> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. prior. Positions et publications syndicales > Refonder la politique des zones d’éducation prioritaire : une position (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Refonder la politique des zones d’éducation prioritaire : une position Ligue de l’enseignement / SGEN-CFDT (journée commune du 6 avril)

6 juin 2005

Extrait de Les Idées en Mouvement, mensuel de la Ligue de l’enseignement, n° 130, juin-juillet 2005.

Refonder la politique des zones d’éducation prioritaire (ZEP).

La ligue de l’enseignement et le SGEN-CFDT ont organisé le 6 avril dernier, à Paris, une journée autour du thème « Les zones d’éducation prioritaire (ZEP) : outil de réussite ou stigmatisation ?"

Pour le SGEN-CFDT comme pour la Ligue de l’enseignement, la politique nationale des ZEP, qui avait bénéficié d’un regain de dynamisme à l’occasion des Assises de Rouen, en 1998, subit à la fois les effets d’une extension inconsidérée de la carte des ZEP depuis la rentrée 1999, et les effets d’une absence de pilotage ministériel du dossier. Dans le même temps, un autre ministère, en l’occurrence celui de Jean-Louis Borloo, s’exprime sur l’éducation prioritaire et s’y investit à travers le programme « Réussite éducative ».

Les interrogations concernant l’avenir de la politique des ZEP interviennent dans un contexte où, depuis 2003, la question est évoquée à travers les débats sur la discrimination positive.

L’intervention d’Eric Keslassy, sociologue et chercheur à l’IRIS (université de Paris-IX-Dauphine) et auteur de De la discrimination positive (Editions Bréal), a mis en évidence la nécessité de sortir de la confusion entretenue sur cette question et de revendiquer une politique de discrimination socio-économique prenant en compte les territoires et les groupes sociaux et non les appartenances religieuses ou ethniques.

Pour Claude Vollkringer, secrétaire générale de l’association Observatoire des zones prioritaires (OZP), l’approche individualisée de la difficulté scolaire, privilégiée par la nouvelle loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’Ecole et par la loi de cohésion sociale, constitue un changement d’orientation politique lourd de conséquences pour l’institution scolaire en général et les ZEP en particulier.

Le SGEN-CFDT et la Ligue de l’enseignement s’inquiètent du climat qui entoure actuellement les ZEP. Les deux organisations considèrent que celui-ci doit amener tous les
acteurs à des choix politiques explicites : « Faut-il remettre en cause la politique d’éducation prioritaire fondée sur les territoires et la déplacer vers les individus, comme le suggère la tendance actuelle ? Faut-il remettre en cause les pratiques de discrimination positive à la française dans les ZEP ou bien refonder cette politique ? »

En ce qui concerne les deux organisations, la position est claire et nette : il est indispensable aujourd’hui de refonder la politique des ZEP, en l’évaluant à partir d’un nouveau bilan, en la recentrant sur les établissements scolaires et les territoires les plus éloignés de la réussite scolaire, en lui insufflant une dynamique nouvelle dans le cadre d’un pilotage national effectif et de projets territoriaux associant à part entière tous les partenaires, notamment les associations éducatives complémentaires de l’enseignement public.

C’est à cette aune qu’elles jugent que la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’Ecole n’apporte aucune solution de fond aux problèmes de celle-ci. Elle traite uniquement les situations particulières et non les mécanismes qui provoquent les échecs et la discrimination.

Certes, il ne faut pas dénoncer par avance toutes les mesures annoncées de soutien comme étant en soi réactionnaires. C’est surtout leur utilisation et le contexte politique et idéologique qui risquent de leur conférer ce caractère, et il de notre responsbilité de peser sur leur application de manière positive.
Mais on peut légitimement se demander s’il n’existe pas, chez certains, un renoncement à amener tous les enfants et les jeunes à l’exercice de la citoyenneté au profit d’une simple sélection de ceux et de celles qui mériteraient d’être "secourus", ce qui est à mille lieux des objectifs des ZEP.

Arnold Bac (Ligue del’enseignement)
Marc Douaire (SGEN-CFDT)

Répondre à cet article