouveaux et les utiliser à bon escient.
    • Prendre la parole devant d’autres élèves
      et à bon escient : adapter ses propos en fonction de ses interlocuteurs et de ses objectifs.
  • Culture humaniste :
    • identifier et connaître des repères historiques
    • distinguer les grandes catégories de créations (danse,architecture ,…..)
    • Pratiquer des activités artistiques en utilisant différents matériaux, supports,
      instruments et techniques et montrer une sensibilité artistique et des capacités
      d’expression et de créativité.
    • Créer, produire un document numérique vidéo, sonore ou visuel.
  • Autonomie/Compétences sociales et civiques :
    • Conserver une attitude responsable - être persévérant dans les activités

Description
Tout au cours de l’année, les classes mènent in situ et in vivo une enquête
historique sur un patrimoine déterminé d’avance. Ce peut être un site
quelconque, historique, naturel ou pas, un bâtiment, une oeuvre picturale, une sculpture.
A titre d’exemples, nous avons au cours de ses dernières années fait le
choix des rives de la Seine, la Joconde, Abbaye de Royaumont la Forêt de
Chantilly, l’école.

  • la phase d’appropriation in situ : Les élèves scrutent avec
    des « appareils focalisant »( petite lucarne, miroir, lunette longue vue,…) des
    détails d’architecture, les particularités picturales de l’œuvre du patrimoine. Ils le dessinent sur un carnet de culture .Ils le questionnent, l’interprètent librement et en
    écrivent des histoires de fiction.
  • la phase d’investigation historique : En classe,
    les élèves vont commencer par faire des recherches historiques sur l’origine et la
    période du patrimoine déclencheur. Le maître apporte également des images
    d’archives ( photos, plans) , collectées sur des sites internet ou auprès du service
    des archives. Les élèves avec l’aide d’adultes font appel à des témoins ou experts
    de ce passé révélé. Ils les invitent, les interviewent, filment des personnes
    témoins de ce passé, pour constituer un fonds audio et vidéo. La classe
    s’organise en plusieurs équipes d’enregistrement et bénéficie d’une formation
    avec un professionnel. Chacun au sein de son équipe a un métier spécifique :
    interviewer, script, caméraman, technicien du son, technicien de la lumière ,
    photographe, scripte. Les équipes interviewent à tour de rôle leurs invités-témoins.
  • la phase d’appropriation créatrice : ensuite avec l’aide d’un artiste, un
    « parcours –mémoire » est élaboré, avec pour chaque étape, une présentation
    sublimée de « réminiscences » pas forcément chronologiques, qui prennent la
    forme d’une performance théâtrale, sonore ou visuelle, préparée en classe ou
    dans des ateliers péri-éducatifs. Ce musée éphémère se déroule sur 3 ou 4
    jours et ouvert à un large public. Des élèves sont désignés comme conférenciers
    pour en assurer la visite. Ils forment en général des trinômes pour rendre plus
    vivants les présentations, qui sont écrites par eux dans un style plus poétique
    que documentaire .

Difficultés rencontrées
Le principal obstacle a été le cadrage des actions de chacun, où la présence d’un
coordonnateur artistique extérieur à l’équipe, a permis de faire évoluer plus
facilement les conceptions de la conduite des projets artistiques de certains, en
raison de son expertise et de son expérience.
Mais à l’inverse, l’existence d’un
deuxième coordonnateur,issu du corps éducatif, a permis un recentrage constant
sur les enjeux et les démarches pédagogiques. Ce bicéphalisme a été possible
en raison de nombreuses concertations et d’échanges souvent informels, et du
respect des prérogatives de chacun.

Moyens mobilisés
Les enseignants des classes et les enseignants du RASED, Artistes intervenants (vidéaste, plasticien). Parents volontaires narrateurs et traducteurs

Partenariat et contenu du partenariat

  • Partenariats techniques :
    • une association de performance artistique sur site
       : Association Double face
    • les services techniques de la ville (mise en place du
      parcours ; prêt de matériel)
  • Partenariats financiers :
    • académie (classe PAC)
    • ville et conseil général ( contrat de ville)
    • occe 95

Modalités du suivi et de l’évaluation de l’action
4 réunions de régulation et de suivi ont été prévues pour mettre en cohérence les
envies de chacun et rappeler la philosophie du projet mais aussi faire accepter
la nomination de deux coordonnateurs , artistiques et pédagogique,garant du suivi
du projet.

Effets escomptés / obtenus

  • sur les résultats des élèves :
    Ce projet a permis, par une stratégie dite de détournement, de développer des compétences et des exigences linguistiques qui auraient pu difficilement être atteintes dans une démarche plus classique. Surtout,il a permis de mettre en confiance des élèves d’ordinaire plus timorés et d’éviter les décrochages scolaires des élèves les plus en difficultés. Cette approche active et créative de la culture humaniste a certainement semé dans la mémoire et l’esprit des élèves qui y ont participé activement, puisque cette année , ces mêmes élèves ont accueilli avec ravissement la continuation du projet . Ils ont acquis de vraies compétences pratiques dans les interviews ou dans l’analyse en arts visuels.
  • sur les pratiques des enseignants :
    Les enseignants du groupe scolaire qui n’avaient pas l’habitude de mener des
    projets pédagogiques en commun, en raison de l’éclatement sur le site des trois écoles et d’habitudes de travail différentes, ont resserré leurs liaisons et leurs envies de concertations pédagogiques communes : nous poursuivons encore cette année ce projet d’action patrimoniale sous la forme d’un spectacle. Les échanges et le montage de projet sont plus aisés, en raison d’une culture de travail d’équipe acquise par cette expérience. D’ailleurs, nous avons par ailleurs multiplié nos concertations communes où nous mutualisons nos pratiques et nos outils pédagogiques notamment sur la question de la "Compréhension".

Sur le site du Réseau des écoles associées de l’UNESCO :

Extrait du site Respire : Liste des projets sélectionnés (p. 293 du PDF, voir le numéro à droite de la flèche descendante en haut de la page)

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