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Philippe Meirieu, interwievé par Tout Educ, présente les propositions éducatives de EELV

30 novembre 2011

Au cours d’un entretien donné samedi 26 novembre sur le stand de la Ligue de l’enseignement au Salon de l’éducation, Philippe Meirieu, professeur de sciences de l’éducation à Lyon-II et président du parlement d’Europe Ecologie les Verts, est revenu sur les points noirs du système éducatif actuel, avant de rappeler les priorités d’EELV dans le domaine de "l’environnement scolaire".

[...] "aujourd’hui, la question de l’éducation ne se pose pas seulement en termes de structuration de l’institution scolaire, mais en termes d’environnement éducatif" [...] et ne se réduit pas à l’enseignement ni à l’école. Elle implique la définition d’un "projet de société global" qui concerne à la fois "l’environnement urbain" et "l’environnement psychique" des citoyens.

[...] Enfin, il déplore la "récupération" de "l’idéal de la personnalisation de l’enseignement" qui se trouve mis au service de "l’individualisme". L’école se contente "de détecter et évacuer", selon une logique de "segmentation toujours plus grande des élèves" qui "dévitalise la classe et exclut toute forme de pédagogie".

Quelle école dans une société écologiste ?

Philippe Meirieu propose donc au nom d’EELV trois orientations pour réformer le système scolaire. Il faut assurer une véritable continuité au sein de "l’école fondamentale obligatoire", de l’entrée en maternelle à la sortie du collège. Il faut pour cela "intégrer l’école maternelle à l’école primaire" (Eva Joly se disait pourtant, dans sa réponse à l’Appel de Bobigny, "très attachée à la spécificité de l’école maternelle"). Philippe Meirieu confirme en tout cas que ce niveau doit être l’objet d’une attention particulière. "L’effort financier doit porter en priorité sur l’école maternelle et les zones difficiles. Dans les zones difficiles, l’école maternelle doit être privilégiée".

EELV ambitionne de réformer les systèmes actuels d’évaluation, "progressivement" mais profondément. "Nous demandons la suppression définitive et radicale des évaluations nationales telles qu’elles existent aujourd’hui." Il s’agit d’éviter le "pilotage par les résultats" qui reproduit et accroît les inégalités. Un système "d’unités capitalisables" pourrait remplacer les examens, afin d’éviter le systèmes "absurde" sur lequel repose notamment le baccalauréat, et qui permet à une note de philosophie de compenser une note en mathématiques. EELV voudrait aussi éviter tout "système d’évaluation nationale standardisé". Ce type de système encourage la concurrence entre les établissements, au détriment d’ une réflexion sur les projets de chaque établissement.

Pour autant, Philippe Meirieu prend ses distances avec la notion d’autonomie. Employée par le gouvernement, elle renvoie à "un système technocratique, managérial qui aplatit le projet d’étude d’une école républicaine sur la gestion optimale des flux". Elle est au cœur d’une "libéralisation sauvage de la formation des adultes" que favorise l’UMP. Philippe Meirieu lui préfère donc le terme de "responsabilité" des équipes pédagogiques, qu’il définit comme "une capacité des acteurs à devenir auteurs". Dans ce cadre, les établissements disposeraient d’une importante marge de manœuvre, dans les limites du respect d’un "cahier des charges national". Celui-ci fixerait des "objectifs clairs" sur des "points stratégiques clés" (relations avec les familles, le souci des plus en difficulté, l’accès à la documentation). Les équipes pédagogiques détermineraient collectivement des "indicateurs d’évaluation" des établissements.

Enfin, en tant que pédagogue, Philippe Meirieu affirme que "la mise en avant de la pédagogie frontale explicite" par le gouvernement est un "cache-misère pour dissimuler ce dont nous avons vraiment besoin aujourd’hui", à savoir favoriser l’activité intellectuelle des élèves en classe. Un tel objectif requiert des mesures à contre courant des orientations actuelles : "Je suis pour un deuxième enseignant dans la classe, non seulement dans le primaire, mais aussi dans le secondaire", affirme Philippe Meirieu.

Extrait de touteduc.fr du 29.11.11 : Ph. Meirieu et EELV pour "un changement radical des procédures d’évaluation" dans l’éducation

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